Chapitre 22 : Promis ?

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C'est décidé, aujourd'hui je vais parler à Jungha. Je vais lui faire comprendre que l'homosexualité n'est ni un crime, ni une abomination de la nature. Il faut qu'elle se réconcilie avec Jongin, et qu'elle l'invite au mariage. Tout ça est impossible, bien sûr, c'est de l'idéalisme pur, typique des films américains. Mais Jongin a vraiment mal vécu le rejet de sa propre soeur. Je vois bien qu'il est bien moins patient avec moi que d'habitude, ces temps-ci. Il n'est plus aussi positif et chiant qu'avant. Il faut au moins que j'essaie. Et si elle refuse, je lui dirai que je sais qu'elle trompe son fiancé. Ça la fera sûrement changer d'avis.

C'est avec ce plan en tête que je me lève ce matin. Ça m'a tellement travaillé cette nuit que je me suis réveillé à six heures. Un samedi matin. Je laisse Jongin prendre toute la place et baver sur l'oreiller, et je prends mes cours dans le salon, avec un verre d'eau. Je travaille jusqu'à neuf heures et demi environ, quand Jongin se lève à son tour. Je l'entends buter contre quelques meubles dans la chambre, signe qu'il s'habille les yeux toujours fermés, et lâche mes feuilles pour aller préparer le café. Je sors le Nutella, le pain, deux assiettes, et il finit par débarquer dans la cuisine, les yeux bouffis et les cheveux en pétard. Je pouffe de rire, et ne peux m'empêcher d'aller l'embrasser avec un peu trop d'enthousiasme, tellement il est mignon.

- Que me vaut ce débordement d'affection ? s'étonne-t-il d'une voix un peu rauque du matin.

- Dis que je suis quelqu'un de froid, aussi, m'indigné-je.

- Tu es quelqu'un de froid. C'est un fait.

- Très bien, alors je t'embrasserai plus, j'ai compris.

Il lâche un gloussement aigu en ouvrant le pot de pâte à tartiner. Je secoue la tête avec un petit sourire, puis m'en vais servir le café. Jongin me remercie quand je lui tends sa tasse, et fait glisser une des deux tartines qu'il vient de faire. Je la prends et la fixe quelque secondes, déterminé. Mon rythme cardiaque accélère soudainement, et je sens ce nœud dans ma gorge qui s'installe à tous les repas. Je souffle discrètement pour ne pas attirer l'attention de Jongin, et croque dans la tranche de pain, les yeux fermés.

*

Après ce petit déjeuner encore plus éprouvant que d'habitude, je me rends dans le salon et m'échauffe la voix. Je ne le fais plus si souvent, ces temps-ci, et ce n'est pas une habitude à prendre. Je commence par quelques gammes, puis chante des chansons faciles. Puis je travaille quelques runs qui me donnent du fil à retordre. Jongin finit par venir s'asseoir pour me regarder. Je profite de sa présence pour lui demander son avis sur la chanson que j'apprends en ce moment en cours de chant. Quand j'ai fini de la chanter, il me fixe pendant quelques secondes, le menton sur la main et l'air songeur.

- Pourquoi tu ne veux pas chanter à la représentation ?

Aussitôt agacé, je laisse bruyamment retomber mes bras sur mon corps et lui jette un regard noir. Il me montre ses mains, une expression innocente sur le visage, l'air de dire "ce n'est qu'une question".

- T'as la plus belle voix que je connaisse, se défend-il. Après Beyoncé, évidemment.

- Tu dis ça parce que je sors avec toi, répliqué-je.

Je me laisse tomber à côté de lui tandis qu'il lève les yeux au ciel, l'air blasé.

- Je n'ai pas assez de souffle. Ça m'énerve.

- Tu veux que je me renseigne sur la technique de Beyoncé ?

- Pas besoin d'aller jusque là, marmonné-je, abattu. Mon prof m'a dit qu'il fallait que je me mette au cardio. Je vais mourir.

- Mais non, fait-il en explosant de rire. C'est cool, le cardio. Je peux être ton coach, si tu veux.

- Génial, marmonné-je.

Kaisoo - Maybe (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant