Partie 10: Le Mukukwe

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Vanessa resta tétanisée sur place. Elle n'osa pas regarder le sol.

- Ne bouge pas...Répéta Omanda en fronçant les sourcils... Il s'approcha lentement d'elle.

Arrivé à sa hauteur il se pencha lentement et saisi l'animal. Une main à l'arrière de la tête et de l'autre le milieu du corps. Une forme allongée vert foncé d'au moins 80 centimètres.

Il s'éloigna avec le serpent et le relâcha dans l'eau quelques mètres plus loin.

- Ce n'est rien c'est une couleuvre, déclara t il. En revenant vers Vanessa.

Celle ci bondit de l'eau et s'écarta. C'en était trop pour elle.

- J'en ai assez vu, dit-elle. Nous pouvons repartir.

- Entendu. C'est toi qui vois, dit Omanda

Elle remit ses chaussures et remonta prestement vers la colline sans demander son reste. Suivi par Omanda.

Sa mission était accomplie. Elle avait vu la plantation de son père. Observer la superficie. Constater le potentiel. C'était l'essentiel.

Une fois sur le haut de la colline un élément de décors qu'elle avait loupé attira son attention.

Une fumée blanche semblait s'échapper de derrière les arbres. Les nuages gris s'étaient peu à peu dissipés. On distinguait nettement cette fumée devant le ciel qui commençait à prendre des teintes orangés.

- D'où vient cette fumée? demanda Vanessa.

- C'est une Usine Agam, répondit Omanda.

- Et si nous allions voir? Ils n'ont pas une route par là-bas, plus praticable? Comment leurs ouvriers font pour s'y rendre?

- Je ne te conseille pas. C'est une propriété privée. Ils ont une route privée qui leur appartient. Nous n'avons pas le droit de nous y aventurer. Deux enfants du village ont déjà disparu aux alentour de cette usine. On nous a fait croire qu'ils avaient été victimes de crimes rituels mais personnes n'a osé publiquement faire le lien entre ces deux disparition et l'usine Agam.

- Mais que font-ils-la?

- Nous n'en savons rien. Ici nous ne sommes plus à Molina. Nous sommes dans la forêt équatoriale. Les villageois habitent tous en ville maintenant. Les conditions sont de plus en plus précaires. Et personnes ne s'intéressent à ces endroits à part les grandes entreprises.

- Et le gouvernement dans tout ça? Vous êtes des citoyens bangolais! s'exclama Vanessa.

Omanda eut un rire sarcastique. Il prit son fusil en continuant de parler.

- Crois tu que nous nous intéressons à la politique ici? Crois tu que nous nous considérons comme des citoyens? Cela n'a aucun sens pour nous. Tout ce qu'on voit c'est que nous galérons et que chaque jour nous devons trimer pour avoir de quoi subsister. Ces "gens" là n'en ont rien à faire.

Omanda mit l'arme en joue et tira vers un arbre. Il venait de toucher une perdrix.

Vanessa baissa les yeux elle ne trouva pas quoi dire.

Omanda marcha vers sa proie et dit. Nous allons avoir un bon dîner ce soir.

Ils marchèrent silencieusement sur le chemin du retour. Arrivée au village le crépuscule s'annonçait déjà. Vanessa était épuisée. Elle demanda à Mokthar de la raccompagner à son hôtel.

Elle s'apprêtait à monter dans le 4*4 quand Omanda l'interpella:

- Si ce soir tu ne fais rien, le mukukwe danse ce soir. Cela vaut le détour. C'est au quartier Batavéa. J'y serais avec ma femme et mes neveux. Ça commence à 21h.

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