Bultaoreune //BTS (en pause)

Chapitre 10

J'avançais en direction de mon appartement les mains dans les poches, perdue dans mes pensées.

Ces-derniers temps, tout le monde n'arrêtait pas de faire remonter des souvenirs douloureux ou alors pas forcément joyeux. Je savais que je les inquiétais. Mais j'étais comme ça. Je ne supportais pas qu'on me force à faire face à mes pires cauchemars. Ce n'était pas un choix de ma part de faire taire un pan entier de ma vie. Tout ce que je voulais, c'était oublier ces moments. Mais il semblerait que je ne pourrai jamais m'en défaire.

Je m'étais trop enfoncée. Il était impossible pour moi de m'en départir, pour mon plus grand malheur. Chaque nuit je revivais toutes les atrocités que j'avais vécu. A croire que finalement, c'était moi la méchante de l'histoire.

Je lâchai un soufflement d'agacement, montant les escaliers pour rejoindre mon étage. Je rentrai rapidement dans mon appartement, avant de me jeter la tête la première dans mon lit. Des fois je me demande pourquoi j'en sors le matin si c'est pour au final me faire chier toute la journée.

Je grognai de dépit en me relevant pour me diriger vers la salle d'eau pour me préparer à aller dormir. J'avais vraiment besoin de sommeil. Quelques minutes plus tard, j'étais sous mes draps, les yeux clos, cherchant à m'endormir. Et miraculeusement, je ne mis pas plusieurs heures comme à mon habitude.

Mais finalement je me demande si je n'aurai pas mieux fait de faire une insomnie.

- Aléséa. Réveil toi bon sang...

Je me sentais secouer. Lorsque j'ouvris les yeux -avec toutes les difficultés du monde- je vis que je me trouvais dans une geôle. L'homme qui venait de me réveiller avait son visage plongé dans l'obscurité. Il me secouait en chuchotant, faisant vriller dans tout mon corps une douleur aiguë.

- Qu'y a-t'il, parvins-je à dire d'une voix cassée.

- Ils arrivent... Dis leur. C'est pas grave, tu vas mourir s'ils continuent.

Je laissai échapper un rire sans joie, fixant le plafond alors que les pas dans le couloir se rapprochaient.

- Le problème, c'est que si je leur dis ce qu'ils veulent, ils n'auront plus besoin de nous.

Je sentis sa poigne sur mon poignet se resserrer alors qu'il baissait les yeux.

- On va crever de toute manière... Autant que ce soit le plus rapidement possible. Autant mettre fin à nos souffrances. Merde Aléséa, ils t'ont fait toutes les pires atrocités!

La porte s'ouvrit dans un grincement. Je ne bougeai pas, allongée à même le sol. L'homme voulut se mettre entre moi et les geôliers, mais un coup de poing dans la mâchoire l'envoya valser. On me prit alors par les bras pour me relever de force. Je me laissai trainer sans émettre la moindre résistance. Je savais que c'était inutile.

Une larme solitaire se mit à couler sur ma joue. Je savais ce qui m'attendait. Mais je ne pouvais rien dire. Sinon ils tueraient James.

Dans un sursaut, je me redressai sur mon lit haletante, le cœur au bord des lèvres. Je cherchai d'une main tremblante la bassine que je rangeai dans mon lit pour ce genre de situation et vomis tout ce que j'avais pu ingurgiter ces dernières heures. Des larmes coulaient alors que j'étais secouée de spasme, penchée en avant au dessus de la bassine.

Pendant plusieurs minutes, je continuai de vomir, bien que je ne finisse que par recracher de la bile. Une fois que je sentis ma crise passer, je me laissais tomber sur le dos, tremblant de partout et claquant des dents. Je me laissai quelques instants pour me calmer avant de sortir de mon lit pour jeter le contenu de la bassine dans les toilettes. Puis je me mis sous ma douche, laissant l'eau chaude couler sur mes vêtements, les plaquant contre mon corps.

Les yeux perdus dans le vide, je ne sus combien de temps je restai dans cette position, laissant l'eau ruisseler sur moi, effaçant par la même occasion mes larmes.

Chose certaine, j'étais pas prête de retourner me coucher.