Chapitre 2 : L'amphithéâtre

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Jeudi – 23h52

Se balader dans son lycée aux environs de minuit, ça pourrait paraître flippant, excitant ou encore improbable. Mais pour Christopher, c'était presque anodin. Il était souvent venu dans le bâtiment, au beau milieu de la nuit, pour récupérer quelque chose ou tout simplement pour passer le temps, lorsqu'il n'arrivait pas à dormir. Il savait qu'il n'y avait aucun risque de se faire prendre, le lycée n'étant absolument pas surveillé. Bon, ce soir, il avait quand même une mission ; récupérer les sujets du contrôle d'histoire, ainsi que la correction. Après avoir traversé les longs couloirs, Christopher arriva dans l'aile réservée aux professeurs. Connaissant les lieux par cœur, il n'eut pas de mal à trouver le bureau de Monsieur Histoire. Il fouilla les tiroirs, s'aidant de la lampe de son téléphone, évitant d'allumer la lumière de la pièce afin de ne pas attirer l'attention depuis l'extérieur. Au bout de quelques minutes de recherche, il trouva ce qu'il convoitait. Il poussa un cri de joie en les découvrant.

- Vamos ! Maintenant, j'ai besoin d'une photocopieuse.

Il se tourna et laissa un autre éclat de voix lui échapper en apercevant que l'objet dont il avait besoin était juste derrière.

- Mais qu'est-ce que j'en ai de la chance moi !

Christopher plaça les sujets, alluma la machine et celle-ci commença à faire son job de photocopieuse. Il fit de même avec la correction. Avant de sortir, il décida de tester le confort du siège. Il s'y installa puis se mit à tourner, rigolant tout seul en prenant plusieurs selfies. Il faut bien des preuves auprès des filles. Quand il fut calmé, il remit les affaires en place, n'oublia pas de prendre les photocopies et referma le bureau. Il allait reprendre le chemin de la sortie quand il passa devant une porte avec un écriteau qui attira son attention.

- « Toilettes réservés aux professeurs », lut-il. Ils ont des toilettes personnelles ? Sérieux ?

Christopher pensait tout connaître de son lycée. Il se trompait visiblement. Et bien sûr, il se devait d'inspecter toutes les pièces existantes du bahut. Il entra donc et la première chose qui le surprit, ce fut l'odeur. Une odeur de citron, bien différente de la puanteur des WC des élèves. Il ralluma la lampe de son téléphone pour mieux observer les lieux.

- Dios, qu'est-ce que c'est propre ! Il faut que je les teste, je suis obligé.

Il entra dans une des cabines et testa donc les toilettes, tout en chantonnant. Il hésita quelques secondes avant de tirer la chasse d'eau mais finit par le faire. Il était seul ici, pourquoi s'inquiéter du bruit qu'il faisait ? Et, soyons honnêtes, il n'avait pas cherché à se faire discret depuis qu'il était entré. Si quelqu'un était là, il l'aurait déjà repéré. Il alla ensuite au niveau des lavabos, tout aussi propres.

- Et ils ont du savon, eux.

Christopher se lava les mains et il s'apprêtait à chercher de quoi se les sécher quand il entendit un bruit. Il s'arrêta net, se concentrant pour écouter. Mais seulement un grand silence régnait. Il essuya doucement ses mains contre son t-shirt, faisant le moins de bruit possible. Il sortit des toilettes, lentement, jusqu'à se retrouver dans le grand couloir principal, qui reliait tous les espaces du lycée. Christopher avança silencieusement, tendant l'oreille pour repérer le moindre bruit.

- J'ai pas rêvé quand même...

À peine avait-il prononcé ces mots que le même bruit retentit dans tout le bâtiment. Christopher en était maintenant sûr, ça venait d'ici. Il était même certain que c'était une porte qu'on avait claquée violemment. Et s'il ne se trompait pas, cette porte, c'était celle de l'amphithéâtre où il avait assisté à la réunion plus tôt dans la journée. Il ne perdit pas une seconde de plus et se précipita vers la salle de conférence. Il ouvrit la porte et une forte odeur de peinture lui attaqua les narines. Il pénétra à l'intérieur et referma avant d'allumer les lumières. Et ce qu'il vit le rendit bouche bée. L'amphithéâtre ne ressemblait plus du tout à la salle de ce matin. Les murs étaient recouverts de peinture de toutes les couleurs, il y avait du papier toilettes éparpillés partout, comme si on s'était placé au bout de chaque rangée et qu'on avait déroulé le rouleau en le lançant en l'air. Christopher commença à descendre les escaliers des gradins, observant plus en détails les dégâts. Il ne put s'empêcher de rire en apercevant plusieurs extincteurs abandonnés, ce qui expliquait la présence d'une drôle de mousse sur le sol.

Soñamos Juntos ~ CNCOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant