Chapitre 6

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Cela faisait environ une semaine que Mégane était rentrée en France et que j'avais pu rencontrer mes idoles. Tous les matins en me réveillant pour me rendre à la fac, j'affichais un énorme sourire. Les garçons me taquinaient en me disant que j'étais tombée amoureuse. Et je leur répondais à chaque fois qu'ils pouvaient aller se faire voir.

On peut ressentir de l'admiration sans pour autant ressembler à une hystérique et être folle amoureuse!

Bon, il faut dire que je ne suis pas l'exemple à suivre en ce qui concerne la normalité, mais quand même. Je ne suis pas une hystérique. Enfin je ne pense pas. Faudrait que je demande à James pour en avoir la certitude.

Je soupirai devant mes pensées toutes plus inutiles les unes que les autres devant ma copie vierge. Il allait falloir que j'arrête de rêvasser si je voulais remplir cette disserte d'histoire.

Je me mis enfin au travail. Les heures passaient mais je continuais de me perdre dans mes pensées. Si bien qu'au lieu de sortir en avance comme à mon habitude, je rendis ma copie à la fin du temps imparti.  Dès que je sortis de la salle, je vis James qui m'attendait, les bras croisés sur le torse.

- Toi, il y a quelque chose qui te travail.

- Mais non, répondis-je d'une voix lasse.

- C'était pas une question Aléséa.

Je soupirai, sachant déjà comment cette discussion allait se poursuivre.

- James, t'es pas mon père, t'as pas besoin de jouer la nounou avec moi.

- Dis la femme la moins sérieuse au monde, rétorqua-t-il sur un ton ironique.

Mon visage se ferma aussitôt. Mon ami soupira en comprenant que je ne souhaitais pas partager mes réflexions. Il se mit à marcher à mes côtés pour sortir de la fac sans me poser davantage de question, me laissant dans mes pensées. On venait de terminer notre journée et j'avais senti le poids de son regard sur ma nuque durant tout ce temps.

Je ne pouvais pas reprocher à James de s'inquiéter pour moi. Je n'étais pas une personne que l'on pouvait considérer comme stable. Mon séjour en Afghanistan m'avait bien marqué en plus de mon passé. Mais il ne pourra pas toujours garder un œil sur moi. Il a une petite amie et dès qu'on aura notre diplôme on partira chacun de notre côté. Le léger problème c'est que je ne sais toujours pas où je voulais aller.

Des amis m'avaient parlé de mannequinat, d'être auteure, directrice ... Mais j'en savais rien. Et pour l'instant je ne voulais pas me biler avec ces histoires.

James et moi nous nous installâmes dans une terrasse en silence. On regardait les passants déambuler devant nous, chacun perdu dans ses pensées. Il finit par se retourner vers moi et me demanda sur un ton hésitant :

- Aléséa?

- Ouais.

Il se mordilla la lèvre inférieur avant de lâcher comme une bombe :

- Tu crois que je devrais demander à Leila si elle veut m'épouser?

J'écarquillai les yeux de surprise avant qu'un grand sourire ne fende mon visage.

- C'est à toi de voir, je ne peux pas décider pour toi, mais sache que je t'aiderai si tu te décides à te lancer.

Il m'adressa un petit sourire reconnaissant avant de retourner à sa contemplation. L'un des avantages de l'avoir eut comme frère d'arme était que l'on n'avait pas besoin de longs discours se comprendre. Aller à l'essentiel était une chose sur laquelle nous accordions beaucoup d'importance. Du point de vu extérieur, c'était parfois très troublant, mais on aimait bien se moquer des gens qui nous considéraient comme des extraterrestres. Par contre on devenait moins gentils quand on nous sortait qu'on allait bien ensemble.

Sérieux les gens vous avez quoi dans les yeux pour dire des trucs pareils! Sans compter qu'il est avec une fille depuis déjà six ans! Il était avec sa petite amie depuis sa première L. D'ailleurs, je ne sais pas comment elle a fait pour supporter le fait qu'il parte au Moyen-Orient. Encore une des raisons qui me poussait à ne pas m'attacher. Sur une liste longue comme le bras, ça rajoute une ligne quoi.

Il faut dire je suis un peu particulière sur quelques points.

Tout d'abord, j'ai eu mon bac à seize ans et j'ai commencé ma licence de lettre tout de suite après, mais en plein milieu, j'ai arrêté pour m'engager. J'ai ensuite été affecté à un régiment pendant deux ans. Je suis tombée sur James là-bas. De base, je n'étais qu'un simple soldat, mais une mission sur place m'a rapidement faite monter en grade.

Ensuite, j'ai une phobie vraiment étrange. Il n'y a que James qui est au courant. Quand je lui en avais parlé, il ne m'avait pas regardé avec pitié comme je m'y attendais. Il m'avait encore moins jugé. Il s'était contenté de poser une main sur mon épaule et me dire avec un ton compatissant :

- J'espère que tu arriveras un jour à passer outre de tout ça. Tu mérites le meilleur Aléséa.

Cet homme était une pépite. Je le considérais comme le frère que je n'avais jamais pu avoir et lui même se considérait comme tel.

Perdue dans mes pensées, je ne me rendis pas compte que ma commande était arrivée. James dû me secouer gentiment pour me sortir de mes pensées. Il avait l'habitude de me reconnecter à la réalité depuis notre service. Étant une personne rêveuse de base, j'étais désormais plus que jamais distraite par mes souvenirs. Et un rien pouvait me faire replonger dans une violente crise d'angoisse.

Je soupirai en essayant de me détacher de mes pensées, me mettant à siroter ma boisson. Il ne servait à rien de ressasser de vieux souvenirs à moins d'aimer se faire mal.

Peut-être que c'était pour ça que je passais tant de temps perdue dans mes souvenirs?

- Aléséa, arrête de penser.

- J'essaye figure toi.

Je vis les gros yeux à mon ami et il se mit gentiment à rire.

- Continue de te moquer de moi et je vais dire à Leila que tu avais un crush sur Mégane.

- Mais puisque je te dis que c'était juste un coup de chaud!

- Mais oui Darling, mais oui, répondis-je en riant.

Il soupira, las de mes plaisanteries. Taquine, je lui mis une petite pichenette avant de retourner à ma contemplation.

Soudain, des mains cachèrent mes yeux, me faisant violemment sursauter. En jurant, je sentis que je renversais au sol la moitié de ma consommation.

- Oh, excuse moi!

On me libéra, et je vis Mégane faire le tour de ma chaise penaude.

Je lui adressa un sourire rassurant avant de reposer mon verre.

- Pas grave, qu'est ce que tu fais ici?

- Les gars et moi on se promène en ville, ils veulent visiter un peu.

Je me tournais et je vis le groupe me faire un signe de la main. Je leur répondis avec un petit sourire avant de m'adresser à Mégane.

- Pas trop dur de les gérer?

En réponse, elle me fit une grimace. James et moi nous nous mîmes à rire. Les garçons s'approchèrent, intrigués.

- Qu'est ce qu'il y a, nous demanda Jimin, curieux.

- Rien ne t'inquiète pas! répondis-je avec un grand sourire.

Il me fit une moue adorable en boudant. Je pouffai de rire avant de reporter mon attention sur Mégane.

- Vous avez pu avancer dans vos projets?

- Oui on est pas mal en avance. On est tranquille un petit moment. Mais on doit se rendre à une agence avec laquelle nous avons passer contrat. On a des photos à faire des gars, mais il y a des problèmes de planning, donc...

- Tu vas devoir mettre un coup de collier pour t'assurer d'avoir ce que tu veux, terminais-je. Ouais je comprends.

- On doit d'ailleurs y aller. Vous voulez venir avec nous?

- Pourquoi pas, répondit James en se levant. Je vais payer et on vient avec vous.

Bultaoreune //BTS (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant