Chapitre 30 (partie 2) : Inconscient

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- Je suis désolé, fais-je d'une voix étranglée, la gorge nouée. Je recommencerai plus jamais. Je te le promets. Je suis désolé.

Il glisse ses bras dans mon dos. Il me serre un peu trop fort, et c'est ce dont j'ai besoin. Il ne dit rien, mais j'entends sa respiration devenir irrégulière contre moi. 

- Tu m'as vraiment fait peur, lâche-t-il tout bas, et je comprends qu'il pleure.

- Désolé, répété-je. 

*

Nous restons un moment comme ça, simplement dans la chaleur de l'autre. Après avoir vécu une période interminable durant laquelle on ne se touchait plus, c'est comme si j'ai besoin d'être en contact avec lui. J'ai changé, en sept mois, mine de rien. Je n'étais pas comme ça, avant.

- Je te fais confiance. Tu vas y arriver, m'assure-t-il finalement en se détachant de moi. 

Je hoche la tête. Ses yeux sont rouges, mais les larmes ont disparu, déjà. 

- Merci d'être là.

- Ne me remercie pas. 

- Si, chuchoté-je, la tête basse. Je suis vraiment désolé. Je voulais te le dire, mais je ne voulais pas me mêler de ce qui ne me regardait pas. Je sais pas ce qui va pas, chez moi. Je veux faire des efforts. Je t'assure. J'en fais. J'ai juste...

Je m'arrête, incapable de continuer. Sinon je vais éclater en sanglots. Jongin me regarde, l'air soucieux, puis finit par me serrer dans ses bras encore une fois.

- Je sais, chuchote-t-il. T'inquiète pas. Je sais. Arrête de t'excuser, ça me fait peur. 

Je ris à travers ma gorge nouée. Je m'accroche à lui. Et je ferme les yeux. Je l'aime. Je l'aime tellement.

*

Le repas se déroule dans le silence, mais ce n'est pas forcément un silence déplaisant. Je me force à ne pas réfléchir, et je mange. C'est encore machinal, pas naturel et désagréable. Mais je fais abstraction. Après ça, Jongin me tend le nouveau paquet de médicaments qu'a prescrit le médecin. J'en avale un, repoussant la vague de culpabilité qui menace de me submerger.

On se couche face à face, ce soir-là. Je suis complètement vidé d'énergie, mais j'ai l'impression de respirer après des jours d'apnée. Je suis sorti de la vague. Pour le moment, du moins. L'effet que Jongin a sur moi et mon humeur m'étonne encore à ce jour. Il n'y a que lui pour contrôler ainsi mes sentiments. Et il ne le fait même pas exprès. 

Il fait déjà nuit noire, à l'extérieur, comme on est en décembre. On a laissé les rideaux ouverts, ce qui laisse passer une lumière très faible orangée à l'intérieur de la chambre, celle de la ville. Les rayons se reflètent sur les rebonds de la couverture et sur la joue de Jongin. Le reste de son visage, tourné vers moi et dos à la fenêtre, est d'un bleu très sombre. Je distingue à peine le contour de ses lèvres, celui de son nez et de ses yeux. Je ne suis même pas sûr de les voir, je crois plutôt que je les devine. Je connais son visage par cœur. 

Une caresse sur ma joue me sort de mes pensées.

- J'aime tellement quand tu me regardes comme ça, murmure-t-il, l'ombre d'un sourire aux lèvres.

- Je te regarde, c'est tout, rétorqué-je tout bas.

Son sourire s'élargit. Il se rapproche de moi dans un bruissement de draps et ses lèvres viennent cueillir les miennes avec une douceur incroyable. Elles sont douces, chaudes. Très vite, elles deviennent encore plus chaudes, et humides. Je ressens un tiraillement dans ma poitrine comme on commence à accélérer la cadence. Je suis trop fatigué pour faire quoi que ce soit. Alors avec regret, je pose mes mains sur ses épaules pour le faire reculer, et lui offre un sourire d'excuse.

Kaisoo - Maybe (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant