Petit bonus 2

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Avril 2009, chez les Potter

Harry rentra chez lui, épuisé de sa journée de travail, toujours tendu par la fugue de Ted, par tout ce qui s'était passé. Il ne se sentait plus lui-même... c'était comme si quelque chose avait mis une gifle à sa vie et qu'elle s'était violemment cogné la tête en tombant, de sorte qu'elle ne le menait plus sur la même route.

Il soupira en déposant les clés dans le vide poche. La grande horloge indiquait 11h30. Tout le monde dormait. Les mots durs des dernières disputes raisonnaient encore dans son esprit, le fissurant toujours plus. Il se demandait combien de temps il lui faudrait avant que même lui ne se reconnaisse plus.

Il se prépara en quelque coup de baguette. Depuis qu'il était aurore, il faisait ça quand il ne s'occupait pas des enfants, pour gagner du temps. Il se glissa alors silencieusement dans la suite parentale, espérant parvenir à se coucher sans réveiller son épouse.

Il arrivait souvent qu'il rentre tard et quelle dorme déjà, ses cheveux flamboyant entourant son visage indolent de femme qui sommeille. Il aimait la voir dormir. En fait, il aimait les visages endormi, la paix et la vulnérabilité qu'ils lui évoquaient. Il aurait voulu capturer l'image du visage de Malefoy, quand il dormait près de lui.

Il chassa cette pensée, se maudissant de laisser cet ancien mangemort dans sa chambre, même en pensée. Ça lui arrivait de plus en plus souvent, et il se sentait de plus en plus mal.

Mais, quand il eut dépassé l'espace "bureau" pour arriver dans la chambre, il comprit qu'il ne pourrait pas admirer le visage naturel et calme de sa femme endormie.
Elle était assise sur le lit et regardait vers lui, parce qu'elle avait probablement entendu la porte s'ouvrir. Elle portait une robe de chambre qu'elle avait l'habitude de mettre par-dessus ses vêtements avant de se coucher et au réveil. Ses cheveux étaient relâchés et entouraient son visage pâle, plus coloré que celui de Malefoy et moins que le sien.
Il s'interdit de penser à Malefoy, de le comparer à sa femme.

« Harry. » Sa voix était claire et n'avait rien de somnolent. « Il faut qu'on parle. »

Il avait entendu cette phrase de plus en plus, depuis la nuit à l'hôtel, avec Malefoy. Ça avait cassé quelque chose de déjà fragile, et le blond n'en savait rien, mais Harry tenait quand même à lui mettre la faute sur le dos, pour la forme et pour ne pas être le coupable.
Chaque fois qu'il entendait cette phrase, le ton montait et tout le monde finissait fâché. Il n'avait pas la force de se battre, à presque minuit, après une journée à chasser des mangemorts. Il voulait dormir.

« Dis-moi simplement ce que j'ai fait, je m'excuse et on en parle plus...ok ? » Il savait que ça avait très peu de chance de marcher, mais il était épuisé et s'accrochait au moindre petit espoir.

« Tu te fiches à ce point de régler les problèmes ? » Le visage de Ginny se durcit. Elle avait la même expression, chaque fois qu'elle s'apprêtait à faire quelque chose de difficile, mais de réfléchis.
L'estomac d'Harry se tordait impitoyablement.

« Ginny... Je suis désolé... » il ne savait pas quoi faire, quoi dire. Il ne voulait pas que ça arrive, mais il était paralysé.

« Laisse-moi parler. » Elle était ferme, les poings serrés comme pour s'interdire de pleurer. « Tu veux savoir ce qui ne va pas ? Je ne peux plus te faire confiance. Chaque fois que tu rentres tard je t'imagine avec une autre. Tu ne veux plus de moi, tu passes moins de temps avec les enfants, tu deviens froid. Ne vois-tu rien ? Tu as toujours la tête ailleurs, tu es toujours en colère, tu deviens violent. J'ai l'impression, l'intuition au fond de moi que ça ne va pas, Harry. C'est comme si... comme si quelque chose avait volé ton cœur et que tu passais toute ton énergie à refouler ce sentiment, comme si, pour repousser ça, tu repoussais tout le reste. »

Elle se leva, et Harry recula d'instinct. Il savait battre un Mangemort fou, mais n'était pas sûre de pouvoir contrer les sorts de Ginny en colère.

« Tu sais ce qui ne va pas ? Je veux te parler, être présente et t'aider mais tu ne parles pas, tu m'évite et tu mens. Chaque fois que je fais un pas vers toi, tu te braques et on finit en colère, à crier des choses qu'on ne pense pas. » Il pouvait sentir la fin de son argumentaire, et il ne voulait pas l'atteindre.

« Ginny je suis désolé, je t'aime. Et j'aime notre mariage, nos enfants merveilleux. Je vais faire des efforts, je vais... » mais il allait faire quoi ? Il n'arrivait pas à se contrôler, à se canaliser. Il savait déjà qu'il ne pourrait pas tenir cette promesse s'il la faisait.

« Tu essayeras peut être... » Elle admit. « Mais tu ne changeras pas... » Ses cheveux balançaient alors qu'elle secouait la tête.
« Tu penses que rien ne doit changer, pour nos enfants ? Mais on doit résoudre le problème, Harry. Je ne veux pas qu'ils grandissent en nous voyant nous déchirer, ce n'est pas bon pour eux. Je ne veux pas qu'ils grandissent en pensant que les couples se mentent et que c'est comme ça. Je ne veux pas qu'ils vivent en pensant que c'est normal d'être prisonnier d'un mariage qui chavire. » Elle reprit son souffle, comme si la fin refusait de suivre, comme si elle-même ne pouvait pas le dire.

« Tu n'es pas obligé de faire ça... » Harry sentait ses yeux piquer, sa gorge se gonfler. Mais tout ça était tellement loin, comme si ce n'était pas réel, comme s'il ne perdait pas l'amour de sa vie. Il aurait dû se sentir déchiré et anéantis. Mais il ressentait juste ce pincement singulier qu'on ressent quand quelque chose du quotidien disparaît.

« Si, Harry, il le faut. » Elle se ressaisit et plongea dans ses yeux. Il se rappela comme elle était belle en fixant ses prunelles autant qu'il le pouvait. Il détaillait les grains de beauté sur son nez, les rides aux coins de ses yeux.
« Je t'aime, Harry. Je t'aime vraiment... et j'aimerais ne pas avoir à faire ça... » Quelque chose embrouillait sa voix, la même chose qui embuait ses yeux. « Mais tu es ailleurs, tu n'es pas heureux, et je ne peux pas... Je ne peux pas survivre dans cette situation... notre mariage... ce n'est pas juste une mauvaise passe... » Une larme roula sur sa joue, frappant aussi violemment qu'une balle dans le cœur d'Harry. Il aurait préféré subir un Doloris que de la faire pleurer, pourtant, il était là, impuissant, face aux larmes qu'il avait causées.
« Je ne veux plus me battre avec toi, Harry, j'abandonne... on aura tous les deux perdus. » Elle tremblait, mais refusait de tomber. « Je suis désolée... » Elle souffla...

« C'est à moi d'être désolé... » il entendait les sanglots dans sa propre voix mais refusait de laisser couler ses larmes. « Je n'ai pas été un bon mari... Je n'ai pas été... »

Elle l'interrompit : « Ça a été merveilleux, Harry. Mais c'est terminé... »

Les mots raisonnèrent, dures et douloureux, violents comme des balles fichées dans le cœur du survivant. C'est terminé. Sa vie, sa réussite, son mariage, sa famille... il voyait tout s'effondrer sans être encore capable de mesurer les conséquences de tout ça. 

Nom d'un scrout à pétardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant