Retour au pays

Partie 13: L'Entrée au gouvernement

Jeudi 10h

Dwayne était debout dans la grande salle. Un brouhaha général emplissait l'atmosphère de la pièce. Les quarante ministres en costumes et cravate se tenaient assis autour de la grande table qui occupait le centre de la pièce. En bout de table la chaise du président était encore vide. Il n'allait pas tarder à arriver. Des gouttes de sueurs dégoulinaient dans son dos malgré la climatisation réglée à son maximum. Il devait être là depuis une bonne heure. C'était son premier conseil de ministre. En tant que conseiller principal du ministre des mines il se devait d'y assister. Mais n'ayant pas le statut de ministre il n'avait pas de place assise. Il se sentait comme un enfant puni mis au coin confiné au fond de la salle et condamné à ne plus pouvoir bavarder avec ces camarades.

Soudain le brouhaha s'interrompit, et l'assemblée se leva dans un bruit uniforme de chaises qui raclent le sol.

Un émissaire placée devant la porte annonça d'une voix forte:

SON EXCELLENCE, ADIL ZONGA Président de la République Bangolaise.

La porte s'ouvrit et le président pénétra dans la salle sous les acclamations de ses ministres. Il marcha d'un pas lent et ferme vers son siège. Il portait un costume gris anthracite, une chemise blanche et une cravate en satin bleu marine. Ces vêtements semblaient taillés sur mesure. Dwayne l'observa. Il n'était pas très grand mais il dégageait une certaine assurance.

LE président s'assit suivit par ses ministres. Dwayne était toujours debout. Ces genoux lui faisaient mal. Il n'était plus si jeune. Les années basketball étaient loin derrière lui. Son oncle ne l'avait pas préparé à ça. Son oncle était un ancien du parti au pouvoir à la retraite. A l'époque son oncle était ministre des Affaires étrangères. Il n'était plus membre actif mais il œuvrait toujours dans l'ombre. Il s'était brouillé avec le reste de sa famille suite à son passage en politique. Les promesses non tenues et les retournements de vestes avaient eu raison de la cohésion familiale. Il avait plusieurs fois proposé à son neveu de l'enrôler. Cette proposition se soldait toujours par le même refus de Dwayne. Il ne voulait pas que cela se finisse comme pour son oncle qui n'adressait plus la parole à ses frères et sœurs. Mais cette fois Dwayne avait fini par aller le voir.

Tonton, je sais que je t'avais dit que je ne voulais pas faire de politique, mais j'ai de nouveaux projets. Est ce que tu peux me parrainer? Lui avait il dit.

Rien ne me ferait plus plaisir. Tu es fait pour ça. J'ai toujours su que tu prendrais la bonne décision.

Il faut du temps pour trouver sa voie.

C'est vrai. tu sais moi aussi à une époque j'hésitais. J'étais un jeune homme plein de rêves et d'idées constructives pour faire briller notre pays. Mais la politique ne m'intéressait pas. Jusqu'au jours ou j'ai compris que c'était le seul moyen de faire entendre ma voix et de contribuer à aider ce pays. Ce n'est pas seulement en travaillant dans les compagnies étrangères car ce sont elles qui pillent les richesses du pays. Qu'y a-t-il de pire? Aider des étrangers à piller notre pays ou saisir l'occasion de se rapprocher des seules personnes qui ont un pouvoir réel de changement de notre pays? Il faut choisir son camp...J'ai choisi le mien et j'ai fait de mon mieux. J'en ai déçu certains mais je peux te dire que j'ai fait le bonheur de beaucoup d'autres. Grâce à moi il y a des hôpitaux à Okili. Qu'a fait Oprah corp pour Okili? On voit leur vrai visage depuis qu'il y a moins de pétrole. Leurs campements sont sous les herbes. LEs médecins sont partis. Les petites familles bourgeoises qui faisaient la recette des restaurants de plage ont rebroussé chemins en France. A SOBANGRA les plages se meurent. Plein de bâtiments à l'abandon et des routes qui boivent de l'eau.

Ce n'est pas le rôle d'Oprah Corp de développer le pays. C'est le rôle de l'état.

Tout à fait. Et si tu veux que le développement se fasse tu dois participer avec ceux qui font l'Etat. Sinon tu ne feras que ruminer et subir comme 80% de la population. Je veux bien te parrainer mais il faut que tu fasses quelque chose pour moi. Ce n'est pas grand chose mais c'est comme ça que tu apprendras. Dans la politique le renvoi d'ascenseur est la règle fondamentale. Si tu ne l'applique pas tu seras très vite déchu par tes rivaux.