VIII. Dura lex, sed lex

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La fatigue. Une fatigue physique mais essentiellement mentale. Je suis à bout, et ça me fait me sentir vivante. Sensation oubliée depuis bien des années maintenant. Mon corps menace de s'écrouler à chaque petits pas de plus mais je m'obstine à continuer ma route.

- Levannah !

Je ne me retourne pas reconnaissant instinctivement la voix de Connor. Mes pas se font de plus en plus rapides. Malgré ma forte envie de le battre à plate couture pour l'humilié, il se trouve beaucoup plus rapide que moi etme rattrape avec une grande facilité. Fermement, Connor agrippe mon bras gauche, je n'imaginais pas tellement une telle force de sa part.Il me regarde et souri en coin.

- Pourquoi m'avoir suivi ?

- Je m'inquiétais pour toi...

- Ce que tu peux-être stupide ! -posant ma main sur sa joue- Quand vas tu comprendre que je me fou royalement de toi ?

- Levannah...

Il ferme les yeux au contact de ma main je lui tapote alors la joue de manière « amicale » pour qu'il arrête d'avoir de ridicules espoirs quant à un possible « nous ».

- Ne t'inquiète pas pour moi petit abruti. Tu sais pertinemment au fond de toi que tu n'as jamais été important pour moi et inversement.

- Des fois tu devrais te taire, t'es beaucoup plus charmante quand tu ne parles pas.

Il pose sa main sur mon menton pour me faire relever la tête. Je lui jette un regard noir et m'apprête à le pousser mais il attrape mes poignets avant que je ne puisse me détacher. Il me ramène violemment contre lui en se mordant la lèvre inférieure. Il écrase ses lèvres nerveusement sur les miennes. Son souffle irrégulier, sa langue, sa main sur ma hanche. Cette force, cette délicatesse et sensualité. J'ai l'impression que le baiser dure une éternité, et d'un côté cela me répugne. Il s'arrête et colle son front contre le mien avec un sourire satisfait tandis que je reste sous le choque.Je me décolle et j'aperçois Alessia et Elijah, celui-ci est crispé ; il ne bouge pas. Je repose les yeux sur Connor et je ne sais si mon regard doit être tendre ou noir.

    J'ai presque envie de recommencer.

Ma main part immédiatement contre sa joue.

- Je te hais du plus profond de mon être.

Mon regard est froid, éteint. Je regarde de nouveau Elijah curieuse. Je le vois toujours aussi stoïque, le poing serré. N'ayant aucune conscience du temps je n'arrive à discerner le délai de ce long silence pesant. Des pas me sortent soudainement de mes pensées. Je me retourne et vois Aaron au loin, la démarche assurée et déterminée, quoique quelque peu inquiet ? Ou bien fort énervé ?

- NOUS DEVONS RETOURNER AU CAMPEMENT IMMEDIATEMENT !

Je l'ignore complètement ne voulant obéir à ses ordres."Je [ne] me construis plus dans le regard des autres, je suis ni des leurs, ni des votre, ni des notre." Le ciel gronde, et s'assombrit considérablement. Je fixe celui-ci,rêvant d'un échappatoire imaginaire. Et me perds de mes sombres pensées une fois de plus. Les roses ont toujours été une source d'inspiration pour moi et également les fleurs préférés de ma mère. Rose synonyme de passion mais de désillusion. La beauté, un sentiment d'admiration et de paix quand ton regard se pose sur cette rose. Rien ne pourra t'arriver, tout est synonyme de douceur s'associant presque à la perfection avec pratiquement tout tes sens. Ton odorat ressent toute la tendresse de cette fleur aux allures innocentes. Ton ouïe est comme hypnotisée, tu ne perçois qu'uniquement l'harmonie et la splendeur de ce que ta conscience essaie de te persuader. Ta vue doute, tu fixe cette rose rouge, la passion, l'amour, le sang, la douleur, la mort. Ton cerveau n'est plus apte à réfléchir de manière ordonnée, tu ne comprends plus vraiment tout ce qu'il se passe, tu es perdu dans un monde inconnu.Tu essaie pourtant de t'accrocher à ta destinée car tu sais au plus profond que cette fleur n'est plus si innocente, tu sais qu'aucun euphémisme ne pourra être assez doux pour retranscrire la triste réalité. Ton toucher arpente la volupté des pétales. Tu sens ta vivacité te quitter minutes après minutes, et c'est enfin que tu remarques ses épines. A cet instant tu sais. Tu sais le mal qui réside en toi, cette force, une force trop grande. Tu es bien trop fébrile pour la porter. Tu es allongé, l'amour te regarde, elle pleure et souffre pour toi. Mais tu sais. Tu sais que malgré ton dernier souffle d'espoir et de détermination pour vaincre cette affliction et sauver ton existence, cette rose causera ta perte.Cette rose qui causera ma perte ou bien suis-je peut-être la cause de ma propre perte.

Anastasis, dernier espoir.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant