Chapitre 9

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L'homme avec qui j'avais eu un mésentente n'avait pas daigné croiser mon regard une nouvelle fois. Il n'était pas si idiot que je le pensais. Il a du me voir tout à l'heure avec son collègue et il devait se méfier de moi maintenant. Cependant, je veux vider cette salle pour discuter avec ma pote, et je le ferai.

Calmement, je m'assis à la place qui venait de se libérer, m'attirant les regards des hommes de la salle. Même celui que j'effrayais tant. Il me jeta un regard qui se voulait neutre, mais qui en cherchant bien, était empli de méfiance et de crainte. Je lui adressai un sourire que je voulais aimable. Il détourna aussitôt les yeux.

"Trouillard..."

J'avais envie de m'amuser moi, je n'aime pas que l'on m'ignore.

Je me reconnectais à la discussion qui se déroulait autour de moi.

- ... ce n'est pas possible de nous implanter ici Leila! Combien de fois faudra-t-il vous le dire?

- Je ne demande pas votre approbation Andrew, rétorqua-t-elle sèchement. Je vous tiens informé d'une décision qui a été prise par vos supérieurs.

"Alors comme ça tu t'appelles Andrew..."

J'esquissai un petit sourire pour Leila. Elle croisa mon regard et je lui fis un petit clin d'œil. Elle me sourit à son tour avant de reprendre son masque de cheffe.

- Je refuse, s'égosilla Andrew.

"T'as raté une occasion de te taire toi," songeais-je en réprimant un rictus amusé.

Je me tournai vers lui en fronçant les sourcils. L'attention de Leila se porta sur moi, faisant tourner tête des autres occupants de la salle.

"Que le spectacle commence messieurs dames."

- Leila viens de vous dire que vous n'aviez pas votre mot à dire et vous continuez d'insister? dis-je sur un ton dédaigneux.

Andrew ouvrit de grands yeux devant cette attaque frontale. Il essaya de dire quelque chose mais j'y coupais court.

- Je ne vois pas en quoi votre présence ici est nécessaire. Vous ralentissez la progression de la réunion, poursuivis-je.

- Dis celle qui est arrivée en plein milieu de celle-ci, rétorqua-t-il, rouge de colère.

- Sauf que j'avais prévenu de ce retard! mentis-je.

Sceptique, il chercha une réponse auprès de sa supérieure. Celle-ci hocha doucement la tête pour confirmer mes dires. La mâchoire de l'homme se crispa avant qu'il ne reprenne la parole.

- Il n'empêche que vous n'avez pas votre mot à dire.

- C'est bizarre, c'est exactement ce à quoi je pensais en vous entendant, dis-je en penchant doucement la tête sur le côté, le visage faussement surpris. Seriez vous capable de lire dans les pensées des gens Andrew?

- Assez, cria-t-il en abattant son poing sur la table.

- Andrew! S'exclama Leila, désormais en colère. C'en est assez! Sortez! Tout de suite! Que tout le monde sorte! Cette réunion est finie! Je vous enverrai un mail pour vous mettre au courant des différentes activités de la filial. Je ne veux plus vous voir! Mademoiselle, vous restez ici, nous avons à parler!

Les deux hommes rangèrent leur affaires, l'un calmement, l'autre avec des gestes saccadés, les mains tremblantes.

Quant à moi, je restais bien sagement assise dans mon siège, les mains croisées sur ma poitrine, détaillant le duo qui sortait de la salle. Une fois que la porte fut refermée, Leila se tourna brusquement vers moi, me foudroyant du regard.

- Je peux savoir ce qui te prends de te pointer en plein milieu d'une réunion des plus importantes, et de faire en sorte de jarter tous mes collaborateurs?

- Il y a deux raisons à mon comportement, lui dis-je avec un petit sourire. Tu veux commencer par la plus raisonnable ou la plus déraisonnable?

Elle soupira lourdement en fermant les yeux. Son agacement suintait par tous les pores de sa peau.

- Je vais commencer par l'explication déraisonnable alors, dis-je. J'avais une très forte envie de faire chier tes collaborateurs coincés du cul. Je tiens à t'informer, qu'ils sont respectivement : avide de pouvoir, de sexe, et d'une prudence qui frôle la mélomanie bien qu'il possède un bon instinct me concernant.

Leila se passa une main sur le visage, visiblement autant dépassée qu'agacée de mes révélations.

- Et l'explication la plus raisonnable? souffla-t-elle lourdement. Tu te faisais chier et t'as décidé de venir m'emmerder?

- Alors, ça aurait pu être possible mais non. Y'a juste ton mec derrière la porte avec des potes qui sont accessoirement des clients qui veulent te demander un service urgent.

A mes paroles, elle se redressa brusquement en écarquillant les yeux.

- Tu ne pouvais pas commencer par ça, s'écria-t-elle en se dirigeant vers la porte pour leur ouvrir.

- Hey! m'indignais-je. Je te signale que je t'avais demandé par quoi tu voulais commencer! C'est toi qui en fait qu'à ta tête!

- Salut Honey, lança James en rentrant dans la salle, l'embrassant brièvement. Excuse moi de te déranger au travail. Mais...

- Tu as besoin de moi, la coupa-t-elle en regardant Mégane. Et je sais de quoi il en retourne, je suis au courant du léger problème qu'il y a sur votre contrat. Mais je vais devoir vous répéter la même chose. Les créneaux ne sont pas disponibles. Nous sommes à environ une semaine de l'evenement, c'est impossible de vous trouver de la place, même avec toute notre bonne volonté.

Devant les paroles attristées de Leila, mon amie baissa la tête en se mordillant la lèvre. En la voyant si accablée, je ne pus m'empêcher de prendre le relai.

- Mais si vous faites des heures sup'? Je sais que c'est vraiment pas cool ce que je te demande, mais....

- Mais tu as besoin de moi, soupira lourdement Leila avant de s'avachir dans son fauteuil.

Elle se massa doucement l'arrête du nez, les sourcils froncés.

- Des fois j'en viens à regretter d'être ton amie Aléséa.

Je me contentai de sourire, sachant d'ores et déjà quelle allait être sa réponse. Après de longues secondes qui parurent sans doute interminables pour les autres, elle finit par répondre, vaincue :

- Je vais réunir l'équipe ce soir. Nous commencerons les photos dès aujourd'hui, et terminerons demain. Je vous préviens, vu le peu de temps devant nous, vous aurez pas intérêt à chipoter sur les détails, va falloir agir de manière concise si on veut que tout rentre dans les temps.

Un sourire reconnaissant s'afficha sur les lèvres de Mégane. Folle de joie, elle se jeta au cou de la petite amie de James.

- Merci, tu me sauves la vie!

- Remercie surtout Aléséa, rétorqua-t-elle amusée. Si j'ai cédé aussi facilement, c'est que je lui dois beaucoup.

Les autres tournèrent le regard dans ma direction, curieux.

" Et allez... Encore un autre sous-entendu... Bon sang ils se sont bien trouvés ces deux là. Aussi chiant l'un que l'autre!"


Bultaoreune //BTS (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant