4 ~ Jasper

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4 ~ Jasper

Quel genre de parent ignore où se trouve son fils ? Ma mère aurait une attaque si jamais il me prenait l'envie de sortir sans qu 'elle sache où je vais, avec qui, et quand je rentre. Ther' (NDA : j'arrivais ps trouver un surnom pour Heather, Ther c'est bien ?),et moi passons les deux semaines suivantes principalement à la maison. Nous en profitons pour vider nos chambres ( et celle de notre père, par la même occasion ) afin de refaire la déco, et nous restons à attendre... que Max vienne frapper à notre porte. En vain. Tous les deux jours, nous allons nous promener le long du ruisseau, et Ther prend des photos de tout et de rien comme à son habitude depuis que notre père lui a offert un appareil pour ses dix ans. Nous avons été touchés par une vague... non de chaleur, mais de douceur ? Il n'a pas neigé depuis plus d'une semaine, et la température est trop élevée pour que le ruisseau gèle en surface. L'eau coule doucement, charriant des plaques de neige sale qui se décrochent des berges.
Chaque fois qu'Heather y va pour prendre des photos, je ne suis pas tranquille. Il m'est déjà arrivé de la rattraper par le col pour l'empêcher de glisser. A un moment, distrait par le chant des oiseaux, je tourne la tête. C'est alors que j'entends Ther lâcher un juron. Je fais volte-face, prêt à la soulever dans mes bras pour l'empêcher de tomber. Elle grimace en montrant son appareil photo.
- Ma carte mémoire est pleine. Tu veux bien aller m'en chercher une autre ? Je soupire. Je prends l'appareil et, après lui avoir décoché un regard noir, rebrousse chemin vers la maison.

En un rien de temps, je mets la main sur la carte mémoire ; la nuit dernière, allongé sur son lit, j ' ai regardé Ther en transférer le contenu sur son ordinateur. J'échange les cartes, rempoche l'appareil photo. Je ressors de la maison au moment où... J'entends Ther crier. Dévalant les marches de la véranda, je fonce à travers bois, le cœur qui cogne dans la poitrine. Heather n'est plus là où je l'ai laissée, elle a dû suivre le ruisseau, et j'ignore où elle se trouve.

- Heather !
- Par ici ! Sa voix me parvient au loin, sans inflexion de panique. M'enfonçant parmi les arbres blanchis, je les aperçois tous les deux :
Max fendant l'eau, Heather suspendue à son cou. Quand il lève vers moi ses yeux si brun et sourit, j'en ai le souffle coupé.
- Opération de sauvetage, dit-il, haletant. J'ai sauvé Barbie de la noyade. Je me passe la main dans les cheveux en réprimant un fou rire. Les berges du ruisseau sont boueuses et abruptes ; Max soulève Heather pour qu'elle attrape ma main et se hisse hors de l'eau.
Elle a des airs de chat mouillé avec ses cheveux brun plaqués sur le visage et dans le cou , ses vêtements collés au corps.

Ses bottes couinent quand je la dépose sur la terre ferme.
- J ' aimerais vraiment que tu réfléchisses à deux fois avant de te fourrer dans ce genre de situation, dis-je sur le ton du reproche. Max repousse ma main tendue et s'extirpe sans effort de l'eau en s'agrippant aux racines et aux rochers. Je me demande s'il me trouve changé . Oubliées, ses énormes lunettes, ce qui me réjouit, car ses yeux... On pourrait se perdre dedans, mais j'essaie de ne pas y penser, parce que c'est bizarre et un peu tordu. Il s'est teint les cheveux en noir, les porte courts et coiffés au petit bonheur. Son pantalon cargo noir, au nombre incalculable de poches, goutte par terre. Avant, j'étais deux fois plus grand que lui ; désormais, il est à peine plus petit que moi. Cinq centimètres à tout casser.

- Allo, la Terre ? s'exclame Heather. File-moi la clé de la maison ! Je cille, rompant le contact visuel avec Max pour chercher la clé dans ma poche. Heather me l'arrache des mains et part en courant. Il me faut quelques instants pour comprendre qu'elle est partie se changer. Je me retrouve seul avec Max . Pour une raison obscure, le sourire paresseux dont il me gratifie me donne un peu chaud. De la sueur perle sur mon front.

Je réfléchis à ce que je pourrais bien dire, sans rien trouver d ' intelligent ou de chaleureux. Je m'en tiens à :
- Salut ! Comment ça va ?
- Un peu mouillé , répond Max en haussant les épaules. Cette fois, je sens mes joues s'empourprer.
- Oh ! désolé, viens, rentrons. En été, nous aurions pu nous sécher en moins de dix minutes au soleil. Mais pas en cette saison. Et puis, il a sali ses vêtements en remontant sur la berge. En chemin, je ne cesse de lui jeter des coups d'œil à la dérobée. Après toute cette attente, il est là, et j ' ai du mal à y croire. Dans ma tête, j'ai stocké toutes les pensées et les questions que j'ai eu envie de lui poser, et à cet instant, plus rien ne me revient.
- Nous sommes passés chez toi, il y a quelques semaines. Il hoche la tête.
- Ouais, c ' est ce qu'on m'a dit .
- On commençait à se demander si tu n'avais pas déménagé. Il part d ' un rire brusque.
- Tu déconnes ? J'ai pris perpète dans cette ville. Je commençais à me dire que c'était plutôt vous qui m'aviez laissé tomber.
- Nos mères n'ont pas voulu nous laisser venir.

Nous montons les marches de la véranda en faisant attention à ne pas glisser sur le bois verglacé.
- J ' imagine que tu sais ce qui est arrivé à notre père ? Nous sommes venus à plusieurs reprises lui rendre visite, pendant les vacances scolaires, mais nous n'avions aucun moyen de contacter Max . Et puis, qu'aurait pensé notre père si, en trois jours de visit , j'avais préféré passer du temps avec un ami ? Un peu coupable, je me rends compte que c'est ce que j'aurais sûrement fait. Ne serait-ce que quelques heures.
Je pouvais envoyer des e -mail à mon père ou lui parler au téléphone. Mais quand je n'avais pas Max sous les yeux, que je ne pouvais pas tendre la main et le toucher, nous avions zéro contact . Et il m 'avait manqué.

- Bien sûr. Comment il va ?
- Mieux. Beaucoup mieux. Nous entrons par la porte de derrière. Max reste dans la cuisine pendant que je vais lui chercher une serviette. À mon retour, il est en train de regarder les photos de famille au mur, ses vêtements gouttant sur le sol sans qu'il semble s'en soucier. Je lui lance la serviette, qu'il attrape d'une main.
- On pourrait se passer d'une piscine dans la cuisine, je lui dis. Il hausse les épaules et gagne la buanderie adjacente, laissant la porte à demi-ouverte. Je l'entends retirer ses vêtements. Chemise, pantalon, chaussettes. Je m'appuie contre le montant de la porte, les yeux dans le vide.
- Tu peux mettre tes vêtements dans la machine. Il obtempère, puis ressort de la pièce, la serviette drapée autour des épaules, qui couvre son torse dénudé. Il a dégoté un pantalon de jogging qui doit être à moi, et je ne peux m'empêcher de sourire en voyant à quel point il nage dedans (NDA Oui le gars sourit pck sont pote il est pas aussi gros que lui, na j'déc, ils sont tout les deux obèses, ptn je suis drôle). Nous sommes presque de la même taille, mais je suis plus costaud que lui.
- T'as grandi, remarque-t-il . Et t'es . . . plus musclé. T'as fait de la muscu ? J ' esquisse un faible sourire en me massant la nuque.
- Natation et vélo . Ma mère préfère me savoir occupé pendant mon temps libre ; j'imagine qu'elle a peur que je fasse des conneries.

Max appuie son épaule contre le mur.
- Comme entrer dans un gang, braquer une banque, ces trucs-là ?
— Voilà !
- C'est tout toi, de la vraie graine de voyou ! Il penche la tête, regarde derrière moi. Heather a décidé de nous faire la grâce de sa présence. Oh ! elle s'est faite belle. Elle a passé une robe, et elle a pris le temps de se maquiller un peu - rouge à lèvres et mascara . Elle a relevé ses cheveux mouillés à l ' aide de barrettes et de pinces. Je comprends mieux pourquoi elle était pressée de rentrer. Elle se faufile à côté de moi, offrant à Max son sourire le plus lumineux.
- Je crois que je dois te remercier de m ' avoir sauvé la vie.
- Je t'en prie. Max n'essaie même pas d'être discret en reluquant les interminables jambes d'Heather. Je n'arrive pas à savoir si le noeud dans mon ventre est dû au fait qu'il la mate comme ça ou parce qu'elle aussi le couve du regard . Quoi qu'il en soit, sur le moment, je ne me sens vraiment pas à ma place.
Et ce sentiment empire encore quand Heather se penche vers Chance et, posant un doigt sur son torse, lui demande :
- T ' as quoi , sur le dos ? Laisse-moi voir. Chance arque les sourcils, mais obtempère et se retourne. Comment ai -je fait pour ne rien remarquer ? Là, sur son dos, se déploie la constellation du Dragon, et chacune des étoiles est représentée de façon minutieuse, reliée à la suivante par un tracé délicat. Ce dragon qu'il aime tant. Avec sa constitution mince, chaque respiration, chaque geste met en mouvement un muscle ou une articulation, qui fait onduler les petites étoiles.
- Ça t'a fait mal ? demande 'Ther, fascinée, en regardant le tatouage comme si elle mourait d'envie d'en suivre du doigt le tracé complexe. Tout comme moi.

Toujours doué pour attirer l'attention sur lui, Max sourit .
- Pas vraiment. Ça te plaît ?
- C'est génial , répond-elle en souriant. Mes parents péteraient un câble si je leur demandais l'autorisation de me faire tatouer avant, au bas mot, mes trente ans. Il hausse les épaules.
— Si, à trente ans, t'en es encore à demander à tes parents l'autorisation de faire le moindre truc, c'est que t'as de plus gros problèmes que le risque qu'ils te répondent non. Elle lui donne une petite tape, et il éclate de rire, avant de lui attraper le poignet et de lui tordre doucement le bras dans le dos. Il maintient sa prise, et elle rit à son tour, m'appelant à l'aide. Je me décide à intervenir, et je passe mon bras autour du cou de Max pour l'attirer en arrière. C'est incroyable, je me dis.
Moins de vingt minutes après nous être retrouvés, les choses sont comme elles l'ont toujours été. Comme elles devraient toujours l'être . Nous retrouvons cette complicité qui n'appartient qu'à nous, entre taquineries et fou rire, et ça me plaît.

Comme cela m'a manqué , de me sentir chez moi .

[ Fin du chapitre ]

J'espère que cela vous plaît, je pense commencer le chapitre 5 aujourd'hui et trouver des concours pour faire connaître le livre hihi ^^. Il est actuellement 13:10, et j'ai la flemme.

I was not a happy childOù les histoires vivent. Découvrez maintenant