Ma relation avec Daniela avançait à son rythme. Je ne savais pas que les handicapés pouvaient être aussi romantiques. Étant psychiquement avancés , nous procréions fréquemment, sans se soucier des aléas de la vie. J'aimais Daniela chaque jour un peu plus. Notre union me paraissait idyllique. J'aimais ne plus me sentir seul à longueur de journée. J'aimais que quelqu'un m'apporte l'affection physique et morale que mes parents ne me portaient plus depuis quelques temps.
L'absence des mes pères renforçait chez moi ce besoin d'amour qui ne s'épuisait pas, que Daniela réussissait plus ou moins à combler. Elle était mon seul échappatoire vis à vis de Madame Simplouf, et de tout ce qui me tombait dessus, comme un gros coup de karma. Pourtant, j'étais plutôt sage. Sauf une fois quand j'ai écrit "nique les pd" dans mon journal intime, mais ça va, on rigole, on s'amuse...
Si je vous raconte tout ça, c'est que la solitude touche à nouveau mon cœur. Il y a trois jours de cela, Daniela avait quitté Châlon-sur-saône pour des petites vacances en Bretagne avec sa famille, soit sa mère, son frère unijambiste et son petit frère autiste.
C'était la première fois que nous nous séparions et mon cœur été compressé de désespérance. J'avais donc décidé de lui envoyer une lettre pour lui déclarer mon amour :"Mon petit sushi au thon,
J'espère que ton voyage en Bretagne se pace bien... Je vais tellement te manquer ! Ton boule inexistant me manque ... La vie ici n'a plus de sens sans toi. Les étoiles ne brillent plus autant qu'avant, papa Kanjine ne nettoie plus les fenètres, c'est poussiéreux... Je t'aime, à bientôt, ton Rose-Marie chérie. "
Je n'attendais pas de réponse : je savais que Daniela avait oublié sa prothèse, j'imaginais donc qu'elle tentera d'écrire en frappant le papier avec sa tête. Cette idée me fit sourire. Je léchai le timbre afin de le coller sur la lettre, mais ce fut inutile et même problématique car il y avait déjà de la colle dessus. Néanmoins même si j'avais retiré toute la colle avec ma bave, je trouvais le geste mignon et un petit peu subjectif. Du coup, je rajoutais de la colle esquisse qui m'avait coûté 56 centimes et une bonne dose d'énergie au Leclerc du coin. Tout fier, je glissais l'enveloppe dans la boite aux lettres du quartier. Bon voyage la lettre !
De retour à la maison, Madame Simplouf m'attendait dans le salon. Ça faisait longtemps que je l'avais pas vu cette poufiasse. Elle me fusillait du regard, avec des lasers qui sortaient des yeux, comme Goldorak. Je ne comprenais pas. Elle pointa la vaisselle moisissante du doigt. Je blêmis. Je me mis aussitôt au travail sous les injures de Madame Simplouf :
"Tu n'es qu'une sous-race, tu ne sais rien faire correctement ! Espèce d'avorton, tes pères t'ont élevé comme un cochon."
Elle tourna les talons, même si elle n'en portait pas car elle préfère les nike air force one. Penaud, je montai dans ma chambre.
"Tu vas où sac à merde ? me reprit Madame Simplouf. Y a encore de la poussière, là. T'iras nulle part tant que c'est pas prop."
Je soupirai. Madame Simplouf avait bien changé. Elle avait pris la conf depuis qu'elle a acheté ses nouvelles nike air force one oranges fluo. Les larmes aux yeux, j'exécutai ses ordres.
"Daniela, tu me manques..." murmurais-je en lavant un mug lapin crétin.
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Stuffed ducks TOME 3
Short StoryLa suite du tome 2 qui était lui-même la suite du tome 1.