- OK, cool ! Et c'est quoi les autres trucs ?
Cette phrase a été ma seule réaction à cette annonce qui se devait terrifiante pour moi, du moins, c'était ce que Shino et Elaïa s'imaginaient. Mais elles faisaient fausse route. La nouvelle de l'expédition extra-muros ne me fait pas peur, c'est le fait de voir la mort en face qui me fait peur ! Pour l'heure, je n'ai aucune crainte, mais nul doute qu'une fois en situation je me mettrais à paniquer et à devenir hystérique.
Ô saintes Maria, Rose et Sina, faites en sorte que je revienne avec ma crinière de rêve en parfait état !
Shino semblait sous le choc – probablement encore étonnée de ma réaction – alors comme elle ne me révélait pas les autres informations, j'ai dégainé ma main droite et, dans un mouvement d'une élégance sans pareille, ma dextre a fait connaissance avec les deux parties latérales de son faciès.
Je crois qu'elles se sont prises d'affection car elles ont toutes les trois rougies. Ah, c'est beau l'amour...
- On est invitées chez tes parents à midi, déclare instinctivement la brune.
C'est à mon tour d'imiter une statue de marbre. Le désespoir s'immisce lentement en moi, comme un poison peut se propager dans les veines. Shino n'avait même pas pris le temps d'amorcer la bombe faisant office d'information avec des paroles rassurantes ou d'autres futilités qui aurait empêché mon cœur de louper une bonne vingtaine de battement. Non, elle m'a annoncé cash l'effroyable nouvelle, sans même se soucier de l'impact qu'elle pourrait avoir sur moi.
Cette fois-ci, ma réaction a été celle que j'aurais dû avoir pour la première nouvelle : une hystérie totale, un désespoir sombrement profond, une peur bleue et glaçante jusqu'au sang... Rien n'a de sens avec moi.
Pourtant, il y a une certaine logique, quand on connaît ma situation : ça fait huit ans que je n'ai pas mis un pied chez moi, ni donné de nouvelles à quiconque.
La cause : débilité insolente et profonde de Melody.
Mes parents ont toujours été des êtres très tendres, bienveillants, protecteurs et d'une générosité sans précédent, en bref : des gens parfaits. Ils sont le modèle exact des parents aimants leurs enfants et je ne leur serais jamais assez redevable pour tout l'amour qu'ils m'ont donné et tout ce qu'ils ont fait pour moi. Ils ne méritent pas que je les ignore pendant tout ce temps.
Même si un jour, une grosse dispute a éclaté.
Aucun mot existant n'est assez juste pour la décrire, et le nom commun "souffrance" est bien trop doux pour qualifier ce que j'ai vécu. Mes parents, comme moi, avons gardé une profonde cicatrice de ce jour-ci. Cicatrice aussi bien morale que physique.
La raison de cette dispute était la conséquence de mon immaturité : un cruel manque de responsabilité, et donc aucune perspective d'avenir, sauf celle de rester aux côtés de mes deux amies. D'ailleurs, elles aussi étaient dans le même cas que moi. On accumulait les mises en garde de nos parents, mais au fond, on s'en contrefoutait, donc on a continué de rien faire. Et puisque les autres ados du village s'orientaient vers des métiers bien réputés, ce qui faisait la fierté de leurs parents, et qu'ils s'engageaient tous petit à petit vers un avenir sûr, la bombe à retardement que j'avais posée a fini par exploser.
Le lendemain de notre grande dispute, j'ai quitté ma maison et je n'y ai plus jamais remis les pieds. À cette époque, j'avais 18 ans, et de ce fait, je pouvais déjà vivre indépendamment de mes parents. Notre trio a finalement récolté les erreurs qu'il avait semées car la réalité nous est revenue en pleine figure. Nous avons été contraintes de travailler aux champs pour gagner nos vies. L'enfer venait de commencer. La suite, vous la connaissez : on a pas supporté le boulot avec les moqueries et notre mauvaise réputation, donc nous sommes entrées dans l'armée.
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A Melody to live (Livaï / Levi x Oc)
Fanfiction"Je ne suis pas suicidaire, hors de question d'intégrer le bataillon d'exploration !" C'était ce que j'avais prononcé avant de rejoindre la garnison. Moi, Melody, 26 ans, adulte immature, froussarde et flemmarde de première classe, je refuse de ris...