60: Thantophobia

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« Lui diras-tu nous concernant? »

Levant ses yeux au ciel, Nurys poussa un soupir. De ce dont elle se remémorait, Christopher n'avait jamais été aussi collant. Que les choses avaient changé!

« Pourrais-tu me laisser tranquille? Je suis passée à autre chose et il serait temps que tu fasses de même. » Déclara-t-elle en lançant à peine un regard dans sa direction.

Accoudée au balcon elle observait paresseusement le mouvement des vagues en dessous. Avant l'arrivée du blond, elle avait été incapable de se défaire de ce spectacle; de la manière dont celles-ci altéraient la surface noire de la mer en y créant multiples versions de la lune.

« Ma belle, » commença Christopher avant de lui demander s'il pouvait l'appeler de la sorte. Il n'attendit point sa réponse et c'est en prenant place à ses côtés, qu'il continua, « j'ai entendu Kasen l'utiliser et je pense que ça te va bien. »

Elle se contenta de rouler des yeux, tout en continuant à observer les vagues qui s'échouèrent de manière régulière et répétitive sur le rivage. Après toutes ses années passées à vivre près de la mer, elle était consciente qu'il n'y avait rien de plus calmant que d'écouter ce son et dans son cas, combiné à ceux des mouettes.

Pendant plusieurs secondes Christopher demeura silencieux. Il attendait une réponse et elle se faisait un plaisir de le voir perdre patience.

« Tu devrais arrêter de confondre ma bienveillance pour de l'intérêt. » Finit-il par murmurer.

Après s'être exprimé, il referma l'espace entre eux, de façon à ce qu'elle soit capable de sentir sa respiration sur sa joue. Elle recula brusquement, manquant à peu près de trébucher et croisa instinctivement ses bras sur sa poitrine.

« C'est bien drôle, car je ne me souviens pas te l'avoir demandé. » Cracha-t-elle, tout en le défiant du regard.

Seulement, en parfait égoïste qu'il était, la réflexion de la jeune fille sembla le contrarier et pour la seconde fois dans la soirée, il se saisit de sa main, l'attirant violemment à lui.

« Nurys Simmons, tu devrais savoir que je suis celui qui dicte les règles, pas toi. »

« Lâche-moi. » Déclara-t-elle en essayant de se libérer de son emprise. Une fois de plus, il trouvait le moyen d'affermir sa supériorité mais elle n'avait aucune envie de le laisser faire.

Malgré tout embrouillée par leur proximité, elle se mit à regretter sa décision de s'être autant éloignée de la civilisation. De là où ils étaient, personne n'entendrait si quelque chose arrivait et elle connaissait assez Christopher pour se rappeler de ses excès de violence. Kasen lui, avait toujours été patient envers elle.

« Dis-moi que tu ne penses pas à moi parfois. Dis-moi que tu ne te demandes pas ce qu'on aurait pu devenir. » Commença-t-il avant de se baisser, de façon à ce que ses lèvres effleurent son oreille droite. « Parce que moi, oui. »

« Je m'en fiche, Cohen. »

Jamais auparavant n'avait-elle vu autant d'émotions se dessiner sur le visage du blond. En temps normal, il donnait toujours l'impression de n'être capable d'afficher que deux émotions prédominantes, la colère et le désir. Si l'un oubliait bien entendu, son côté sournois.

Le silence entre eux ne dura que quelques secondes, car il éclata finalement de rire. Froid et faux, son rire précipita un frisson glacial tout le long de l'échine de Nurys.

« Insinuerais-tu que tu ne ressens rien à cet instant? » Murmura-t-il d'une voix grave avant de la presser encore plus à lui.

Elle tenta encore et encore de résister, mais après s'être rendue compte que ses actions n'aboutissaient à rien, elle canalisa toute la haine qu'elle avait contre lui et lui lança un regard plein de dégoût.

Une question de raceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant