Ailés

Chapitre 4 : Rencontre de ressemblance

Mon cerveau assimile mal toutes ses informations pourtant je sais quelle décision je dois prendre. Je glisse le bras du garçon par-dessus mon épaule et colle son corps contre le mien. En bas, les pompiers sont trop occupés à combattre le feu pour remarquer ma présence ou celle du rescapé anonyme alors je me lance dans le vide.

Je plane quelques secondes avant de battre des ailes le plus fort possible pour m'éloigner de cet attroupement d'humains. Je vole le plus loin que je peux mais mes forces sont limitées. Je finis par ne plus pouvoir transporter la personne alors je décide de descendre vers le sol. Mon atterrissage est quelque peu brutal dû à mon manque important d'énergie. Je protège tout de même le jeune garçon de la chute pour lui épargner d'autres blessures.

Je me repose quelques instants contre le tronc d'un arbre tandis que le petit homme inconscient est allongé sur l'herbe. Je le dévisage et voit soudainement son corps se transformer. Ses cheveux bleus prennent une couleur châtain et ses ailes couleur de la nuit disparaissent dans son dos. Je suis stupéfaite. Ce petit garçon a la même particularité que moi.

Mes yeux commencent à se fermer sans mon consentement. Je suis épuisée par les efforts que j'ai produit pour sauver les prisonniers des flammes et encore plus avec ma course dans les airs pour emmener en sécurité le garçon inconscient.

Je sais qu'ici je suis en sécurité. Je me trouve à quelques kilomètres de chez moi mais personne n'oserait s'aventurer dans la forêt en pleine nuit. Mes membres se détendent et mon esprit finit par partir dans l'univers du sommeil.

Je sens une main secouer mon épaule violement. Je me réveille en sursaut et plonge mon attention sur la personne devant moi. Il s'agit du petit garçon, il s'est réveillé. Je le dévisage quelques instants et sa voix me sort de mes pensées.

- C'est toi qui m'as sauvé ?

Je hoche la tête mais un élément m'interpelle. Le petit garçon a les paupières ouvertes et malgré le reflet bleuté de ses iris il ne semble pas distinguer ma présence.

- Tu es là ? Demande-t-il alors que je suis devant lui.

J'inspire profondément avant de m'exprimer mentalement.

- Oui, je suis devant toi.

Son visage dégage de la surprise et son exclamation me confirme sa curiosité.

- Comment as-tu fais ça ?

Je ne réponds pas à sa question et me lève pour dégourdir mes jambes. Le garçon se redresse aussi et se place devant moi. Il semble me fixer mais je vois bien que ses pupilles ne me perçoivent pas. Après une longue réflexion avec moi-même, je lui demande toujours à travers les pensées.

- Tu ne me vois pas ?

- Et toi tu ne parles pas. Répond le garçon à haute voix avec un petit sourire.

Mes lèvres se forment aussi par sa spontanéité. Je lance un regard vers le ciel et conclus avec le positionnement du soleil qu'il doit être neuf heures du matin.

Une partie de moi pense à mes parents qui doivent être fous d'inquiétude par mon absence tandis que l'autre pense qu'ils l'ont bien cherché. Mon attention revient sur le petit garçon qui cherche à avancer vers moi sans pour autant me trouver. Je m'approche de lui pour lui faciliter la tâche et ses mains rencontrent mon buste.

- Désolé, je ne sais pas encore me déplacer tout seul.

Je décide de l'interroger sur sa position dans l'incendie.

- Pourquoi étais-tu dans une armoire alors que l'immeuble prenait feu ?

Le garçon prend plusieurs secondes à digérer ma question mentale mais il finit par me répondre.

- Parce que j'étais enfermé dedans.

Mes yeux s'ouvrent en grand et je ne peux m'empêcher d'ajouter.

- Comment ça ?

Cette fois le petit garçon se détourne et ne dit rien. Son silence me confirme mes doutes quand j'hésitais à prévenir les pompiers. Je pose ma main sur son épaule et m'exprime dans sa tête.

- C'est pour ça que les pompiers ne t'avaient pas sur leur liste, personne ne les a prévenus de ta présence.

Le petit garçon hoche rapidement la tête avant de s'expliquer.

- Depuis que je suis petit, personne ne fait attention à moi.

- Tes parents ne vivent pas avec toi ? Ajoutais-je curieuse.

- Je ne les ai jamais connus. Répondit avec tristesse le jeune garçon.

Je reste silencieuse suite à son annonce. Puis pour détendre l'atmosphère je lui pose une question simple.

- Quel âge as-tu ?

- Je fête mes onze ans aujourd'hui.

Ma voix se coupe quand j'apprends que l'on est né le même jour. Drôle de coïncidence.