Chapitre 2: La prairie aux fleurs mauves

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Après quelque temps, j'arrive enfin à me faire au temps pluvieux de Seattle, mais mon cœur souffre et rien n'arrive à enlever ce mal-être qui me consume : je me suis donc réfugiée dans les livres. En ce qui concerne l'école, je n'y suis plus vraiment allée et ma mère s'en fout complètement, d'ailleurs, elle me laisse souvent toute seule même un peu trop. Ma mère rentre souvent très tard le soir afin de ne pas me croiser. Peut-être qu'elle pense que je suis endormie, mais elle se trompe, sinon, je ne l'aurais pas su.

Notre seule sortie est à Forks, car elle a fait la connaissance d'une personne qui y vit. Le voyage en voiture se fait dans un grand silence. Ma tête est contre la vitre de la voiture car je ne sais pas ce qui pourrait m'occuper. Il m'est impossible d'être avec elle dans la même pièce car on se lancerait des regards.

Quand nous fûmes arrivées, nous descendons et nous allons chacune de notre côté. Je découvre un petit magasin à proximité dans lequel j'achète un sac puis des provisions pour ma promenade dans la forêt. Le ciel est gris et pourtant il n'y a pas une once de pluie, je dois absolument profiter de ce moment unique. Au début, les oiseaux chantaient et je les écoutais sans faire le moindre bruit. Au plus j'avance, au plus le calme règne. Quand le vent se met à souffler, un frisson me parcourt tout le corps, j'enfile mon capuchon sur la tête afin de protéger mes oreilles avant de continuer ma balade.

J'ignore depuis combien de temps je marche jusqu'au moment où une prairie remplie de fleurs mauves fait son apparition devant mes yeux. Mon regard est émerveillé car je n'ai encore jamais vu ça. Ces fleurs d'un mauve pur ne sont pas amochées et elles se trouvent à l'abri de toute trace humaine. En avançant vers le centre de la prairie, je finis par m'asseoir et enlever mon sac de mon dos afin de prendre de quoi me nourrir. Le calme règne sur cet endroit magnifique, mais malheureusement, la chaleur n'y est pas. Je ne fais plus trop attention à ce détail et prends une bouchée de la pomme que j'ai sortie. Une fois que la pomme fut terminée, je sors un mouchoir et l'enveloppe dedans avant de la mettre dans ma poche. Je la jetterai dans une poubelle une fois de retour dans la ville.

En m'allongeant, j'observe le ciel et profite de la prairie quand un papillon vient se poser sur mon nez. Tout en restant immobile, le papillon n'eut pas envie de partir. Nous restons un petit moment comme ça jusqu'à ce qu'il finisse par s'envoler.

-Au revoir petit papillon

On me prendrait peut-être pour une folle, mais je m'en fiche. J'ai cette faculté à passer au-dessus des commentaires des autres ainsi que de leur regard. Mon cœur est devenu si froid que je suis sûre que personne ne pourrait le réchauffer. Il a vécu trop de souffrances, mais cet endroit a quelque chose qui me permet d'être moi-même sans avoir de pensées sombres. En fermant quelques instants mes yeux, il n'y a aucune colère en moi. Je me trouve étonnamment calme pour la première fois. Un bruit me pousse à ouvrir les yeux : c'est mon téléphone... Je les rouvre afin de regarder le message que j'ai reçu. Il s'agit de ma mère qui me demande de la rejoindre près de la voiture. Je me redresse et en me levant, j'attrape mon sac. Cependant, je ne me rappelle pas du chemin que j'ai emprunté.

D'un coup, je vois une assemblée de papillon tourbillonner dans les airs. C'était comme si ces petits animaux voulaient me montrer le chemin du retour. Je les suis sans rien dire, émerveillée. Cependant, ils me firent un quart de tour comme s'il y avait quelque chose sur leur chemin. Une fois que je vois la ville, les papillons s'envolent dans le ciel, je leur fais un geste de la main en disant :

-Merci beaucoup et faites attention à vous.

Ensuite, je me dirige vers une poubelle avant de jeter mon déchet puis je vais vers la voiture de ma mère. Cette dernière me regarde avec un air inquiet avant de me demander :

-Bon sang, où étais-tu passée ?

-Dans la forêt... Depuis quand tu t'inquiètes pour moi ?

Son regard inquiet change subitement pour devenir froid et le trajet du retour est comme celui de l'aller sauf que la pluie s'est ajoutée à ce combo miséreux.

Un secret bien gardéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant