Narcissique

48 0 0
                                    

Il ne savait pas sur qui il était tombé, une narcissique, il lapprit plus tard à ses dépens. Mais elle était splendide, longue, élancée, un visage régulier et envoûtant, des jambes qui selon le cliché si parlant « nen finissaient plus », un ventre plat, des seins parfaits, des bras magnifiques, et surtout des mains longues et fines, érotiques à lextrême. Et enfin des yeux noirs, sortis dun autre monde, comme dune autre planète. Elle dirigeait sa propre entreprise, avait un poste de responsabilité dans la ville, et faisait déjà partie des notables, à moins de cinquante ans. Bref, une professionnelle dans son métier, compétente, hyper-organisée, efficace, exerçant dans son travail la même application rigoureuse que dans son foyer, avec deux grands enfants, dont lun était encore à la maison. Ils partageaient enfin une passion commune, une activité sportive, raison de leur rencontre au départ.

Les débuts furent ceux dune passion amoureuse fulgurante, crazy love, adoration, fascination réciproque, etc., il était sur un nuage, euphorique, heureux comme il ne savait pas cela possible. Quelque chose quil navait jamais connu de sa vie, avec personne, une espèce de drogue de bonheur qui vous transporte et vous rajeunit de trente ans. Les Anglo-Saxons appellent ça, de la part des narcissiques, love bombing, il sagit dune pratique, on ne peut pas dire une technique, ce nest sans doute pas délibéré car eux-mêmes donnent le sentiment de croire à cet amour fou. Et au lieu de sengager prudemment dans une nouvelle relation, tous les freins sont lâchés, on fonce dans lexaltation, on est porté sur un piédestal par le narcissique, qui fait de vous une sorte de dieu : Ive never been so sure in my life! Et les déclarations enflammées se succédaient, les mails, les textos, les lettres quelle envoyait, parfois plusieurs par semaines, quand ils étaient séparés, allant jusquà sept pages de folie amoureuse, de délire brûlant, dadoration. Quand ils étaient ensemble, à faire du tourisme, à se balader, au moins trois, quatre, cinq fois par jour : Did I tell you today that I love you?, avec un sourire ravageur Il avait du mal à suivre, il y croyait à peine, imaginant difficilement quil puisse être lobjet dun amour aussi passionné et dévorant, dune admiration sans borne

Naturellement si vous êtes lobjet dune telle passion soudaine, vous ne voyez plus clair, aucun avertissement, aucune prudence, ne peuvent avoir cours, on reçoit cela comme une bénédiction, comme le fameux coup de foudre quon na jamais vraiment rencontré. On se dit, même si ça dure un mois, trois mois, jy vais, je profite, cest toujours bon à prendre. Les clignotants et signaux dalarmes fusaient de partout cependant, lexcès, le côté cest trop beau pour être vrai, cest un rêve, too good to be true... Et leurs discussions aussi, tout ce quil apprenait delle, quelle sétait déjà mariée plusieurs fois, dans des vies communes très courtes avec ses ex-maris, moins dun an, alors quelle navait que la quarantaine (lui avait vingt ans de plus), et que toutes ses liaisons sétaient terminées brusquement, que son premier mari avait (selon elle) tenté de lempoisonner Il y avait aussi les photos, les centaines de photos, sur les réseaux sociaux, avec une cour dadmirateurs et surtout dadmiratrices incroyable, des likes et des commentaires à nen plus finir Et puis, sa vie, quelle racontait en détail, ses photos quelle lui envoyait, à tous les âges, moi à cinq ans, moi à sept ans, moi à douze ans, moi ici, moi là, etc. ll navait cure de toutes ces bizarreries, de tous ces aspects dun ego surdimensionné, malgré ses amis qui le prévenaient : « Tu sais, méfie-toi, ces échecs à répétition, ses mariages, ça vient probablement delle »

Le sexe était grandiose aussi, les premiers temps, dans un grand hôtel sur la plage, ils ne quittèrent pratiquement pas la chambre pendant cinq jours, à se prendre et se déprendre de toutes les façons possibles, sans jamais se lasser. Elle lui annonçait quelle était multi-orgasmique et que les figures pouvaient senchaîner pour son plus grand plaisir. Un après-midi quelle était à quatre pattes sur le lit, et quil la prenait par derrière, il sortit et fit le tour du lit pour lui présenter son sexe. Avant de lengloutir, elle dit : « Oh, je nai jamais fait ça » Il utilisa un moment sa bouche, puis revint vers son postérieur, magnifique, ouvert, glissant Et revint à nouveau vers son visage et ses lèvres. Il pensait, sans lui dire encore, ils nétaient quà leurs débuts, que sil aimait ce mouvement, cette façon de faire le tour, cest à cause du fantasme de la voir prise par deux hommes à la fois. Allant dun côté à lautre de son corps, possédant ces deux entrées, il simaginait la situation, ce qui redoublait son excitation.

My Secret Life Où les histoires vivent. Découvrez maintenant