« Non, tu ne boiras pas autre chose que de l'eau. Ou du Coca. T'aimes ça, le Coca ? Ça te fera du bien de prendre du sucre, t'es tout blanc. Éric, tes cacahuètes sont là.
Assis au bar, Théo grogna. La salle s'était considérablement vidée, à peine deux heures après qu'il s'était fait rapatrier à l'intérieur. La fermeture approchait. La musique avait diminué, tant et tant qu'il n'y avait plus personne sur la piste. La montre à son poignet attestait de l'heure trop avancée et, quand s'afficha le fatidique 02 : 50 qu'attendait Thomas avec impatience derrière son bar, la fatigue s'abattit avec une violence à laquelle il ne s'attendait pas. Il avait cette sensation, celle de tous ses nerfs réduits en miette et martelés à n'en plus finir. Il y avait l'arrière-goût de la nausée post-soirée, celle qui ne le lâcherait pas lorsqu'il se réveillerait dans son lit.
Un bruit agaçant le sortit, encore une fois, de sa torpeur. A ses côtés, Éric plongeait la main dans une gamelle remplie des restes d'un paquet de cacahuètes, promises depuis des heures et visiblement attendues comme le Graal.
-Tes potes sont des bâtards.
La voix d'Éric, même basse, portait beaucoup trop au goût de Théo. Il préférait quand la musique était trop forte pour qu'ils puissent échanger. Délesté de son blouson, il découvrait le corps de l'homme. Et sans son attirail de travail, c'était assez déroutant. Son visage, fardé sur plusieurs épaisseurs malgré ses tentatives évidentes pour s'en défaire, était trop délicat. Des muscles fins sillonnaient ses bras, mais le tee-shirt sombre camouflait le reste de son anatomie. Le V de l'encolure glissait sous ses clavicules, dévoilant une floppée de fines taches de rousseur, qui couraient sur sa peau blanche.
-Même les deux, là, ceux qui se récuraient la glotte. Genre, tout le monde se barre sans rien dire ? Vous êtes venus ensemble pourtant, non ?
Théo hocha la tête, puis retint un soupir alors qu'un verre sombre se posait devant lui. L'odeur sucrée le prit au nez aussitôt et il grimaça un peu. La soirée ne s'était pas terminée comme prévue, évidemment. Il avait été impossible de mettre la main sur qui que ce soit après son altercation avec Richard. Et, à présent qu'il n'y avait presque plus personne, le constat était amer. Ils étaient partis. C'était la première fois qu'il se trouvait dans cette situation. Même Yannick. Même Cemal. S'il était ravi que le sort leur soit enfin favorable, il en appréciait moins le résultat, sur un plan un peu plus égoïste.
-Je suis bon pour prendre un taxi, marmonna-t-il.
Un torchon en main tandis qu'il frottait la surface du bar, Thomas se pencha.
-T'es dans quel coin ? Tu peux rentrer, t'es sûr ?
-Quartier Saint Pierre. Faut juste que je trouve un taxi..., répéta-t-il.
Mais Thomas fronça les sourcils.
-Ya même plus de Uber, à cette heure-ci...Si y'en a un qui répond présent, t'as vraiment de la chatte !
-Les bus reprennent dans deux heures, répliqua Éric avant d'enfourner deux cacahuètes. C'est mieux que rien.
-Hors de question qu'il attende dehors pendant tout ce temps ! Il tient à peine debout !
-T'as qu'à le garder ici, alors.
L'expression d'Éric, Théo s'en rendit rapidement compte, était implacable et Thomas avait visiblement du mal à suivre son cheminement.
-Désolé ma poule, mais dès qu'on ferme, je vais pioncer, moi ! Et je n'habite pas à côté !
Il y eut un silence. La main d'Éric s'était immobilisée alors qu'il grattait au fond de la gamelle de crackers, ses yeux s'étrécissant alors que Thomas ajoutait :
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Ma femme s'appelle Eric [Passion au Manoir Pourpre 1] [édité]
RomancePUBLICATION AMAZON : AVRIL 2022 (KINDLE/KU) PREMIERS CHAPITRES - DECOUVERTE EN LIGNE SUR WATTPAD *** COUVERTURE REALISEE PAR L'ARTISTE KILLJOY (Instagram : kill_joy_draws) *** Série : Passion au Manoir Pourpre #1 Théodore est un homme simple, gay...