6. Carbone a des admirateurs

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« Mon cher Clément,
Tu es un très gentil garçon, et lire ta lettre m'a fait chaud au cœur. Quand au fait que je sois à toi, tu sais, Clément, je ne suis à personne, je suis libre comme l'air ! J'ai hâte de te revoir, et merci pour le délicieux jambon que tu me donne si souvent !
Chat noir ».

J'y ajoutais un petit dessin griffonné à la hâte. [voir média du bas]

Voilà. Reste à savoir où ce gosse habite. Quand à sa mère, j'ai hésité à l'insulter copieusement, mais je suis un chat après tout. Enfin, dans la tête de ce gamin.

- T'as un petit succès, la bête.

D'ailleurs, ça m'étonnais pas mal, parce que Carbone est fougueux, imprévisible, narquois, gourmand, parfois violent, libre jusqu'au bout des griffes...

- Rooooooon, ronfla le chat noir.

... et terriblement paresseux.

Pour tout vous dire, j'ai l'impression qu'il ne m'aime que moi d'affection ; je ne sais pas vraiment pourquoi, je ne suis pas du tout affectueux. Peut-être parce qu'il peut squatter mon appart ? Notre rencontre c'est passée à peu près comme ça :

« - Raaaah, putain, un chat !

Une forme noire poilue, allongé sur ma table, sauta sur ses pattes en un quart de secondes et me toisa.

- Miohou.

- Tu pue le charbon. T'habite où, toi ? Et qu'est ce que tu fout chez moi ? Comment t'as pu rentrer ?

Un coup d'oeil circulaire m'apprit que j'avais laissé la fenêtre ouverte. Ce foutu animal était entré par là.

- Allez, va-t-en.

Je le prit à bout de bras, mais il se débattit et me griffa profondément au poignet. Je le lâchais brusquement, et le poussais avec mes pieds jusqu'à la porte d'entrée. Claquant la porte d'un coup sec derrière lui, je respirais un grand coup l'odeur fraîche de chez moi et me jetais dans mon canapé. ».

Et puis, il est revenu tout les jours chez moi. Il m'a eu à l'usure. Il en me dérange pas. Parfois, quand il tarde trop, Carbone dresse les oreilles, bondit et repart par la fenêtre. Je sais qu'à ce moment là, c'est parce que son maître est rentré, et qu'il va la nourrir.

- T'as une vie de famille compliquée, mon pauvre. Moi j'en ai pas du tout, je me demande si c'est mieux. Bah, toi t'es obligé d'aller chez les autres, alors que moi, je vis tout seul et je suis peinard !

- Mihiiio !

- Parfaitement. Bon, moi, je crève la dalle, je vais me faire des pâtes. Je t'en propose pas ? Non ?

Pas de réponse.

- Tu crois que j'aurais dû manger à la cantine ? Ça coûte une blinde, cette merde. Pour de la bouffe qui n'en est même pas. Je te jure, c'est dégueulasse. Immonde. Purée, steak, haricots, caoutchouc.

Je me levais lentement et attrapais une casserole, un sachet de nouilles et plaçais le tout sur ma plaque chauffante.

- Raaah, j'ai plus de sel ! râlais-je. Putain de monde de merde où le sel ne pousse pas sur les arbres. Pourquoi y a pas d'arbres à sel, hein, mon petit con ? On ramasse juste le sel sur les arbres et on se fait des pâtes.

- Miiiiii ! objecta Carbone.

- Pas faux... reconnus-je.

Demain, je vais en cours ! Trop hâte ! Ça va être un formidable moment ludique, d'éducation, de bienveillance, d'apprentissage, d'évolution et surtout.... De foutage de gueule, pardi ! Hâte, hâte, hâte ! Ça mérite une petite danse !

- Youhou ! braillais-je.

Danse de la joie, danse de la joie. Pieds droit en avant, épaule gauche, droite, vague, bassin, pieds... Méga vague sa mère ! J'adore la danse ! Surtout la danse de la joie, par ce que celle des enterrements, elle bouge moins, quand même. Ça dépends quels enterrements, bien sûr.

Pour Justin Bieber, je me ferais une joie d'exécuter une vague de la mort. Un tsunami, quoi ! J'ai hâte qu'il clamse, ce con ! Je pourrais peut être donner un petit coup de pouce au destin...

- Eh, Carbone... Avec quels prétexte peut-on attirer quelqu'un en haut d'un toit ?

 Avec quels prétexte peut-on attirer quelqu'un en haut d'un toit ?

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Harlow Leroy est un mauvais garçonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant