Chapitre 4

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D'un regard circulaire, Nikita constata que le bureau n'avait pas vraiment changé depuis la dernière fois où il y avait mis les pieds. À vrai dire, il avait très peu de contacts avec son patron qui préférait garder ses distances avec son personnel, à moins qu'il ne manifeste une attitude peu acceptable dans le cadre de son club. Or, Nikita n'était pas le genre de personne à faire beaucoup de bruit, et depuis qu'il avait été agressé dans la rue, il n'avait plus eu l'occasion d'être convoqué dans le bureau du directeur de l'établissement.

Pour le moment, Nikita était seul. Son patron était en train de régler un problème avec un client mécontent. Un peu tendu, le jeune homme s'occupait comme il pouvait en regardant autour de lui. Il trouvait ce lieu sinistre. C'était sans doute fait exprès, à moins que son chef n'apprécie ce genre de décoration sombre et vieillotte. En fait, il ne savait pas trop vers quelle option se pencher.

Le temps commençait à devenir long. Cela devait bien faire un quart d'heure qu'il glandait dans ce bureau triste à pleurer. Nikita n'aurait su dire si son patron était vraiment occupé ou s'il voulait juste le laisser seul un moment, dans l'espoir qu'il change d'avis. En tous cas, il en avait assez d'attendre là comme un collégien ayant fait une bêtise. Certes, aux yeux de son employeur, sa décision était une bêtise. Une grosse connerie, même.

Mais il l'avait pensée, sa connerie. Il l'avait réfléchie, couchée sur le papier, mise dans une enveloppe et donnée à son chef pour qu'il la lui transmette.

Maintenant il se retrouvait là, à attendre que son patron revienne et lui sorte un discours similaire à celui que son supérieur lui avait fait un peu plus tôt, avec sans doute des menaces en plus. Mais ce soir, Nikita était prêt à tout entendre et tout endurer. Ce n'était qu'un mauvais moment à passer.

Et ce fut sur cette pensée que son patron rentra dans le bureau, le visage contrarié. Il ferma la porte derrière lui s'assit confortablement puis posa de poser son téléphone sur la table. Enfin, il se laissa aller en arrière et lui jeta un regard par en-dessous, sa main droite cachant à demi sa bouche. Cela lui donnait un air pensif. Un long moment s'écoula avant qu'il ne saisisse la lettre froissée qu'il avait écrite ce matin en se levant.

« Alors, Nikita... Fit-il d'une voix doucereuse. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus ici, n'est-ce pas ?

— Ouais, depuis mon agression, lui répondit-il sans l'ombre d'un tremblement dans la voix.

— Comment te sens-tu depuis ? Tu n'as plus eu de soucis, il me semble, n'est-ce pas ?

— Non, plus aucun.

— D'accord. Venons-en aux faits, dit-il en se redressant, la lettre toujours dans la main. Peux-tu m'expliquer le pourquoi de cette lettre ?

— Je veux démissionner.

— Et pour quelle raison ? Tu ne te sens pas en sécurité ? Tu as des problèmes avec des collègues ou des clients ?

— Rien de tout cela, répliqua Nikita en secouant la tête. Je veux juste arrêter.

— Arrêter ? Comme ça ?

— Oui.

— Tu ne serais pas en train de te foutre de moi, par hasard ?

— Je veux démissionner, répéta le strip-teaseur, les mains serrées sur ses cuisses. C'est tout. »

Son patron se pencha sur son bureau, y croisa les brasse redressa, et son regard jusqu'alors très franc se fit plus... méprisant. Nikita sentit un désagréable frisson lui remonter l'échine.

NikitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant