Ailés

Chapitre 9 : Combat de vérité

L'homme se retourne et dévisage les quatre hommes volant que nous avons combattu. Eole se place devant nous pour nous protéger et je serre la main d'Eliot.

- Je n'aurai jamais cru que sa majesté se déplacerait pour ses enfants, me voilà surpris.

- Vous ne vous en sortirez pas aussi facilement. Attendez-vous que mes gardes viennent vous arrêter. Prononce fermement Eole.

- Ce sera avec plaisir votre majesté. Répond l'homme aux griffures en appuyant sur ses derniers mots.

- Allez-vous en, tout de suite. Ajoute en dernier recours l'homme qui nous protège.

Les quatre individus n'attendent pas les représailles et s'éloignent de nous. En quelques secondes, ils ne sont plus que des points au milieu des nuages et la tension redescend doucement. Mes doigts relâchent légèrement la paume de la main du garçon et Eole se tourne vers nous pour s'assurer que nous allons bien. Son visage est un peu abîmé par le combat mais ses yeux couleur de la lune restent toujours aussi beaux. L'homme ne semble pas satisfait du départ des brutes ailées car ses traits de visage restent tendus. Je comprends son angoisse quand la voix de Eliot prononce sévèrement.

- Vous êtes le roi ?

L'homme aux ailes bleu clair hésite avant de répondre franchement.

- Oui, je suis le roi du monde Ailé.

- Pourquoi ne pas me l'avoir dit quand vous vous êtes présenté ? Demandais-je songeuse.

- Pour ne pas que l'on découvre la vérité. Ajoute froidement Eliot.

Je tourne mon regard vers lui et m'apprête à lui poser des questions pour comprendre mais le garçon crache à l'égard de l'homme face à nous.

- C'est vrai n'est-ce pas ? Ces monstres ont raison sur notre lien.

- Eliot pourquoi dis-tu cela ? Intervins-je pour le raisonner.

- Cet homme est notre père.

- Notre quoi ? C'est imposs...

Ma voix se coupe quand je vois l'expression de l'homme musclé s'affaisser. Eliot dit la vérité.

- Les personnes qui ont voulu nous enlever n'ont pas arrêté de dire que tu es ma sœur et que le couple royal sont nos parents. M'explique le jeune garçon en se tournant vers moi.

Je ne sais pas quoi répondre et continue de fixer l'homme, soi-disant mon père biologique. Celui-ci sent mes yeux le transpercer et finit par diriger ses pupilles dans les miennes.

- Eliot dit la vérité. Vous êtes des frères et sœurs, plus particulièrement des jumeaux. Prononce l'homme avec une voix douce.

- C'est parce que tu es le roi que nous avons du change de monde ? Osais-je demander pour obtenir des réponses.

- Vous devez savoir qu'il est très rare d'avoir dans notre monde des jumeaux. Votre sécurité a d'autant plus été importante quand nous avons découvert votre lien.

- C'est-à-dire ? Ajoute Eliot, aussi stupéfait que moi.

- Vous n'en avez pas encore conscience mais vous possédez une force incroyable tous les deux. Moi-même je n'en ai jamais été témoin mais je peux vous assurer que vous êtes uniques.

Les paroles de Eole m'affectent à chaque mot prononcé. Ma vie n'est qu'un pur mensonge. Devant moi se trouve mon père biologique qui s'avère être le roi du monde Ailé, mon monde. Le garçon que j'ai sauvé de l'incendie n'est pas seulement mon ami mais mon frère jumeau.

- C'est pour cela que nous sommes nés tous les deux aujourd'hui. Avouais-je.

- Quoi ? Toi aussi tu as onze aujourd'hui ? Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? M'interroge le garçon dont la main est scellée à la mienne.

- Je pensais que cela était une coïncidence. Tout comme la forte ressemblance entre nos ailes.

- Tu aurais dû m'en parler. Affirme Eliot.

Je reste songeuse tout en regrettant d'avoir tenu à l'écart le jeune garçon. Il aurait dû être au courant de nos ressemblances. Il aurait dû savoir.

- Pourquoi suis-je aveugle et Elisa muette ? Demande le garçon à l'homme face à nous.

- Vos gènes ont synchronisé ensemble mais vos sens ont été endommagés.

- Vous êtes vraiment notre père ? Murmurais-je en fixant ses iris turquoise.

L'homme plonge dans mon regard et finit par me répondre avec sincérité.

- Oui Elisa. Je suis votre père biologique.

Mes pupilles s'humidifient quand je prends conscience de la réalité. Ma main libère celle de mon frère et je m'approche de l'homme aux ailes qui se confondent dans le ciel. Il pose ses doigts contre ma joue et ce contact m'oblige à me réfugier dans ses bras. L'homme serre mon corps frêle contre son torse musclé tandis que je m'exprime.

- Je suis désolé pour ce que je t'ai dit ce matin.

L'homme passe une de ses mains dans ma chevelure blonde et je sens un autre corps rejoindre notre étreinte. Eliot s'est joint à notre câlin et je lui laisse volontiers une place en encerclant son buste. Nous sommes tous les trois dans les airs. Nos ailes s'occupent de nous maintenir en équilibre tandis que nos peaux collent pour ressentir notre lien biologique.

En vingt-quatre heures, j'ai appris bien plus sur ma vie qu'en dix ans.

Aujourd'hui je fête mes onze ans mais aussi les retrouvailles avec ma famille.