Le curieux incident

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Là, en plein milieu du parc à 5 mètres de moi se tenait un canard, debout et fier. Il me regardait de ses grands yeux verts (il me faisait un peu penser à Morxitoe). Mon coeur battait de plus en plus fort à chaque pas du canard.

Le canard me regarda comme s'il voulait quelque chose. Je décidai de le suivre. Nous parcourûmes le parc dans toute sa latitude et sa longitude en traversant de nombreux obstacles tels des parcs de jeux pour enfant de 0 à 3 ans et des tas de bringdilles éparpillées un peu partout. 

Toute cette péripétie nous mena jusqu'à un buisson de baies  violettes à rayures couleur citron pleins de feuilles de formes ovalesques. Derrière ce buisson se trouvait Ruben. Il m'agrippa et me tira vers lui, tout près.. avant de me dire :

"J'aime bien tes yeux miroitants, j'aimerais bien les voir pendant une fellation."

Et là trou noir. Je me réveillait en sursaut, sur un banc dans le parc. Je m'étais assoupi.

J'avais la bouche pâteuse, la tête qui tournait. Je jetais un œil autour de moi : il n'y avait qu'une vieille dame assise sur un banc qui nourrissait les pigeons, d'ailleurs en les regardant bien il me semblait deviner que l'un d'entre-eux s'appelait Acab, mais ce n'était qu'une supposition. 

Il faisait sombre. Je demandais à la vieille :

"T'as pas l'heure wsh ?" 

Elle me dévisagea d'abord outrée et répondit avec un air folklorique :

"t telmen gro kan tu tomb du li tu tomb d deu cote"

Puis je me réveillais. Encore. En sueur. Cette fois, j'étais dans MON lit. Les yeux à moitié ouverts je balayais la pièce du regard. Je levai la tête et je vus deux yeux rentrées et une paire de lunette mauve. Papa Kanjine me regardait dormir juste au -dessus de moi et Madame Simplouf s'était assise à mon bureau.

"Rose-Marie ! cria papa Kanjine.

-Que pasa.. murmurai-je. J'ai la tête lourde..

-Tout va bien, dit papa Kanjine en caressant gentiment ma joue. Tu devrais te reposer. Allons-y Madame Simplouf, "ajouta-t-il.

Et ils quittèrent la pièce. Je me tordais dans mon lit. Ma tête me faisait mal.

Je ne comprenais pas. Je me rappelais m'être levé ce matin, j'avais mal à la tête alors j'avais pris des médicaments dans la salle de bain puis j'étais allé au parc. Je m'étais assis sur un banc... ou sur l'herbe ? Je ne pouvais plus distinguer la réalité de mes hallucinations. Mon mal de tête se montrant de plus  en plus aiguë, je me rendis à la salle de bain pour prendre à nouveau des médicaments. En plissant les yeux maintes fois, je réalisai que les dolipranes n'étaient pas exactement des dolipranes. Mais des médicaments qui n'avaient pas de buts médicinales.

Cela devait sûrement appartenir à Papa Stranger. Du bon shit, comme il dit. Je me sentais bête.

Au moins, j'ai pu voir Ruben dans mes hallucinations. Il commençait à me manquer.

Oubliant un instant ma douleur crânienne, je décidais de l'appeler. 

"Bip bip bip bOUUUUUUUP beeep 

-Allô ?

-Ruben ? 

-T'es qui ? 

-C'est moi Rose-Marie ! m'exclamais-je.

-Ah. 

-Je te dérange ? demandais-je. 

-Oui. Répondit-il.

-Ah bon. Je te rappelle alors... J'étais triste. Ruben semblait dérangé par ma présence.

-Attend ! Dit-il soudainement. Tu voulais quoi ?

-Je me disais que peut-être, on pourrait se voir, comme au bon vieux temps. 

-Quand ça ? s'enquit-il. Dis moi la date, le jour et l'heure.

-Rendez-vous demain au parc OKKKKKKKK ? (j'insistais sur le OK)

-Ok. Bye." termina-t-il sans conviction.


C'est ainsi que notre discussion s'acheva. J'avais imaginé mieux, mais j'avais un rendez-vous avec Ruben, même si pour lui ce n'était qu'une sortie entre amis.

Stuffed ducks TOME 3Where stories live. Discover now