In another life ? - Jeankasa

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Jean essuya péniblement la sueur qui trônait sur son front.

Quelle heure est-il?

Il se posait cette question alors que la nuit avait tout à fait enveloppé les fenêtres par son noir menaçant. La seule source de lumière provenait de quelques bougies déposées çà et là, éclairants à peine la pièce réservée aux entraînements du bataillon dans laquelle il se trouvait.

Il s'approcha de l'une de ces fenêtres pour émerger sa tête en dehors du lieu, profitant de l'air frais qui lui caressait le visage, détendant ses traits tendus par les exercices qu'il venait de s'imposer.

Putain. Je devrais aller dormir.

Cela faisait bien quelques heures qu'il se répétait ces mots. Ça avait commencé lorsqu'il avait quitté les draps de sa chambre, s'éclipsant discrètement sous les ronflements de Conny, radotant qu'il allait probablement être crevé pour leur mission extra-muros du lendemain.

Mais alors qu'une part de conscience lui incitait à suivre ses propres conseils, son corps et son esprit ne s'étaient pas montrés volontaires pour y répondre. Malheureusement pour lui. Voilà pourquoi il se démenait dans des exercices aléatoires et foutrement crevants depuis qu'il avait quitté le dortoir du bataillon.

La salle semblait immense, sans les autres à ses côtés, qui d'habitude étaient présents pour hurler, rire avec une discrétion peu convaincante sous les yeux assassins du caporal Livaï, ou se plaindre des durées trop longues que prenait l'entraînement quotidien. Mais tous savaient pertinemment que ces exercices étaient une partie de plaisir, en comparaison avec la vie du dehors. Le jeune homme passait une autre main, cette fois-ci dans sa chevelure humide, en se faisant cette réflexion, un léger sourire au coin des lèvres.

Il rit presque en se remémorant les figures de défense d'aujourd'hui que Conny et Sasha, le duo inséparable, exécutaient dès que Mikasa approchait pour leur demander de se battre avec elle.

Personne ne voulait se prendre une raclée devant tout le monde, mais dans cette salle, le choix n'était pas vraiment offert. Se battre contre l'"espoir de l'humanité" était toujours obligatoire, même si celle-ci était de plus en plus souvent entraînée par des hauts-gradés ou des vétérans, comme le caporal qui portait mystérieusement le même nom de famille qu'elle.

Ils se ressemblaient même dans l'attitude, parfois. Mikasa était si froide. Elle souriait si peu. Elle était si forte que c'en était déconcertant. Les gars du bataillon avaient tendance à la comparer avec cette traîtresse d'Annie, mais la grande brune n'était en rien similaire à elle. Mikasa ne faisait pas semblant. Elle ne vivait pas pour se mêler à l'ambiance générale, mais seulement pour le bien de son stupide frère et peut-être un peu aussi celui d'Armin. Elle ne voyait même pas ses propres qualités si ce suicidaire ne les lui reconnaissait pas. Elle ne distinguait même pas à quel point elle pouvait être..

Lorsqu'une brise plus glacée qu'une autre lui traversa la nuque, Jean prit conscience de l'endroit où ses pensées étaient en train de dériver.

Il soupira, de nerfs, agacé contre lui-même.

Je suis irrécupérable.

Il secoua la tête pour chasser ces disgracieuses idées qui lui traversaient l'esprit dès qu'il était pour lui question de cette jeune fille aux cheveux d'ébène.

.. à quel point elle pouvait être belle, sous toute cette putain de montagne d'indifférence.

Il se dégagea de l'appui de la fenêtre pour se diriger aux douches et se débarrasser de ses éclats de transpiration suite à ses efforts. Il ne voulut pas faire le moindre bruit pour ne pas être surprit, alors il ne se munit que d'un seul seau d'eau - froide, évidemment - pour se nettoyer à l'aide de gants.

𝐑𝐞̂𝐯𝐞𝐬 𝐝𝐞́𝐟𝐮𝐧𝐭𝐬 [ 𝙾𝚂 𝚂𝙽𝙺 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant