Chapitre 6

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Je tombais.

Encore, encore et encore, je tombais. Cette chute me semblait trop longue. Quand l'on saute d'une falaise, il ne faut que quelques secondes au maximum pour toucher le sol, mais ici cela devait faire plusieurs minutes que cela durait. Le vent produit par ma chute soufflait furieusement, faisant onduler mes habit déjà abîmés. Je regardais vers le bas quand j'eus l'impression d'enfin voir le fond. Celui-ci se rapprochait, vite, beaucoup trop vite! A ce rythme j'allais m'écraser et finir en crêpe sur le sol, je ne sais même pas si un seul de mes os pourrait finir en un seul morceau.

"AAAAH" Un cri s'échappa de ma bouche alors que j'allais toucher le sol.

"Plouf" A l'atterrissage je ne ressentis aucune douleur. Je compris alors que le sol n'était en fait qu'une petite réserve d'eau souterraine, comme un lac. Cependant alors que je remontais à la surface je me sentis bien, ma peau se reformait et toutes mes blessures subies un peu plus tôt se fermèrent. Alors que je montais sur la berge, ma vieille peau se décolla et tomba au sol comme la mue d'un serpent. J'étais de nouveau en condition pour continuer l'épreuve.

Devant moi se trouvait un large tunnel complètement rond, celui-ci se divisait en cylindres de même taille. Il y en avait dix et chacun tournait dans un sens puis dans l'autre, puis au bout, se trouvait un portail qui marquait la fin de l'épreuve. Mes yeux se perdaient dans ses limites imprécises, c'était une surface plane et en même temps ondulée comme si elle était en perpétuel mouvement. Elle défiait toutes les lois établies par l'homme.

Je me remis à courir, les yeux fixés sur cette surface luminescente. Alors que j'arrivais sur le premier cylindre je m'étalais à terre, je ne compris d'abord pas la raison qui avait poussé mon corps à perdre l'équilibre sans raison apparente. Je me relevais regardais autour de moi et tombais à nouveau à genoux sur le sol. Je compris alors ce qui n'allait pas. Je ne me trouvais à présent plus au niveau du sol mais accroché au mur et bientôt au plafond. Le cylindre tournait et moi aussi avec lui, mes repères étaient brouillés par ce changement de gravité. Je décidais donc de fermer les yeux et de me concentrer pour avancer. Il était à présent beaucoup plus simple de continuer sans être perturbé par mes sens.

J'avançais ainsi prudemment alors que mon corps tournait avec la paroi quand j'entendis un sifflement qui se déplaçait rapidement, se rapprochant de moi comme un projectile lancé dans les airs. J'ouvris les yeux et au même moment le souffle d'air sur ma nuque m'instruit que l'objet en question venait de me frôler. Je regardais au sol et vis une flèche plantée profondément dans la pierre. Je me mis à chercher autour de moi d'où pouvait provenir cette flèche tout en gardant mon équilibre et en vis alors d'autres venant de différentes directions.

Je les esquivais du mieux que je pouvais, mais entre mon corps que je ne maîtrisais pas encore complètement et la gravité étrange cela m'était difficile, certaines m'écorchèrent laissant une marque sur ma peau. Alors que les flèches continuaient à voler vers moi j'identifiais qu'elles semblaient sortir du sol, des murs ou du plafond, bien que cette perspective n'avait ici pas beaucoup de sens.

J'évitais une flèche pour ensuite m'élancer vers la sortie, changeant à tout instant de direction en restant sur mes appuis et en gardant une attention particulière à l'environnement qui m'entourait et aux flèches qui arrivaient de partout. Si l'on m'avait vu, on aurait pu croire voir un danseur se tordre et se mouvoir dans un élan sans fin.

Cet effort était en fait plus dur qu'il ne paraissait et me demandait une concentration complète ainsi que l'utilisation de tous mes muscles au meilleur de leur capacité. Je sentais des gouttes de sueur ruisseler contre ma peau alors que je me rapprochais de plus en plus de l'arrivée. Enfin, après quelques efforts supplémentaires et une flèche qui m'avait arraché un ou deux mèches de cheveux, j'arrivais au bout.

J'étais à nouveau sur une terre ferme et je retrouvais mon équilibre. Je me mit donc en marche vers le portail qui marquait la fin de cette épreuve, je tendis la main vers cette surface incertaine quand je vis le temps affiché au dessus: 2:03:47

Ce compteur diminuait petit à petit mais j'avais en fait beaucoup trop d'avance par rapport au temps de départ. Je me rappelais de ce que m'avait dit Luciole un peu plus tôt et alors une pensée me vint.

"Dis moi que m'arrivera-t-il quand je passerai ce portail?"

"C'est simple, en attendant que les autres candidats aient fini aussi tu restera sous forme d'esprit comme lorsque tu étais mort. Ton corps sera stocké et transféré dans le prochain niveau."

Un sourire s'afficha sur mon visage. "Dans ce cas je peux aussi rester ici et entraîner mon corps pour le temps restant, ça ne devrait pas poser de problème n'est-ce pas?"

"Le choix n'appartient qu'à toi mais en contre-partie ton corps n'aura pas beaucoup de temps pour récupérer et tu risques d'avoir plus de difficultés pour les prochaines épreuves."

Je réfléchis rapidement à cela mais la chance de pouvoir prendre de l'avance sur la condition physique de mon corps par rapport aux autres candidats était beaucoup plus séduisante et représentait un avantage considérable sur le long terme. Je me retournais et avançais d'un pas déterminé vers les cylindres rotatifs.



le sang sur mon cheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant