Ailés

Chapitre 6 : Explosion d'émotions

Les larmes, évacuées par mes yeux mauves, coulent sur mes joues. Mes cheveux, de leur couleur naturelle, se mêlent au courant d'air sans trouver la bonne position. Mes bras le long de mon corps ne me permettent plus de me diriger. Mes ailes battent au cœur du ciel sans avoir de but. Mon corps souffre mais mon esprit explose. Chacune de mes pensées sont tournées vers ma vie, ma particularité, mon ami.

J'ai depuis mon plus jeune âge combattu ma différence pour rendre fier mes parents mais depuis notre rencontre je me rends compte que cela n'est pas normal. Ils auraient dû m'aimer pour ce que je suis vraiment.

Mon cerveau n'arrive plus à gérer mes émotions et le déploiement de mes ailes si bien que celles-ci s'arrêtent de battre. Mon corps tombe vers le sol à forte vitesse mais je ne fais rien pour l'arrêter. Je m'approche du sol et remarque qu'inconsciemment je chute dans mon jardin. Ma peau entre en contact avec le sol et chacun de mes os se fraquassent contre la terre meuble. Je reste allongée sans bouger. Je distingue des silhouettes accourir vers moi. Mes parents essaient de me faire réagir mais je ne peux pas leur répondre.

- Elisa ! Ma chérie répond nous, fais-nous un signe ! Hurle ma mère.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé Elisa ? Me demande mon père en espérant obtenir une réponse.

- Eliot. Murmurais-je dans leur esprit avec mes dernières forces.

Leurs visages se stupéfièrent et le couple se dévisage avant de m'avouer.

- Nous sommes désolés Elisa. Nous allons nous arranger pour que ton ami vienne à la maison.

Les mots de mon père me paraissent anodins et le regard d'incompréhension que je lui lance l'oblige à continuer.

- Il faut que tu te reposes, on t'expliquera tout après.

Mes paupières se ferment quand mon père prononce ces dernières paroles et mon corps part dans le monde du sommeil.

Mes yeux papillonnent avant de retrouver la clarté du jour. Mes parents sont assis à mes côtés et me regardent comme si j'avais une tâche sur le visage. Les souvenirs me reviennent en mémoire. J'essaie de me redresser et mon corps m'obéit sous la contrainte. Le couple m'aide à m'asseoir et une fois ma position confortable trouvée, je leur demande mentalement.

- Depuis combien de temps suis-je endormie ?

- Seulement une heure mais ton corps semble avoir récupéré toute son énergie. Répond mon père, soulagé.

- Je veux la vérité. Ajoutais-je sous leurs regards déboussolés.

Mes parents se fixent puis ma mère décide de commencer.

- Avec ton père nous n'avons jamais pu avoir d'enfant. Un jour, un homme est venu chez nous pour nous proposer un marché.

- Il nous offrait un enfant et en échange nous devions le tenir éloigné de toute civilisation. Continue mon père, ses yeux accrochés dans les miens.

Je comprends aussitôt où la conversation va nous mener.

Je suis cet enfant. Ce ne sont pas mes parents.

- Nous avons accepté et tu es arrivée dans notre vie. Reprends ma mère, les larmes coulant sur ses joues.

Mon souffle se coupe quand elle prononce les mots fatidiques. Jamais je n'aurai cru entendre ces paroles de la bouche de ma famille. Certes, j'ai toujours vécue cachée mais l'amour que me donnait mes parents était présent à mes côtés.

- Pourquoi ne pas m'avoir dit cela dès le début. Cela m'aurait épargné de grandir dans le mensonge.

- Nous avons pris peur quand les premiers signe de ta transformation sont apparus. Nous t'avons transmis tout ce que l'homme, qui t'avais confiée, nous a expliqué. En revanche, nous nous sommes mis d'accord pour ne pas t'avouer que nous n'étions pas tes parents biologiques. Répond avec sincérité mon père.

- Cela ne change en rien le lien que nous avons Elisa. Tu restes notre fille et nous, tes parents. Ajoute ma mère en posant sa main sur la mienne.

- Pourquoi avoir rejeté Eliot ? Demandais-je sous le choc.

Le couple se dévisage mais sachant que les secrets ont assez duré, mon père m'avoue.

- Quand tu nous as dit qu'il était comme toi, j'ai d'abord cru que c'était une bonne nouvelle.

- Puis nous avons remarqué votre ressemblance. Continue ma mère en serrant, dans sa deuxième main, celle de son mari.

- Comment ça ? Demandais-je confuse par leurs propos.

- Elisa, nous avons peu de détails mais nous avons rapidement compris que ton placement chez nous n'était pas un hasard. Prononce la femme à mes côtés

- Il existe un autre monde où des personnes comme toi vivent. Termine son mari.

Mes dents mordent fermement ma lèvre et je sens ma peau céder. Quelques gouttes de sang s'éparpillent dans ma bouche et je décide que s'en est trop. Je me lève de mon lit et m'avance vers la porte de ma chambre. Mes parents me dictent des mots et m'ordonnent de retourner me coucher mais je n'écoute pas. Une fois descendue dans le salon, je décide tout de même de me tourner vers eux pour les interroger.

- S'il existe un monde où ma particularité n'est pas un secret, pourquoi ne pas m'avoir emmenée là-bas ?

- Parce que tu es en danger. Affirme mon père.

- Si cet inconnu t'a emmenée ici alors que tu n'étais qu'un bébé, c'est que ta sécurité était menacée dans ton monde.

C'est à ce moment qu'un détail me revient en mémoire. Je prononce dans les esprits du couple mon inquiétude.

- Eliot. Lui aussi il est en danger n'est-ce pas ?

- Nous n'avons aucune information à son sujet donc peut-être qu'il n'est pas concerné...

- C'est pour cela que vous avez refusé qu'il reste ! Vous aviez peur qu'il me mette en danger !

- Elisa, calme-toi. On va retrouver ton ami. Ajoute ma mère peu convaincante.

- Maman a raison, nous savons où aller en cas de soucis. Continue mon père.

- Emmenez-moi, tout de suite.