Chapitre 3: Une colère noire

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Quelques jours étaient passés depuis notre retour de Forks, cependant, ma mère avait essayé à plusieurs reprises de me parler ou d'être un peu plus présente sauf que je ne faisais que la fuir. Elle n'a jamais été là pour moi, alors je ne comprends pas son changement de comportement avec moi. Qu'ai-je fait qu'elle change soudainement ? Quand elle m'a demandé si je voulais venir avec elle pour faire le shopping, je n'en ai pas cru mes oreilles de ce que cette dernière venait de me proposer. Pourquoi voulait-elle changer envers moi ? Est-ce dû à la personne chez qui elle est allée ?

Plusieurs questions n'arrêtent pas de hanter mes pensées, mais je préfère les ignorer pour le moment. Je devrais m'en balancer de tout cela, mais pourtant son effort m'est très étrange et sans mentir, cela a légèrement affecté mon cœur de glace. Je me frappe le visage avant de me dire :

-Arrête de penser à ça Claire, maman t'a rejeté durant 19 ans et ce n'est pas maintenant que tu devrais te poser des questions sur son changement de comportement.

Je finis par me lever de mon lit et me dirige vers mon armoire afin de prendre des vêtements propres pour ensuite aller prendre une douche bien chaude. J'observe un petit moment par la fenêtre et je vois une silhouette. Mais, lorsque je cligne des yeux, cette dernière a totalement disparu. Stupéfaite et surprise, je prends des vêtements au hasard. En allant dans la salle d'eau, je ne peux pas m'empêcher de repenser à ce que j'ai vu il y a quelques instants. Il faut que j'arrête de penser à tout cela : ce n'est pas bon pour ma santé mentale. Je devrais essayer de chasser tout ça de ma petite tête au plus vite. De toute façon, je suis bien mieux seule. Les relations avec les autres personnes ne sont pas vraiment faites pour moi. Rien ne vaut ma seule et vraie amie : la solitude.

Après que je sois propre et coiffée, je sors de la pièce puis je me redirige vers ma chambre quand la voix de ma mère m'interpelle en bas de l'escalier. Je lève les yeux au ciel. Vivre avec elle commence à devenir compliqué. J'ai de plus en plus de mal à lui parler et le simple fait de la voir me donne envie de m'enfermer dans ma chambre pour le restant de mes jours. Soudainement, une idée me vient en tête... En prenant mon courage à deux mains, je descends les marches boisées afin de rejoindre ma génitrice dans le salon. Toutefois, une deuxième ombre à ses côtés me fait comprendre qu'elle n'est pas seule. Qui est-ce ?

Agacée, je lâche un long soupir avant de demander :

-Que se passe-t-il encore ?

-J'aimerais que tu partes durant quelques jours de la maison, répond-elle sèchement.

Non mais je rêve ? Cette simple phrase a le don de me mettre dans une colère noire. Quel genre de mère est-elle ? Quelle mère mettrait son enfant de la sorte à la porte ? Qu'ai-je fait pour mériter cette vie ?

Tout se bouscule dans ma tête, je ne sais plus quoi faire. Cette femme ne veut plus de moi dans sa vie. Elle laisse sa chair, son sang pour un individu qu'elle lâchera à la première occasion. De toute façon, c'est ce qu'elle fait toujours. Comment ai-je pu être aussi naïve ? Je pensais que partir loin de tout allait changer les choses. Mais, elle ne changera jamais.

Une vague de haine me submerge, elle ne peut pas savoir à quel point je la déteste en ce moment. Maintenant, je comprends mieux pourquoi elle a essayé d'être gentille avec moi depuis quelques jours. Elle pensait peut-être que je prendrais mieux cette nouvelle si elle m'amadouait. Un rire amer s'échappe de ma gorge avant que je ne m'exprime, la colère émanant de tous mes pores.

-Quoi ? Tu veux que je parte ? Pourquoi as-tu voulu que je vienne avec toi si c'est pour me laisser tomber ensuite ? Tu me traitais déjà comme le vilain petit canard de la famille et maintenant, tu veux me fuir comme la peste. Je te hais ! Tu m'entends ? Je te hais au plus profond de moi ! Tu n'as jamais été ma mère, crié-je à bout de souffle.

Mes yeux s'attardent sur l'homme à l'autre bout de la pièce. L'inconnu est d'une stature moyenne solide, porte les cheveux longs jusqu'au col, a une allure de star de cinéma, mais ce qui me choque le plus sont ses yeux. Ce type a les yeux d'une couleur que je n'aurais pas cru voir, à moins qu'il s'agisse de lentilles de contact. Non ! Arrête de le regarder et reporte ton attention sur ta supposée mère.

Je tourne mon visage vers celui de ma mère et je lui lance un regard noir avant de quitter la pièce et de monter les marches 4 à 4. En fermant la porte à clef de ma chambre, je laisse mon corps s'effondrer sur le lit et prends mon coussin afin d'y crier dedans. Personne ne peut savoir ce que je ressens à cet instant. Je déteste ma vie. Jusqu'ici, j'étais parvenue à la supporter, enfin j'essayais. Mais maintenant que tout ça me tombe sur la tête, je n'ai qu'une seule envie...

Pressée, je me dirige vers mon armoire, je l'ouvre avec mes mains tremblantes de colère. Lorsque celle-ci est ouverte, je regarde un petit moment mon sac. Je ne dois pas avoir une pensée aussi sombre. Je ne dois pas penser à mettre un terme à ma petite vie. De rage, je prends mon sac et le balance à travers la pièce. Tout ce qui se trouve dans mon armoire y passe. Que ce soit mes vêtements, mes dessins, les cintres... Ensuite, j'ouvre les tiroirs et je fais de même avec mes sous-vêtements, mes chaussettes.


Malheureusement pour moi, ça ne me calme pas. Je me tourne vers mon bureau de bois qui se trouve dans un petit coin de ma chambre. Tout ce qu'il y a sur le bureau finit par voler à travers la pièce. Après ça, je marche vers ma table de nuit et dans un accès de colère, j'attrape la lampe et l'envoie en direction de ma fenêtre. La vitre éclate sous le choc de la puissance de l'objet. Non, je n'en ai pas encore assez. Mon corps me l'a bien fait remarquer. Alors que je m'approche de ma fenêtre brisée, je trébuche sans faire attention et ma main glisse sur une surface tranchante.

Soudain, je me lève difficilement et titube jusqu'à la fenêtre. Pour le coup, je laisse toute ma colère franchir la barrière de ma bouche. Je hurle un long moment jusqu'à ce que je sens que mon énervement se calme. Une douleur aigüe se propage dans tout mon corps. Je relève mes mains au niveau de mon visage et des éclats de verre sont incrustés dans la paume de mes mains.

D'un coup, une envie de les enlever par moi-même me vient. J'ignore si ces morceaux sont profondément enfoncés ou pas. En approchant l'une de mes mains vers l'autre, la porte s'ouvre avec fracas et je ne prends même pas la peine de regarder la personne que mon corps s'écroule lourdement sur le sol recouvert de débris de verre.

Un secret bien gardéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant