Chapitre 13

317 33 5
                                    

Problème de Mangemort

Mars 2009, Sainte Mangouste

La main froide de son épouse contre ses lèvres, il suppliait. Son égo et sa fierté étaient loin, mis en échec par son imposante détresse. Ses genoux cognaient sur le sol qui semblait trembler, mué par le séisme de son coeur alors que son monde s'effondrait. Il se sentait mourir, perdu, vagabond entre la vie et la mort.

Le visage de cette femme, à qui il était attaché jusqu'au plus profond de son être, était figé dans une expression de sommeil, comme cette stupide princesse moldu à qui elle ressemblait. Si seulement il suffisait d'un baiser !

La vue de Drago se brouilla et le bourdonnement de son monde qui s'effondrait couvrait efficacement tous les sons alentours. Il n'y avait plus qu'Astoria. Et lui. Et la mort. Et leur chute. Il se crispa. La main de son épouse était humide de larmes. Ses larmes.

« Je t'aime... d'un amour trop pur pour être réel... » Il répéta doucement, replaçant les cheveux de la femme. C'étaient les premiers mots des vœux de son épouse, à leur mariage. « Le désir avait toujours fui... mon âme enneigée. Puis... Puis mes yeux ont rencontré l'orage et le fracas des tiens et... Et mon coeur m'a soufflé un souhait... » Il reprit son souffle. La voix de son épouse raisonnait dans son esprit, forte et intacte. « Je veux tenir ta main dans la mienne quand... les nuages couvrent le ciel... je veux voir ton sourire même si... même quand tu ne peux pas... quand... tu n'oses pas le vouloir toi-même... je veux... t'aimer... encore... à l'infini... Et rester... quand le monde s'en ira.... rester dans la tempête... ton pilier... jusqu'à ce que... » La mort nous sépare. Il s'arrêta, serrant plus fort le bras de son épouse. Sa meilleure amie.

« Monsieur Malefoy. Je dois vous parler. » La voix du médecin était froide et distante.

Drago déglutit, caressant le doux visage de sa femme. Il rêvait qu'elle ouvre les yeux, qu'elle éclate de rire en prétendant que ce n'était qu'une farce. Et il avait peur de plus entendre son rire en cascade, de ne plus brosser ses magnifiques cheveux, de plus enlacer son corps frêle ou supporter son poids plume. Il ne survivrait pas sans la mélodie de sa voix pour lui murmurer le chemin.

A contre coeur, il se leva, chancelant, et suivit le médecin, résigné. Ça allait lui coûter une fortune, mais tant pis.

Ils s'arrêtèrent dans un petit bureau exigu. Tremblant. Il était terrifié de ce qu'on allait lui annoncer, et n'osait pas regarder autour de lui. Le monde s'effondrait, il le sentait. Il sentait le gouffre s'ouvrir sous ses pieds. Il sentait cette solitude froide et envahissante dans son âme. Il sentait l'horreur pour sa propre personne. Il sentait la mort l'inviter à la rejoindre et il hésitait, maintenant qu'elle n'était plus là pour le retenir. Mais elle savait, avant que ça n'arrive, et il ne pouvait plus y penser sérieusement, maintenant, parce qu'il aurait avec lui un bout d'elle, un adorable petit bout d'elle, pour toujours. Il ravala ses larmes en pensant à son fils. Qu'est-ce qu'il pourrait bien lui dire ? Que maman a rejoint mamie ? Il voudra les retrouver...

Il devra lui dire la vérité. A un enfant de trois ans. Il devra lui dire que, parfois, la vie s'arrête. Cette pensa l'horrifia et il se crispa. Il ne pourrait pas faire ça, jamais, il n'en aurait pas la force.

« Monsieur Malefoy. » Le médecin le fixait, les yeux sombres. Drago s'efforça de se concentrer, ouvrant ses prunelles grises sur un modeste bureau.

« Oui ? » Sa bouche était sèche, sa voix vacillante. C'était comme si son corps devinait que son monde allait s'effondrer, dans une tempête sans nom ni précédent. Narcissa et Astoria, les femmes de sa vie, les piliers de son cœur, le temple de ses émotions. Il ne pouvait pas perdre les deux et se relever. Il n'en serait jamais capable. Ça ne pouvait pas être réel... l'une allait revenir, forcément, ou bien... il n'osait pas y penser.

Nom d'un scrout à pétardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant