Chapitre 8 _ L'œil de la bête

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A l'aube, Antarès s'était réveillée sans qu'aucune douleur ne vienne l'assaillir. Cependant, elle resta un long moment immobile, le regard scotché à son plafond. Elle était inquiète. Elle ne voulait pas aller au cours. Mais elle n'avait guère le choix.

La jeune femme se leva, sans la moindre motivation. Sa chambre était vide, et il y régnait un silence presque paisible. Et, tandis qu'elle s'évertuait à s'habiller comme il convenait, elle se mordit la lèvre inférieure. L'autre reviendrait assurément la harceler à un moment ou à un autre. Avec un peu de chance, elle serait tranquille toute la matinée, mais qui pouvait le prédire ?

Penchée en avant, Antarès achevait de mettre ses bottes lorsqu'Alhena entra dans la chambre. Elégamment vêtue comme à son habitude, Alhena salua sa cousine, s'inquiétant aussitôt de son état.

- Disons que je n'ai pas passé une mauvaise nuit et que je vais bien, répondit Antarès en haussant les épaules. En tout cas, pour l'instant.

- Restons optimistes... Au moins le temps de la leçon particulière.

Antarès acquiesça, sans pour autant n'être sûre de rien. Alhena pressentait également la même chose, mais ne laissa paraître qu'une certaine gaieté tandis qu'elle poussait sa cousine pour qu'elle sorte en première.

- Tout le monde est déjà parti, lui informa-t-elle. Pressons-nous !

Et elles sortirent ainsi, marchant d'un pas rapide pour rejoindre le terrain d'entraînement où se déroulerait leur cour. Un chat miaula à leur passage, avant qu'on ne leur ouvre la grande porte de la salle d'arme, où les élèves des Aigles de Jais et des Lions de Saphirs se préparaient déjà. Elles n'avaient donc à peine que quelques minutes de retard.

Dorothea s'approcha immédiatement d'elles, arrivant presque à accaparer toute l'attention d'Alhena. Peu réceptive à ce genre de conversation, Antarès décida de s'éloigner un peu, sachant néanmoins que sa cousine gardait tout de même un œil sur elle. Sans que la moindre motivation ne l'ait gagné jusque là, Antarès s'équipa d'une épée en bois de celle qu'elle avait fait tomber la première fois qu'elle était venue ici. Elle esquissa un maigre sourire avant de se retourner, et d'apercevoir Felix.

- Oh, non... murmura-t-elle en reculant d'un pas.

Ce détail lui avait totalement échappé. Bien évidemment, le cours se passait exceptionnellement avec les Lions de Saphir, sa grande hantise... Pourquoi fallait-il que cela tombe sur les Lions de Saphir ?

- Excusez-moi ?

Antarès se tourna vivement, manquant de menacer celui qui l'avait approché de sa fausse épée. Néanmoins, elle se ravisa à temps, surtout lorsqu'elle reconnu Dimitri Alexandre Blaiddyd, prince héritier du Saint Royaume de Faerghus, et chef de la Maison des Lions de Saphir. Honteuse, la jeune femme lui adressa un léger salut, aussi courtois que possible.

- Je crois savoir qui vous êtes, s'avança-t-il poliment. Ne seriez-vous pas la fille du Comte d'Alioth ?

- Jadis, ce fut le nom de mon père, répondit Antarès en se montrant distante. Quand il s'est marié avec ma mère, il lui a préféré son nom... Et à ma naissance, j'ai tout naturellement hérité de ce blason au lieu du sien.

- C'est bien vous, alors... Vous êtes Antarès Séraphine Bellastra... La déchue qui a préféré l'Empire au Royaume.

Il n'y avait pas de jugement dans le ton de sa voix, mais Antarès le prit tout de même assez mal. Après tout, c'était la raison pour laquelle on l'avait si souvent lynchée lorsqu'elle vivait chez son oncle ; parce qu'elle était née au Saint Royaume. De même, là-bas, on la méprisait pour ne pas avoir choisi de rester auprès du futur roi... Dimitri, donc.

Fire Emblem _ The Wolf CurseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant