Une question de race

73: Impetus part II

Deux jours après, Nurys se tenait devant l'entrée principale de l'université pour la dernière fois en ces cinq prochains mois. Très tôt dans la matinée, vers quatre heures, elle avait discuté avec son frère Jaxon et il était question qu'ils se rencontrent à l'aéroport dans moins de deux heures et continuent ensemble en direction de leur pays natal.

Depuis leur conversation, elle avait été incapable de s'endormir, en proie à ses peurs et sa tristesse. Tout dans l'université, la salle commune des filles, les couloirs vides au mur glacé et même les fleurs qui fleurissaient à l'extérieur lui semblait vide de vie.

Et tout ça n'était rien comparé à son coeur. Son coeur qui avait été incapable de se desserrer depuis qu'elle en était venue à la réalisation, qu'elle abandonnait une grande partie de sa vie derrière elle.

Elle lança un coup d'oeil à Jacob et Keyana qui se tenaient à ses côtés. Ceux-ci l'avaient aidé à descendre ses valises puis les mettre dans la voiture du brun.

« As-tu tout prit? » S'enquit Keyana en lui adressant un faible sourire.

Nurys n'avait pas besoin de lui demander la raison de sa tristesse. En effet, la bouclée avait eu la charmante idée de repousser son vol d'une journée afin de se rendre à l'aéroport le même jour que sa meilleure amie, mais elles avaient apprit ce matin, tandis qu'elles arrangeaient leurs valises ensemble que son vol avait été annulé et ramené au lendemain.

« Oui. » Répondit Nurys, tandis qu'elle se tournait afin d'admirer pour la dernière fois avant longtemps l'imposante université. Elle se souvenait encore de son premier jour à Querencia; comment elle et Keyana s'étaient stoppées à ce même endroit pendant une dizaine de minutes à observer les nombreux bâtiments qui s'étendaient devant eux. Comment plusieurs élèves allaient et venaient autour d'eux, heureux de commencer une nouvelle année scolaire, souvent en groupe, rarement touts seuls.

Elle se souvenait aussi des feuilles aux couleurs rouges et oranges qui volaient à leurs pieds, et surtout du lac qui avait prit la même couleur flamboyante que les arbres qui s'y reflétaient. Elle était tombée amoureuse de Querencia dès le premier jour et jusqu'aujourd'hui rien avait changé. Elle l'était toujours.

« Es-tu prête? » S'enquit une fois de plus Keyana, dont les yeux brillaient un peu plus.

« Je ne pense pas que je pourrai jamais l'être. »

« Je ne veux pas que tu me laisses ici toute seule. »

Derrière les deux filles, Jacob s'éclaircit la gorge, mais elles l'ignorèrent toutes les deux, complètement absorbées par leur conversation et leurs émotions. Comme le Yin et le Yang, ces deux filles se complétaient et l'un ne pouvait jamais voir l'une sans l'autre. Malgré leurs différentes vues sur le monde et leur compréhension de la vie.

Nurys posa sa main sur son épaule gauche et se mit à y exercer une légère pression. Elle s'était rendue compte ces derniers jours que cela réduisait son stress.

« Suis-moi à l'aéroport alors. »

« Mais si je le fais, je ne pourrai pas te laisser partir. »

« Pourquoi nos adieux sont si difficiles? Ça n'a aucun sens. Nous vivons si proches l'une de l'autre qu'il suffirait amplement de traverser la frontière afin de se voir. » Déclara-t-elle en levant sa tête vers le ciel, afin d'empêcher ses propres larmes de couler.

« Tu sais très bien que ce n'est pas le cas. De plus, tu reviens à Manhattan dans deux semaines et j'ai mon stage au Sud de l'Afrique. Notre seule alternative est d'attendre deux mois de plus. »

Le stage de la bouclée était dans une grande industrie de la mode en Angola. Contrairement à plusieurs élèves en première année, Nurys inclut, celle-ci avait su avant même son premier cours à Querencia, dans quel domaine du journalisme elle voulait se spécialiser.