Chapitre 2:

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Ce fut de petits coups sur le bout de mon nez, comme de fines gouttelettes d'eau me tombant dessus qui me sortirent du sommeil ce matin. Ma tête me faisait mal, la lumière était trop puissante et le bruit du vent battant contre les volets encore ouverts inondait tous mes sens. Je sentais les picotements s'intensifier alors que je plissais le nez, comme des pointes fines effleurant ma peau, et, grognant légèrement en ouvrant les yeux, je tombais directement sur une petite tête énervée en train de me boxer le bout du nez. Louis donnait des coups de poing rapides, marmonnant dans sa barbe avant de réaliser qu'il avait enfin réussit à me réveiller lorsque je papillonnais des yeux, faisant voler mes cils près de son visage.

-Ah bah enfin, marmonnait-il en se reculant, ses petits pieds s'enfonçant dans la souplesse du canapé, faisant trembler ses genoux qui, parfois, s'entrechoquaient. Il coiffait sa mèche d'un revers de main comme je l'avais vu faire bien des fois depuis qu'il avait mis les pieds dans ma maison, mon chez-moi que je lui avais ouvert sans y réfléchir à deux fois. Le petit être renifla, comme pour se donner l'air énervé avant de placer ses poings sur ses hanches, ces derniers s'enfonçant très légèrement dans sa peau fournie alors que ses sourcils se fronçaient pour ne former plus qu'une ligne dure. J'ai faim moi, insistait-il en levant la jambe pour appuyer le dos de son petit pied sur ma main échouée près de mon visage, donnant un léger coup dedans pour me faire me relever.

-T'es chiant jolie fleur, marmonnais-je encore à moitié endormi avant de jeter un regard partout autour de moi, réalisant que je m'étais endormi directement sur le canapé la veille, Louis avait eu de la chance que je ne l'écrase pas dans mon sommeil.

Le soleil était déjà présent dans le ciel rosé du matin, mais je ne prenais pas peur, le soleil se levait de plus en plus tôt ces jours-ci, je savais que je n'étais pas en retard pour aller travailler, alors je me permis même un petit instant de répit pour observer la beauté du ciel. Le bleu ne se voyait presque pas, totalement éclipsé par cette étendue de rose et d'orangé, une couleur fleurie qui me donnait envie de me lever de ce canapé et vivre cette journée de façon à en profiter de chaque seconde.

Tu veux manger quoi alors? Demandais-je en me relevant rapidement du grand canapé, étirant mes membres, certains craquant et résonnant au milieu du grand salon vide de tout bruit extérieurs en raison de l'heure matinale.

-Je veux juste piquer dans ce que tu manges, répondit le petit homme en se glissant sur ses jambes, marmonnant dans sa barbe avant de pointer son doigt vers moi, comme pour anticiper ce qu'il allait ajouter. Oh, et je veux que tu me trouves un moyen de prendre une douche, ou non, un bain, réclamait-il les yeux brillants. Bien chaud et avec de la mousse, poursuivit-il, frappant dans ses mains, tendant ensuite ses dernières vers moi pour que je le porte jusqu'à la cuisine, et honnêtement, qui étais-je pour refuser quoi que ce soit à une bouille si adorable. Un sourire de sa part, un simple froncement de sourcils et je pense que je ne répondrais plus de moi-même.

-Alors ça sera tartine de confiture pour nous ce matin, marmonnais-je en glissant ma main à plat près de lui pour le laisser s'y installer tranquillement, l'observant s'allonger au creux de celle-ci, s'étirant de tout son long avant de se rouler en boule, comme près à poursuivre sa nuit. Son visage était redevenu impassible en quelques secondes à peine, et un maigre sourire avait pris possession de ses lèvres rouge cerise.

Alors, incapable de le déranger quand il avait l'air si paisible, je m'entêtais à préparer le petit-déjeuner d'une seule main, grillant mes tartines, versant mon thé dans ma tasse fumante en m'assurant de faire le moins de mouvements possible. Je plaçais tout le nécessaire sur la table avant de déposer le dos de ma main à plat contre cette dernière, chuchotant au châtain qu'il pouvait s'installer sur la table pendant que je mangeais, recevant comme réponse un simple hochement de tête négatif alors qu'il levait ses bras au-dessus de sa tête, faisant ressortir un petit ventre légèrement gonflé du tee-shirt que je lui avais fait avant qu'il n'enroule ses derniers autour de mon index, le serrant contre lui comme pour s'assurer de ne pas être obligé de quitter sa place.

Il ronchonna dans sa barbe en réclamant plus de sommeil alors qu'il venait seulement de me réveiller pour manger, désormais plus du tout intéressé par l'activité, me faisant lever les yeux au ciel. Cet homme avait beau être petit, il avait le plus grand et insupportable caractère que je n'avais jamais vu, et pourtant j'étais incapable de dire quoi que ce soit. Alors, je posais ma main à plat sur la table, essayant d'étaler ma confiture sur mes tartines d'une seule main, soufflant en même temps sur ma tasse fumante alors que je sentais Louis frotter sa joue contre ma paume, comme un chaton, un sourire délicat peint sur ses lèvres malgré qu'il semblait presque déjà s'être rendormi. Ses mains toutes petites encerclant ma peau, s'y accrochant alors que je sentais la chaleur du souffle s'échappant de son petit nez s'abattre directement sur ma peau. Comme quoi, quand il ne boudait pas, il pouvait être mignon.

Il avait l'air si innocent ainsi, si paisible, loin du monstre qui avait saccagé mon salon la veille, et pourtant, je savais qu'avec lui, je n'étais pas au bout de mes peines. J'avais dans l'intention de l'emmener à la boutique aujourd'hui, et je ne voulais même pas imaginer ce qu'il allait être capable d'y faire. Je le voyais déjà essayer de grimper dans les fleurs, glisser dans mes papiers, mettre ses petites mains partout dans mes affaires, ça n'allait clairement pas être de tout repos. Et, malgré tout, j'avais tout de même pris soin de ne pas terminer entièrement mes tartines, en laissant une partie qui servira à nourrir Louis, glissant même la fin de mon thé dans ma cuillère juste pour lui.

Pretty Flower - Larry (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant