Détroit me voilà (NV)

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Après plus de dix heures de route, je suis heureuse que mon GPS m'informe qu'il ne reste plus que cinq kilomètres pour enfin arriver à l'adresse indiquée. Je ne m'attendais pas à me retrouver dans la petite campagne de Détroit. J'aurais peut-être du regarder sur internet, mais maintenant je croise les doigts pour que mon paternelle soit encore ici. Distraite par la vue du paysage je panique quand soudain, une fumée noire s'échappe du capot de la voiture, qui ralentit et finalement s'arrête. Mon cousin va me tuer quand il saura que j'ai cassé sa voiture...

Il fait nuit, il pleut et l'orage gronde pas loin. Je suis en robe noire et cerise sur le gâteau mon portable est à plat depuis deux heures. Je regarde autour de moi, il n'y a pas grands choses, des granges, quelques maisons et un restaurant qui semble fermé. En même temps à trois heures du matin ça ne m'étonne pas. Il faut que je prenne mon courage à deux mains pour sortir et chercher un motel. Je ne peux pas dormir dans la voiture, si ?

Je repère également un garage. Génial pas besoin d'appeler une dépanneuse. Un peu plus loin au bout de la route je repère un néon rouge qui indique le nom du bar : HADES ANGEL.

Je prends mon courage à deux mains, attrape mon petit gilet, ferme la voiture et je me mets à courir dans la direction du bar pour demander s'il n'y aurait pas un motel dans le coin où passer la nuit. Quand j'arrive je suis trempée jusqu'aux os. A peine la porte poussée que l'odeur de tabac et d'alcool me prend à la gorge. Le bar est plongé dans un semi éclairage. La musique est ultra forte et clairement pas à mon goût. Je crois que c'est du hard rock ou du métal, mais je ne pourrais pas le jurer. Je commence à avancer vers le comptoir pas très fière en serrant mon sac contre moi. Après avoir joué des coudes pour pouvoir avancer entre les gens, j'accède enfin au bar. Le barman a l'air pas mal occupé à draguer plus qu'à servir les boissons. Où est-ce que je suis tombée...

Je fais un tour sur moi-même pour comprendre un peu plus l'environnement dans lequel je suis. Des femmes très peu vêtues, des hommes tatoués avec un cuir sur le dos, mais ce qui me saute aux yeux c'est que ces cuirs portent le même logo que ma boite.

Après quelques minutes qui m'ont paru des heures le barman décide de venir vers moi il se penche par dessus le bar :

Salut ma belle, je ne t'ai jamais vue dans le coin. Que puis-je faire pour toi ?

Il ajoute à ces quelques paroles un clin d'œil.

-  Je suis de passage, ma voiture et tombée en panne. Est ce qu'il y a un motel dans le coin s'il vous plaît ?

D'abord surpris, il regarde derrière mon épaule et finit par me dire :

Pour ta voiture emmène la demain au garage c'est celui d'un ami. Et pour ta nuit mon lit est à ta disposition.

Il m'attrape la main pour me tirer vers lui en agitant ses sourcils. Je baisse la tête, me dégage de sa prise et fais demi-tour sans répondre. Je dormirai dans ma voiture finalement. Alors que j'allais sortir, trois types rentrent avec force dans le bar. Ne pouvant l'éviter un des hommes me bouscule, je me vois déjà un bleu sur les fesses. Je ferme les yeux, mais rien. Je décide donc de voir pourquoi je ne sens pas le sol sous moi. J'ouvre doucement les paupières et tombe sur deux prunelles marrons presque noires. Ses yeux sont hypnotiques, mais ma gentille conscience me remet au temps présent. Pourquoi est-il si près de moi ?

Je reconnecte mes neurones et me rends compte qu'en fait le mec qui m'a bousculé a eu le réflexe de me rattraper avant mon contact avec le sol. Je me retrouve donc dans ses bras, les mains posées sur ses pectoraux et les siennes qui me tiennent la taille. Enfin la taille l'une des deux est sur ma taille l'autre est posée sur mes fesses. Quand l'information arrive à mon cerveau, je me dégage rapidement de son étreinte. Mes joues sont chaudes et doivent sûrement être rouge. D'abord les sourcils froncés, il cherche à comprendre mon geste, puis rapidement un sourire arrogant, mais sexy apparaît sur son visage. Je prends le temps de le détailler, grand, très grand même, une montagne de muscles, les cheveux noirs en bataille, pas de barbe, il porte un jean noir avec un tee-shirt blanc qui lui colle à la peau et par dessus encore une veste en cuir avec le même logo. A croire que tous les mecs que je vais croiser le portent.

Alors princesse il t'est arrivé quoi pour être trempée comme ça ?

Même sa voix est sexy. Purée pourquoi je ne peux pas juste passer mon chemin. Alors que j'allais lui répondre une voix surgit derrière moi.

Ben alors la belle, tu t'en vas sans me répondre et je te retrouve dans les bras d'un de mes frères. C'est pas très sympa tout ça.

Il s'adresse ensuite à un des deux autres hommes rentrés en même temps que sexy-musclor.

Pres', la miss est tombée en panne, je lui ai dit qu'elle amène sa voiture demain au garage. Par contre elle ne sait pas où passer la nuit. Je lui ai proposé de partager mon lit, mais pas de réponse.

L'homme se tourne vers moi, mon père, cet homme est mon père! Il n'a pas tant changé que ça en 16 ans. Il me regarde de haut en bas, me fixe comme s'il pouvait lire en moi et je veux juste partir d'ici. Je n'aurais jamais dû venir.

Heu... Je... Heu

Ce sont les seuls mots que j'arrive à prononcer. Un trop plein d'émotions me prend. L'air à du mal à arriver jusqu'à mes poumons. Je sens que si je ne sors pas très vite d'ici, je vais tomber.

Je décide que prendre la fuite est la meilleure option, alors je cours pour rejoindre ma voiture. J'entends vaguement un "Ben Pres' tu sais plus plaire aux femmes." Je monte en catastrophe derrière le volant avant de réaliser que je ne pourrais pas aller bien loin avec une voiture qui ne démarre plus. Le sort s'acharne contre moi et je craque. Je pleure, je pleure pour ma mère, pour les mensonges, pour avoir vu mon père. Ce ne sont plus des larmes qui coulent sur mes joues, mais un torrent. Je ne me suis même pas rendue compte que je suis sortie. Je hurle à m'en déchirer les poumons à genoux sur le bitume, la pluie qui continue de tomber et l'orage qui déchire le ciel. Une paire de boots rentre dans mon champ de vision, je sens une veste se poser sur mes épaules et des bras me soulever.

- Alors princesse, tu peux me dire pourquoi tu pleures et hurles ainsi. Une jolie fille comme toi ne devrait pas se mettre dans cet état. Si c'est pour ce que t'as dit Coyote au bar, t'inquiète, il parle plus qu'il n'agit.

- Nan ce n'est pas ça. Juste trop d'émotions, désolée. Je vais aller dormir et demain une fois la voiture de mon cousin réparée, je vais repartir chez moi, je n'aurais jamais dû venir.

- Moi c'est Alex, mais on m'appelle Ghost. Écoute, on va faire simple, tu vas venir avec moi. Je ne vais pas te laisser dormir dans ta voiture, les mecs vont mettre ta caisse dans la cour du garage. Je vais te laisser ma chambre, je dormirai dans le salon sur le canapé. Et avant que tu dises quelque chose, sache que c'est non négociable. Je ne sais pas ce qu'il t'est arrivé et franchement je ne m'attendais pas à finir ma soirée de cette façon, mais je ne suis pas le style de mec à laisser un joli petit lot en rade. Je crèche au dessus du bar. Allez prends tes affaires et suis moi.

Il commence à partir, moi je reste bloquée. Je ne vais quand même pas dormir chez lui? Je ne pense pas avoir trop le choix. En regardant vers le bar je vois le mec de tout à l'heure " Coyote " comme l'a appelé Alex enfin Ghost. Franchement ce mec ne m'inspire pas du tout confiance. Je ne sais pas quoi faire. Est-ce que je peux faire confiance à Ghost. D'ailleurs ce dernier s'est arrêté et me regarde de haut en bas. De quoi j'ai l'air avec ma robe qui me colle à la peau, mes cheveux qui coulent dans mon dos et me collent au front...

Il revient vers moi et sans que je puisse réagir me hisse sur son épaule.

Quand je dis non négociable, c'est non négociable princesse.

Trop choquée par son geste, je me laisse transporter jusqu'à l'escalier de service du bar mais lui donne quand même coups dans le dos. 

Quand le passé apporte un avenir AUTOEDITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant