Chapitre 21

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La fugue

Avril 2009, chez les Malefoy

Drago était rentré chez lui pour un repos forcé, lourdement encouragé par sa collègue. Mais il ne regrettait rien. Parce que, s'il n'avait pas été là, il n'aurait pas trouvé Ted, seul, en pleine nuit, sous la pluie, le genou écorché et le visage ruisselant de larme.

Le pauvre délirait et devait mourir de faim. Heureusement, avec son permis de transplanage, il avait pu l'emmener chez lui, lui donner un bain chaud, des vêtements propres et à manger.

Il avait l'air étrange, dans les anciens vêtements de Drago, l'emblème des Serpentard brodé sur sa chemise comme s'il savait où il allait tomber. Drago le savait, à l'époque...

« Tu veux une couverture ? Tu trembles... » Astoria avait une voix douce et mélodieuse, alors qu'elle s'adressait à Ted. Ses mains graciles caressèrent rapidement ses cheveux pâles.

« Je vais bien, madame. Merci encore pour votre hospitalité, je suis vraiment désolé de vous déranger aussi tard... »

Elle balaya les politesses d'un geste de main et remplit sa tasse de chocolat.

« Ne dis pas de sottise, voyons. »

Drago s'installa à côté de lui. Il les jaugeait debout depuis un moment et jugeait qu'il était temps d'intervenir, maintenant que le petit était en sécurité.

« Edward Remus Lupin. » Il commença, surtout parce qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il fallait dire, et qu'il était terrifié à l'idée de sonner comme son père.

« J'ai des ennuis ? » Sa voix laissait entendre qu'il avait l'habitude d'en avoir, comme si Saint Potter était contagieux.

Drago sourit. « Peut-être bien. »
Astoria lui asséna un regard sévère. « Le pauvre petit doit être épuisé, Dray. Ça ne peut pas attendre ? »

Il secoua la tête. Si Scorpius disparaissait, comme ça, il voudrait le savoir rapidement.
« Tu as écris à Androméda ? »

La mine d'Astoria laissa transparaître tout son agacement. « Évidemment ! Elle passera le prendre demain ! »

Drago soupira. Quelque part, il savait qu'il devait être à l'origine de ça. Il n'aurait jamais dû envoyer cette stupide invitation. Il aurait dû rester loin. Mais il pensait à Narcissa, à ce moment, à ce qu'elle lui racontait de son enfance, avant la fugue d'Androméda pour un né moldu. Et il repensait à l'histoire de Sirius et son frère. S'ils avaient pu renouer ? Il ferma les yeux une seconde, pour se concentrer.

C'était une idée terrible. Le rouge du sang couvrit sa vue. La marque des ténèbres dansaient derrière ses paupières, avec les yeux vides du champ de cadavres, avec l'horreur et les cris et les flammes. Et Crabbe. Son coeur se serra. Il fallait ouvrir les yeux, fuir ça, retrouver une autre réalité.

Ted avait ses yeux d'acier. Il avait ses prunelles déçues, trahies, terrifiés. Qu'est ce qui lui était arrivé ? Il se revoyait à son âge, quémander la reconnaissance d'un père qui ne le voyait pas, survivant dans les bras d'une mère qui s'effaçait pour son époux et son nom. Il se revoyait dire et faire ces idioties cruelles.

« Je ne suis pas un modèle, tu sais ? Même si je suis magnifique. » Sa pointe d'arrogance n'était qu'un maigre voile sur la vérité dure et froide. Il aurait dû lui demander ce qu'il faisait dehors, lui expliquer que c'était dangereux, demander ce que son parrain en penserait. Mais il n'en avait aucune envie. Et s'efforcer d'être conforme pour Anya Weirwood l'épuisait, et il n'avait plus la force.

« C'est toujours mieux que sa majesté des engueulades... » Y avait-il de l'eau dans le gaz entre Ron et Hermione ? Devant le regard interrogateur de Drago, Ted ajouta : « Harry a pété les plombs et il m'a... »

Nom d'un scrout à pétardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant