Waltz

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   Après avoir englouti toutes ses ailes de poulets devant une Buffy agacée, Spike avait décidé de se faire une petite partie de billard. Il savait au plus profond de lui qu'il aurait pu abréger son histoire mais se disait aussi qu'il n'y aurait peut-être plus d'autres occasions de se retrouver seul à seul avec la tueuse. Et encore moins de trouver quelqu'un à qui parler de cette partie dissimulée de sa vie qui le mettait dans une rage noir mais était aussi la partie capitale de son histoire.

-Tu veux la suite à ce point là ? Se moqua-t-il en la voyant le fixer sans sourciller.

-Oh bien sûr que non ! Ironisa-t-elle avec de grands gestes, je voulais juste passer une soirée avec un vampire que je ne peux pas supporter si ce n'est en l'imaginant au bout d'une pique.

Spike lui sourit et se retourna vers la table de jeu:

-Dis-m'en plus sur tes fantasmes sur moi chérie.

-Je ne suis pas venu m'amuser avec toi Spike. Si tu n'as rien à me dire de plus, je m'en vais.

Le blond se pencha vers les boules de billards avec son bâton, visa la boule blanche pendant quelques secondes et la poussa d'un geste brusque:

-Voyons... Je sais que tu es impatiente de connaître la suite. S'amusa-t-il en suivant du regard les boules colorées tomber dans les trous sur les bords.

Il se décida à se redresser, posa son bâton contre la table et ses yeux sur elle. Enfin...il ne l'a regardait pas vraiment. Là, il se trouvait à nouveau quelques siècles plus tôt.

     Il m'avait laissé gisant au sol car « Angelus n'attend pas ». J'ai été agréablement réveillé par les premiers rayons de l'aurore. C'était la première fois que je ressentais ma chair brûler à vif comme si on s'amusait à coller un fer chaud contre ma main, puis mon bras et ainsi de suite. Il était tôt, alors il n'y avait pas grand monde ce matin là. Je me suis empressé de m'abriter à l'ombre comme un rat d'égout au fond d'une ruelle. La première fois, la souffrance est bien plus atroce. Encore plus douloureuse que cette fichue puce. Mes mains étaient salement amochées mais le plus important à ce moment-là c'était de vérifier mon cou. J'avais espoir d'avoir imaginé tout ceci.

Mes doigts s'étaient posés sur les deux petits trous sans que je n'ai besoin de les chercher. Alors que je priais pour ne pas être devenu un monstre, mon index s'était posé sur une veine. « Ça ne vibre pas. » fut ma première pensée. J'avais appuyé mon majeur le plus possible et m'étais concentrer pour l'entendre mais j'étais définitivement mort.
Pour une personne qui ne croyait en rien, j'avais dû prier plus que n'importe quel dévot ce jour là, pour que ce Dieu me réveille de ce cauchemar. Au lieu de m'envoyer un de ces fameux signes divins, ce sont les rayons qui ont commencé à me pourchasser à travers la ville jusqu'à ce que je m'enferme chez moi. Il fallait que je prévienne ma mère, même si je ne savais pas ce que j'étais réellement devenu. Je m'étais rendu compte, que je n'avais pas le souffle court, que mes lunettes étaient tombés mais que je voyaient parfaitement.

« William ? Avait fait la voix fluette de ma mère derrière moi. »

En la voyant aussi ravagée par la tuberculose, j'ai eu la fâcheuse idée de...

-La transformer en vampire ? Marmonna Buffy moins dégoûtée par le blond.

Il hocha la tête et sortit une cigarette pour se donner du courage. Dire à quelqu'un cela était encore plus dur que de s'en souvenir.

Oui. Sauf qu'elle n'était pas seulement « transformée », ce n'était plus ma mère. Elle était devenue un monstre atroce qui ne pensait qu'à tuer et coucher avec moi. Ma mère... cette femme qui ne pouvait pas s'empêcher de verser une larme en imaginant un animal blessé était prête à dévaler les rues à la recherche de sang frais.

Il prit une grande bouffée de fumée et se calma. Plus vite il raconterait cette partie, mieux il se sentirait.

Bref, elle m'a sauté dessus et j'ai eu droit à une autre leçon: les choses pointues tuent les « monstres ». Je ne sais même pas comment cela est arrivé, je me suis débattu et elle s'est retrouvée empalée sur une de ses choses qu'elle utilisait pour pousser les bûches dans la cheminée.

Il rencontra le regard désolé de la blonde et pesta en jetant son mégot:

-Je n'ai pas besoin de ta pitié la tueuse. Comme je n'avais pas besoin de la sienne.

-Angel était là ? Demanda-t-elle sans sourciller.

-Il était toujours là.

J'étais resté assis à attendre un miracle. Puis la mort. Mais aucun des deux n'étaient venu à ma rencontre. La porte s'était ouverte en un grincement sordide suivit de pas lents semblable à ceux de la nuit d'avant.

« —Tu a dû en apprendre beaucoup sur toi en une journée.

—Vous abandonnez souvent à une mort certaine ceux que vous pensez « spécial » ? Lui avait-je demander en fixant le sol désormais poussiéreux. »

Il avait ris et ne s'était pas gêné pour piétiner les cendres de ma mère. Angelus s'était accroupi à ma hauteur avec un sourire satisfait et avait posé sa main sur la marque de sa morsure. Étrangement, cela m'avait fait frémir. Il faut dire qu'aucun vampire ne connaît les secrets du lien entre « le créateur et la création ».

« —Tu es bien plus futé que ce que je pensais. M'avait-il avouer en caressant la marque, tu n'as pas tenté de me tuer malgré la rage que tu as en toi.

—Vous êtes devenue cette chose bien avant moi. Si j'avais tenté quoi que ce soit, vous m'auriez probablement maîtrisé en un rien de temps. »

Ses cheveux bruns chatouillaient mon cou alors qu'il sentait à nouveau l'essence qui avait l'air d'en émaner. Il grognait légèrement comme si ce qu'il sentait sur ma peau éveillait sa faim.

« —Tu ne veux pas rejoindre ta pauvre mère ?

—Vous m'auriez torturer pour que je vous supplie de le faire. »

Cela avait eut l'air de l'amuser car sa lèvre s'était étiré en un rictus bref. Il s'était relevé et m'avait tendu la main en me proposant avec le plus de sérieux au monde:

« —M'accorderais-tu cette danse Will ? »

-Une danse ? Pouffa Buffy, Tu inventes là rassure moi.

-C'est ton copain maintenant, c'est à toi de m'expliquer.

Après cette petite interruption il se racla la gorge et reprit.

N'importe qui dans cette situation aurait douter de sa proposition. Accepter cette main, c'était accepter de devenir comme lui. Accepter de devenir un tueur et d'oublier peu à peu qui on était.

Avant tout çaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant