Les prémices

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Le Bronze était, comme d'habitude, plein d'adolescents juvéniles jouant aux adultes pour une nuit parmi une mêlée de vampires sous couverture. La chasse était toujours ouverte ici, on venait à se demander pourquoi il y avait encore des humains. L'homme au cheveux blonds platine et au long manteau de cuir noir assis à une petite table à patienter, un sourire au coin des lèvres, était aussi une de ces créatures suceuse de sang mais il n'était pas venu se régaler d'hémoglobines ce soir là.

Une blonde à la mine renfrognée armée d'une petite boîte d'aile de poulet le rejoint, posa le plus sèchement possible la viande devant lui et le fusilla du regard:

-Content ? Fit-elle en croisant les bras.

Voilà pourquoi il était là. Pour un petit tête à tête avec « la Tueuse ». Cette fameuse amazone qui s'amusait à trucider ses congénères parcequ'elle était une soit disant élue. Buffy Summers. Dans le temps, ce genre de blondinette arrogante finissait sous ses crocs acéré après deux heures de cache-cache doublés de: « Je vous en supplie! Laissez moi la vie sauve ! ». Il l'aurait volontiers tué s'il n'était pas tombé amoureux d'elle. Et si il n'avait pas une stupide puce dans la tête.

-Tu as pris ton temps. Se moqua-t-il en attrapant la délicieuse offrande.

-Spike. Ordonna-t-elle à bout de nerf.

Le concerné ricana un moment puis souffla à lui même en se délectant de son poulet:

-Tu veux savoir comment je me suis débarrassé des deux tueuses ?

-C'est exactement ce que je répète depuis le début de la soirée. Déjà sénile ? Ironisa-t-elle avec un sourire mesquin.

-Je te le demande à nouveau pour être certain que tu seras prête à entendre ma petite histoire.

Il la fixa un moment droit dans les yeux pour vérifier sa détermination et, se contenta de soupirer face à son silence:

- Ton histoire avec Angel n'est pas très différente de la mienne...

-Quel est le rapport avec le sujet de notre conversation ? Le coupa-t-elle en fronçant les sourcils.

1880, Londres.

Il est le début de tout pour moi. Celui qui m'a tué et m'a offert une nouvelle vie. Mais aussi celui qui m'a poussé à les tuer.

La première fois que je l'ai rencontré, je sortais d'une de ces sempiternels soirées mondaines. La seule raison que j'avais d'y être; c'était ma Cécile. Elle était incroyablement belle et si distinguée. Ou j'étais simplement « aveuglé » par l'amour.
Après m'être fait publiquement humilié par de foutus bourgeois, je lui avais déclaré ma flamme avec toute la sincérité naïve du siècle. Lorsque Cécile m'a rejeté en me déclarant « indigne d'elle » j'étais...

-De qui l'es-tu ? Pouffa Buffy amusée.

-Si tu comptes critiquer tout le long, va plutôt trouver un autre vampire avec deux tueuses à son tableau chasse.

La blonde leva les deux mains en signe de capitulation et il poursuivit calmement.

...J'étais dévasté. Je suis partit en trombe dans les rues vides de Londres et me suis recroquevillé dans un coin sombre dans l'espoir d'extérioriser ma peine.

-Pleurer, Le reprit Buffy en feignant une quinte de toux.

-J'oubliais que madame n'avait jamais verser une larme pour un homme. Rétorqua le blond en souriant.

Le silence reprit ses droits malgré l'atmosphère électrique qui fit son apparition entre les deux ennemis.

C'est ainsi que je l'ai vu pour la première fois. Angelus était sortit silencieusement de l'ombre, son regard figé sur un point invisible tandis qu'il marchait lentement dans ma direction. Il faisait rouler ses chaussures volontairement sur les petits cailloux pour que je l'entende et ce fut le cas. Je n'avais pas envie de paraître décent, mes yeux encore inondés de larmes s'étaient juste posés sur lui. Il n'avait pas l'air de m'avoir remarqué alors j'avais "jeté la première pierre":

« Ce côté de la ville est dangereux, vous ne devriez pas vous y promener seul.

—Que faites-vous ici alors ? Avait-il demandé sans porté son regard sur moi.

—Qu'ais-je à perdre de plus ? De toute manière, si une personne avait ce malheur, je lui lirais un de mes poèmes. Il parrait que je possède la fameuse faculté de faire saigner les oreilles. »

Il avait souris puis, enfouie ses mains dans ses poches. Ce geste pouvait paraître anodin mais j'ai craint qu'il sortirait une arme et la peur m'a envahit. Cela avait été ma première erreur: « avoir peur». C'est une de ces choses qu'il aime sentir sur ses victimes.

« —Je n'ai pas d'argent sur moi, cela ne servirais à rien de me tuer monsieur...

— Qu'as-tu à m'offrir d'autre alors ? »

Ses yeux s'étaient enfin posés sur moi sauf qu'ils avaient changés, comme tout son visage. Aujourd'hui je sais qu'il m'avait ciblé depuis le début mais qu'il guettait le moindre témoin qui troublerait sa petite sauterie. Mon cœur avait raté un battement face à ce que je pensais être un démon:

« —Oh mon Dieu...

—Pourriez vous éviter de parler de cet homme, William? Je ne l'aime pas trop.

— C-Comment connaissez vous mon nom...? »

Je me souviens de ma réaction désespéré. Malgré mon poux irréguliers et la peur qui me rongeait le ventre, je m'étais relevé à toute vitesse puis tenté de lui échapper en courant le plus vite possible.
Pauvre petit humain que j'étais, j'ai dût m'arrêter au détour d'une ruelle pour reprendre mon souffle et sa main glaciale avait subitement entouré mon cou et durement plaqué au mur d'une vieille battisse.

« —J'aime savoir qui je mange, m'avait-il susurré en riant.

— S'il vous plaît épargnez moi !

—Donne moi une bonne raison de le faire.

—...Ma mère...Elle a besoin de moi! Je vous en supplie!

—Pauvre petit chou... Je ne pensais pas que tu étais ce genre de petit chouineur Will. J'ai encore plus envie de te lacérer la gorge. »

Au moment où il pensait me briser le cou pour éviter d'entendre mes soubresauts, il s'est subitement arrêté comme si quelque chose clochait. Il a reniflé mon cou avec autant d'intérêt qu'un junkie et avait poser ses mains sur mes joues:

« —Tu es bien plus spécial que je le pensais... Ce serait du gâchis...

—Vous n'allez pas me tuer ? Lui avait-je demandé avec une lueur d'espoir.

—Bien sûr que je vais te tuer, avait-il scandé avec le plus de naturel au monde, mais tu traverseras les âges à mes côtés. »

Sur ces mots il avait planté ses canines dans mon cou et...
Tu as déjà ressenti cela n'est-ce pas ? Si il ne t'as jamais mordu, quelqu'un l'a forcément déjà fait. Tu connais cette sensation affreusement douloureuse d'être aspiré au plus profond de ta chair mais aussi jouissif pour une raison inconnue. Cependant, tu n'es jamais allé au-delà. Tu n'as jamais sentit ce point culminant entre plaisir et souffrance, cet état comateux entre la vie et la mort. Le dernier au revoir à ta vie passée; le baiser du vampire.

Pendant que je mourrait entre ses bras, Darla et Drucila nous guettaient dans l'obscurité comme deux hyènes affamées.

La blonde resta bouche bée devant la nouvelle. Spike existait à cause d'Angel. Qui plus est, il lui avait trouvé quelque chose de spécial et cela l'intriguait encore plus que la manière dont il avait battu les élues:

-Et quoi ? Fit Buffy, Tu es devenu son pantin et basta ?

-Ce n'est que le début de l'histoire chéri.

Avant tout çaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant