-Mais c'est pas bon ton truc qui pue, grogna Louis en repoussant la petite cuillère que je lui tendais avec une portion des brocolis que je m'étais fait à manger à l'intérieur pour nourrir le petit homme en face de moi qui grognait, les bras croisés sur son torse, pour changer.
-Mais tu ne veux pas manger non plus mon poisson, soufflais-je énervé de le voir refuser tout ce que j'avais préparé.
-Bah, parce que c'est dégueu aussi, réfléchis, grognait-il en levant les yeux au ciel et tapant du pied, mécontent.
-Bon et bien tu auras un peu de mon dessert mais tu vas devoir attendre pour ça, tranchais-je en faisant afficher une moue boudeuse sur les traits de mon nouveau colocataire depuis une semaine, plus fatiguant du haut de ses cinq centimètres qu'une garderie entière d'enfants. Allez, viens là au lieu de grogner, marmonnais-je en lui tendant ma main, sachant que ça mettrait fin à sa mauvaise humeur comme à chaque fois qu'il allait s'enrouler autour de ma paume.
Il s'y rua sans perdre de temps, poussant un petit cri de joie avant de se jeter au milieu de ma main, comme d'habitude ses bras s'enroulaient autour de mon index, le tirant vers lui et le casant contre son torse avant de fermer les yeux dans un souffle de bonheur. Ses petits doigts s'enfoncèrent dans ma peau, comme des baguettes alors que son nez se posait directement contre mon doigt, son souffle réchauffant ma peau plaquée contre son visage. Et je faisais en sorte de manger en utilisant qu'une seule main pour m'assurer de ne pas la déranger.
En une semaine, Louis avait appris à prendre ses aises, plus encore que ce n'était déjà le cas dès le début. Il avait appris à me considérer comme un meuble présent pour sa seule nécessité et dormait un peu partout sur moi, avec une préférence certaine pour le creux de ma paume. Il y passait le plus clair de son temps, seulement parce que soit disant il y était bien au chaud et confortable. Et j'aurais voulu être capable de lui dire non quand il prenait mon doigt en otage pour s'en servir de doudou ou quand il dormait sur mon épaule en se servant de mes boucles comme d'une couverture, pas du tout dérangé à l'idée que ça pouvait me tirer les cheveux. Mais je n'en étais pas capable, pas quand je le voyais frotter sa joue contre ma peau en ronronnant presque lorsqu'il s'endormait ou quand il faisait courir ses petits doigts dans ma nuque comme s'il y formait des dessins quand il cherchait le sommeil. Alors je ne disais rien.
-T'es bien ici Louis? Demandais-je doucement, essayant d'entamer une conversation que l'on avait même jamais eu alors qu'il était devenu la chose la plus présente dans ma vie ces derniers jours. On ne penserait pas qu'accepter chez nous un petit insecte qui parle serait aussi fatiguant, il ne s'arrêtait jamais et les rares temps de repos étaient les instants où il dormait à poings fermés, et donc lorsque je ne pouvais pas lui parler.
-Je dors là, marmonnait-il, un petit sourire sur les lèvres qui me fis comprendre qu'il me taquinait simplement. Quand on ne mange pas des trucs dégueu ça va, marmonnait-il, et quand tu me laisse dormir dans tes fleurs aussi, même si après tu fais la gueule comme un gamin.
Et ça aussi, c'était son nouveau truc du moment, il avait découvert ma jolie Amaryllis à la boutique et avait dormit entre ses pétales toute l'après-midi pendant que je m'occupais des clients, et même s'il dormait déjà toute la journée ça ne l'empêchait pas de recommencer en rentrant le soir. Ce n'était pas d'un petit homme que j'avais hérité, mais d'une marmotte.
-Je ne fais pas la tête, mais t'avais arraché un pétale Louis, j'aime mes fleurs moi, je n'ai pas envie que tu les abîmes.
-Ouais, pardon, pardon, j'ai pas fait exprès aussi, je devais m'enfuir vite avec l'araignée, si tu faisais le ménage un peu il y aura pas des monstres qui se cachent dans tes fleurs.
-Pourtant toi t'y serais toujours, marmonnais-je en picorant la dernière fourchette de mon plat, le regard rivé sur la télévision diffusant une émission dont je me fichais éperdument mais que Louis avait voulu voir.
-T'es vraiment fâché? Demanda une toute petite voix hésitante sous moi, et il semblerait que pour la première fois Louis me prenait au sérieux. Et même si bien évidemment je n'étais pas fâché, je devais reconnaître que le voir prendre quelque chose à cœur me poussait à faire durer le moment.
Alors j'haussais simplement des épaules, le regard dans le vide sans vraiment répondre, sentant le châtain devenir de plus en plus concerné à chaque seconde. Il retira ses bras d'autour de mon doigt pour de redresser vers moi dans une petite moue hésitante, tapotant son index sur mes côtes pour attirer mon attention.
-Je suis désolé je ne voulais pas te faire de peine, marmonnait-il avec un air vraiment triste qui fit fondre mon cœur.
Alors, sous ses grognements et ses manies de petit être pourri gâté se cachait un petit cœur sensible?
-Ça va Louis, soufflais-je avec un petit sourire gentil pour lui faire comprendre que c'était oublié.
-Pardon, marmonnait-il une dernière fois avant de tendre les bras vers mon visage, et je savais très bien ce qu'il voulait. Alors je l'attrapai gentiment entre mes doigts, le relevant doucement jusqu'à le poser sur mon épaule où il enroula rapidement une boucle entre ses mains pour l'apporter à son visage. Il en respirait l'odeur comme je le faisais avec mes fleurs avant de se relever sur la pointe des pieds sans prévenir. Je remontais directement ma main près de mon épaule pour la placer sous lui et m'assurer qu'il ne tombe pas, perdant mes moyens lorsque je sentis de minuscules lèvres rosées comme les fraises gorgées de l'eau de la rosée du matin se poser sur le dessus de ma mâchoire, sous mes joues qu'il n'avait pas pu atteindre avant qu'il ne recule doucement, l'air de rien, dans un petit soupir innocent alors qu'il se glissait son mon col de tee-shirt comme à chaque fois. Il souleva le vêtement et glissa ses jambes en dessous avant de s'asseoir sur mon épaule, adossé à mon cou et le regard de nouveau posé sur la télévision. Et, comme j'avais pu le prévoir depuis le début, il finit au bout d'un moment par glisser de tout son long, se retrouvant allongé sur la continuité de mon épaule, mon tee-shirt lui servant de couverture et remonté jusqu'à son menton, coincé entre ses petits poings. C'était ainsi qu'il s'était installé pour regarder notre programme du soir les deux derniers jours et je sentais que j'allais y avoir le droit bien souvent, mais dans le fond, c'était très loin de me déranger, au contraire.
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Pretty Flower - Larry (Terminé)
FanfictionLe jour où la belle rose blanche du jardin d'Harry éclôt, le fleuriste ne s'attendait pas à voir apparaître au milieu des pétales aussi blancs que la neige, un petit homme grognon. Le mécheux était plus petit qu'une fleur, et semblait décidé à ne pl...