Chapitre 7

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Le froid et l'hiver

Décembre 2008 chez les Malefoy

Drago sortit de sa douche glacée à l'aube. Il n'avait que trop peu dormi et s'était réveillé en sueur. Encore une fois, un mélange de présent, de passé, et de peur inavouables avaient troublé son sommeil. Il s'appuya sur la vasque blanche.

"Maman..." Il souffla doucement, comme si elle le prenait dans ses bras. Mais elle ne le fera plus jamais. Ses yeux se gonflèrent de larme et sa mâchoire se crispa.

Il adorait Noël, bien sûre, mais détestait la perspective de le fêter loin d'elle. Il passa encore un peu d'eau sur son visage quand une Astoria à demi endormie le rejoint.

Dans son dos, elle le prit tendrement dans ses bras maigre, lovant sa petite tête d'ange dans le creux musculeux du cou du Serpentard. Il se tendit une seconde, et se détendit en respirant son shampoing citronné.

"Je t'ai dit de me réveiller, si tu ne peux pas dormir." Elle gronda en lui embrassant la tempe.

Il eut un petit sourire amusé. Astoria. Elle pouvait vraiment lui arracher un sourire n'importe quand. C'était son roc, quoi qu'il arrive. S'il la perdait, elle aussi. Son cœur se serra. "Tu as besoin de repos, Tori..." Il entendait sa propre voix trembler, impuissant.

Il n'ignorait pas l'état de santé de sa femme. Elle était mourante, quasiment depuis sa naissance. Elle avait eu une hémorragie à la naissance de Scorpius et ne s'en était jamais remise. Mais il la savait forte. Elle savait ce qu'elle était capable de faire, tout ce qu'elle ferait ou non à s'en risquer la santé. Il mit sa main laiteuse sur sa main de porcelaine et elle sourit.

"Et toi, tu as besoin d'un chocolat et d'une discussion ouverte, Dray."
Il sourit et quelque chose de doux s'alluma dans sa poitrine. C'était la chaleur du foyer, de l'amour qu'elle lui portait contre vents et marée, malgré tout. Il lui embrasse la joue et finit de s'habiller avant de descendre.

Ils se lovèrent dans le sofa, chacun tenant leur mug. Comme ils se faisaient face, leurs pieds s'emmêlaient bizarrement. Il lui sourit et elle lui rendit son sourire, avec un regard encourageant.
"Tu veux raconter ses cauchemars ?"
Il secoua négativement la tête.
"Alors ce qui t'arrive depuis... La cérémonie ?" Son coeur se serra à nouveau. La cérémonie. Personne n'osait le dire pour de vrai, comme si personne ne pouvait avouer qu'elle était morte, qu'elle avait été assassinée. Il ferma les yeux une seconde, comme pour se préparer.

"Je t'ai entendue pleurer quand j'étais endormi." Il commença, et raconta ce qui lui était arrivé. Alors qu'il finissait les incessantes disputes avec Anya Weirwood et la gentillesse maternelle douloureuse de Melodya Fowler, il releva les yeux. Astoria avait un sourire tendre qui le détendit immédiatement.

"Drago Hypérion Malefoy. Ça fait bientôt dix ans et tu es toujours aussi bête."
Il prit une mine boudeuse et elle rit, de son incroyable rire d'enfant.
"Ne le prends pas comme ça, pauvre idiot !" Elle lui jeta un coussin dessus et il ne put retenir un rire, par lequel s'échappait son angoisse.

Elle avait un talent pour ça, pour l'apaiser.
"Qu'est-ce que je devrais faire selon toi, ô grande sage des pommes empoisonnée."
Elle lui jeta un coussin dessus. Drago rit aux éclats.
"Tu devrais être contente que je l'ai lu, ce stupide conte moldu ! C'était pour ton projet que j'ai fait tous ces..." Il s'arrêta quand elle en jeta un autre. Heureusement, elle ne tarderait pas à être à court de munition.

Elle soupira longuement, avec tellement de fatigue que Drago se crispa, soudain conscient de sa fragilité. "Écoutes-moi, tu veux ?"

Drago hocha lentement la tête. Elle savait vraiment être autoritaire, parfois...

"Tu es amoureux, Drago Malefoy." Il se sentit rougir, et avait encore cette désagréable impression qu'elle lisait en lui. Il lui avait avoué son attirance pour les hommes lors de la fameuse huitième année.
"Ça fait dix ans que tu es amoureux et il va falloir que tu l'accepte." Elle se rapprocha pour prendre le visage de l'homme entre ses mains. "Tu mérites d'être heureux Drago. Tu m'entends ? Tu le mérites." Il ferma les yeux.

Une épouse est-elle sensé dire ça ? Après tout, ce n'était pas vraiment un mariage d'amour, ni un mariage arrangé. Ce n'était pas non plus pour cacher ses préférences. Il plongea dans les yeux bleus de la belle Astoria. C'était pour elle, pour son affection, parce qu'elle chassait sa solitude. Parce que c'était sa meilleure amie, celle avec qui il ne pourrait jamais.

"Lui aussi. Et il le mérites bien plus, après..." Il s'arrêta. Le meurtre de ses parents ? Drago venait de le traverser et Astoria le soulignerait. La guerre ? Il n'oserait pas prétendre devant elle, qui le voyait faire ses cauchemars, que ça ne l'avait pas touché. La violence de sa famille moldu ? Comme si les Malefoy étaient des enfants de coeur ! Il rougit, pensant à tous les points communs, et elle rit.

"Tu es un idiot, Drago Malefoy."
Il fronça les sourcils.

"Tu vas arrêter de dire ça, oui !" Elle éclata de rire. Il devait avoir une mine affreuse, et aucune crédibilité. Elle, à contrario, était magnifique en toute circonstance. Il sourit et passa un temps infini à la regarder. Bientôt, Scorpius se lèverait. Bientôt, ça serait fini.

Scorpius. Il n'avait pas le droit de lui faire ça.

Décembre 2008 chez les Granger-Weasley

Décembre était toujours une période particulièrement agitée, mais ça l'était d'autant plus que, maintenant, des enfants courraient partout.

Hermione était emmitouflée dans un plaid, relisant un dossier pendant que Ron et Harry parlaient boulot et que Ginny occupait les enfants. Le trio d'or avait passé le vingt et un décembre ensemble tous les ans depuis la huitième année. C'était devenu un Noël alternatif pour le trio après la séparation de leurs vies. Mais, contrairement à Noël, le monde tourne toujours le vingt-et-un.

"Lâches un peu tes dossiers, Hermione" râla Harry.
Ron rit de bon coeur. "Ça ne marche pas comme ça, Harry. Elle ne les lâchera pas avant d'avoir trouvé ce qui cloche parce que...
_l'avenir des demi-gobelins en dépend !" Rappela Hermione avec un sourire fier. Son lui embrassa le front et elle l'attira vers elle pour lui voler un baiser.

Ron souriait béatement, regardant amoureusement sa femme reprendre son travail et les regarder d'un œil, comme pour les surveiller.

Harry lui semblait bizarre, alors qu'il les regardait. Elle mit du temps à lire le sentiment nouveau sur son visage et manqua de s'étrangler de surprise quand elle comprit. Harry Potter était jaloux.

Quelque chose lui échappait toujours, pourtant. Pourquoi serait-il jaloux ? Il était marié à la femme qu'il aimait, heureux, et avait trois merveilleux enfants. Avaient-ils encore le temps de se voir ? Hermione prit sur elle pour cacher l'horreur qui l'envahissait.
Mais... ils étaient encore intimes, et proches... qu'est ce qui c'était passé ? Pourquoi Harry leur cachait-il que ça n'allait pas si bien entre lui et Ginny ? Personne ne pouvait deviner un froid entre eux...

Ron. C'était sa petite soeur... si Harry lui brisait le coeur. Elle soupira, faisant mine de retravailler un passage. Tout se passait si bien entre eux... même après la guerre ils sont restés si fusionnel... ils formaient, eux aussi, le couple idéal. L'idée que ça ne soit plus le cas se coinça en travers de la gorge d'Hermione et lui vrilla l'esprit. Elle devrait en parler, sans doute, mais décida de se taire pour le moment.

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Hey ! Désolé pour le retard d'un jour :x 

Entre déménagement et coronavirus, c'est pas toujours simple de penser à tout. Promis, je ferais plus attention ! Bisous et cœur sur vous ~

Et prenez bien soin de vous ! 

Nom d'un scrout à pétardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant