Deux coups résonnèrent sur la porte.

Le bruit sourd fit à peine entrouvrir les yeux de Physalis. L'épaisse lumière blanche qui entrait par la fenêtre était trop éblouissante.

Encore deux coups.

Cette fois-ci, le cerveau de Physalis s'alluma, et en un flash, toutes ses pensées de la veille lui revinrent. Elle se redressa d'un coup dans son lit.

Sa tête sembla faire un tour sur elle-même. Son corps était engourdi, mais elle fit un effort pour articuler.

— Qui est-ce ?

— Cyclamen, répondit la porte. Il est temps de vous lever.

Encore ce nœud dans son estomac. C'est aujourd'hui.

Elle ouvrit d'un geste nonchalant la porte de sa chambre après avoir quitté avec regrets son lit si confortable. Cyclamen était là, drapée de bleu ciel, ses longs cheveux relevés en chignon, l'air un peu soucieuse.

— Vous avez mal dormi ? Vous avez mauvaise mine.

Par réflexe, Physalis remit quelques-unes de ses mèches rebelles en place, puis haussa les épaules.

Un sourire compréhensif se dessina sur le visage de sa conseillère.

— Vous devez être un peu stressée, j'imagine.

La princesse répondit par l'affirmative. Elle était effectivement anxieuse maintenant que la boisson de la veille ne faisait plus d'effet, mais elle se garda bien de raconter cet épisode à Cyclamen.

Celle-ci se faufila dans la chambre et entreprit de mettre de l'ordre. Elle ouvrit grand les rideaux pour laisser entrer la lumière matinale, ce qui finit d'éblouir Physalis. Elle s'arrêta pour observer la jeune femme en train de se frotter les yeux.

— Le lit n'est pas défait et vous êtes dans la même tenue qu'hier, constata Cyclamen. À moins que vous ne soyez devenue très matinale, je pense qu'un bon bain frais ne sera pas de trop pour commencer cette journée.

Un sourire illumina enfin le visage de Physalis.

— Bonne idée, en effet, dit-elle en riant.

— Je m'occupe de préparer votre chambre. Tout sera prêt à votre retour.

Physalis hocha la tête tout en se demandant ce qu'elle entendait par « tout ». Que pouvait-elle bien préparer encore pour une procréation avec un homme ? Il n'y avait pourtant besoin que du procréateur...

Physalis renonça à lui poser la question et s'apprêta à quitter la pièce, mais elle fut coupée dans son élan par la reine qui attendait telle une vigie devant la porte.

— Mère ! s'écria Physalis dans sa surprise.

— Bonjour, répondit-elle avec douceur.

Puis elle fronça les sourcils, ce qui indiquait à Physalis une remarque imminente.

— Tu es dans un sale état.

La princesse leva les yeux au ciel intérieurement. Elle reprit une voix plus posée.

— Je me rendais à la Source, justement.

— Parfait. Alors je t'accompagne, annonça la souveraine tout en écartant un bras pour inviter Physalis à passer.

Les deux femmes progressèrent dans le couloir immaculé, côte à côte.

La longue robe pourpre et dorée de la reine se balançait sans bruit à chaque pas qu'elle faisait. Elle se tenait avec prestance, les mains nouées dans son dos, la tête droite et le regard sûr. Même si elle n'était pas beaucoup plus grande que la princesse, celle-ci se sentait toute petite à côté.

Les Enfants de Vénus (extrait)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant