Chapitre 4 _ Les Aigles de Jais

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Le lendemain, Antarès se leva bien plus tôt qu'à l'accoutumé. La classe ne commençait que dans trois heures, mais peu lui importait. Elle décida de ne pas rester au lit, et se prépara pour la journée. Une fois vêtue, elle prit son petit sac et se glissa hors de sa chambre, et veilla à ne pas faire de bruit dans le couloir. Elle descendit prudemment les escaliers, et rejoignit en vitesse la serre avant qu'aucun garde ne la remarque.

Elle ne saurait vraiment expliquer pourquoi, mais la jeune femme aimait beaucoup cette serre. Même si elle ne l'avait découvert que la veille, elle ressentait une profonde quiétude qui la berçait agréablement. Elle s'avança jusqu'aux rosiers, et huma leur parfum floral, se plongeant volontairement dans ses vieux souvenirs. De son vivant, sa mère était une grande adoratrice des fleurs, surtout des roses. Se rappeler de sa mère lui procurait une douceur incertaine, car piquée d'une douleur lancinante qui lui transperçait le cœur.

- Mère... soupira-t-elle avec tristesse.

Antarès, d'ordinaire, préférait ne pas songer à ses parents. Elle en souffrait trop, mais par moment, c'était nécessaire de se souvenir qu'elle n'avait pas le droit au bonheur, qu'elle était un monstre, une exclue de la société. Si Alhena n'avait pas été là...

Après quelques minutes de silence, durant lesquelles Antarès était restée songeuse, l'inspiration lui vint subitement. Elle tira donc hors de son sac une lyre noire qu'elle emportait partout où elle allait, et commença à en gratter silencieusement les cordes. La serre déserte fut alors envahie d'une douce musique emplie de mélancolie. Plongée dans ses notes, Antarès ne prêta plus attention à ce qui se passait autour d'elle, jouant simplement ce qui s'apparentait beaucoup à un requiem. Finalement, lorsqu'elle cessa de jouer, elle poussa un long soupire avant de ranger son instrument. Ce fut à ce moment là que la porte de la serre s'ouvrit, la faisant sursauter. C'était un jeune homme, abordant l'uniforme académique, de petite taille, avec de magnifiques yeux verts comme elle n'en n'avait jamais vu. Il s'arrêta un instant en la voyant, avant de s'avancer vers elle.

- N-non... voulut-elle l'arrêter d'une petite voix tremblante. Ne vous approchez pas...

- C'est vous, n'est-ce pas ? demanda-t-il sur un ton presque colérique.

- H-hein ? bredouilla-t-elle en imaginant le pire.

Antarès ne savait plus vraiment où se mettre. Elle était piégée dans cette serre, avec cet inconnu qui lui barrait la route de la sortie. Elle avait peur. Peur de devoir encore supporter de la haine dans les yeux de ceux qui la croisait. Celui qui se trouvait en face semblait particulièrement énervé, du moins ses fins sourcils étaient froncés, et ses intenses yeux verts paraissaient être à la recherche de la vérité. Mais de quelle vérité ?

- C'est vous qui avez taillé le rosier, j'en suis persuadé ! s'exclama-t-il tout à coup sur un ton enjoué.

A peine avait-il prononcé cette phrase que son regard s'illumina, et que ses traits perdirent toute trace de colère, ou de réflexion. Il ne laissait paraître plus qu'une intense joie de vivre déroutante, qui perturba grandement Antarès.

- De... De quoi ?

- Les roses n'ont jamais été aussi radieuses, déclara-t-il sans perdre son air enjoué. J'étais sûr que la personne qui leur avait rendu fraîcheur reviendrait !

- J-J'ai fait une bêtise ?

- Mais non, absolument pas ! J'étais censé m'en occupé hier après-midi, mais vous m'avez devancé.

- Et c'est... Mal ?

- Non, non, vous avez fait un travail admirable ! Regardez comme ces fleurs sont belles, à présent. Je ne me souviens même pas les avoir vu aussi jolies.

Fire Emblem _ The Wolf CurseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant