Hayden Coaqs attendit, en vain que Nevy Haps s'endorme.
Au bout de deux heures, il lui avoua qu'une fois il n'avait pas dormi pendant trois jours. Elle allait rester coincé dans cet endroit pour le restant de ses jours. Elle devait retrouver Adam à minuit. c'était il y a une heures. Hayden ne se sentait pas capable de redescendre seule de cet endroit.
Nevy Haps, ne tarda pas à sombrer, échoué sur son canapé. Sur la pointe des pieds elle s'approcha de la porte d'entrée. Elle vérifia que son hôte dormait toujours. Les ronflements bruyants la rassurèrent sur ce point. Elle avança donc sur le palier, inspira un grand coup, et sans plus de cérémonies, sauta sur le palier en dessous. La réception fut douloureuse en plus d'être poussiéreuse, et bruyante. Elle n'avait pas appris à tomber mais garda ses mains contre elle et lutta contre l'envie de les tendre : meilleure façon de se casser le poignet. Le côté droit de son corps embrassa le sol et en même temps la poussière s'envola. Le reste du trajet se passa sans incident. Elle était à l'extérieur, comme un morceau de viande fraîche au milieu de requins affamés. Il lui faudrait maintenant éviter des patrouilles avides d'arrêter des innocents afin de recevoir une prime. Hayden avança prudemment dans une direction au hasard (parce que ce souvenir du chemin aurait été trop simple). Elle repéra rapidement une grande artère. Il serait plus difficile d'y progresser discrètement, mais il serait plus facile de trouver une direction. La rue était vide, quelques lampadaires l'illuminaient, mais on pouvait aisément sentir que l'intégralité du budget de la cité n'était passé (du tout) dans l'éclairage mais plutôt à engraisser joyeusement le Gouvernement. Ça éclairait malgré tout suffisamment pour faire voleter les moustiques, mais pas pour que l'on puisse y voir décemment. C'était mieux ainsi : elle ne verrait pas les patrouilles arriver mais elle pourrait les entendre. Ce ne serait pas leur cas.
Elle arriva sans encombre à la moitié de la grande rue (qui était vraiment, vraiment grande). A ce moment, Hayden distingua un panneau indiquant l'hôpital. Elle continua d'avancer. La plupart des bâtiments étaient des commerces et des habitations. Il y avait quelques bars mais Hayden n'envisagea pas d'y entrer. Elle remonta la capuche du sweat et fit disparaître au mieux ses cheveux. La lumière était particulièrement vive et on voyait nettement sur le mur en bois face à elle les avis de recherches qui y étaient épinglés. Il y avait plusieurs criminels aux visages vraiment effrayants et aux primes à faire pâlir même le plus riche de la cité. Et puis il y avait une affiche plus petite. Elle ne l'aurait pas vue si le visage qui y était dessiné ne l'avait pas interpelé, d'autant que comparé aux autres la prime n'était pas exceptionnelle. Le visage était fin, presque maigre, les cheveux qui tombaient sur le front en bataille. Le visage lui semblait vraiment familier. Le dessin était grossier, de fait elle ne pouvait pas en dire beaucoup plus sur les particularités du portrait. Mais quelque chose la faisait tiquer, notamment dans le regard froid et transperçant qui ressortait du dessin. Quelques ivrognes tournèrent la tête vers elle. C'était le moment de décamper.
Elle s'éloigna dans la partie abandonnée de la ville. Une partie fantôme de la ville, dans le genre des westerns : des portes qui battent au gré du vent, des fenêtres qui claquent, du bois partout, le sable qui se soulève et nous étouffe. Hayden tenta, en vain, de réprimer sa toux. C'était l'endroit de la ville, le seul, qui la fascinait le plus. Il y avait quelque chose de magique, de surnaturel qui flottait dans l'air. Elle se sentait dans son élément. Cette partie, en raison de la proximité des enceintes était peu voire pas habité. la jeune fille avançait donc dans le silence des rues abandonnés lorsqu'elle entendit un cri perçant. Elle s'arrêta. Elle entendit un autre cri, moins fort et plus désespéré. Cette fois, elle parvint à la situer. Elle continua d'avancer avant de tourner sur la gauche. C'était proche. Au milieu d'un carrefour, elle s'arrêta, se tourna sur elle-même. La gauche, encore ? La droite ? Ou la rue face à elle ? Elle était dans un labyrinthe. Il n'y avait d'autre lumière que celle de la lune. Les murs semblaient se refermer sur elle, se rapprochant de plus en plus. Hayden luttait contre le sentiment d'oppression qui la gagnait. Décidément, l'action n'était pas son point fort ! Un bruit de pas impatient et peu discret s'approchait. Elle se plaqua contre un mur. Lorsqu'il se furent éloigné, elle osa expirer. Après s'être assurée que personne ne la suivait elle s'engouffra dans une embouchure situé sur sa gauche. Elle débouchait sur une impasse sombre, humide, pavé. De l'eau gouttait sur le pavé, dans le silence de la nuit, dans sa noirceur à une cadence régulière. Les flaques reflétaient les rayons pâles de la lune. Hayden baissa les yeux sur le pavé. Elle vit une flaque sombre. Une main rouge. Un bras replié anormalement. Un buste masculin. Le cou. Le tee-shirt noir. Le visage, blanc, presque gris. Il avait la bouche ouverte et le regard fixé vers le ciel. Hayden se demanda si elle n'hallucinait pas. Elle mordit son point, pour empêcher le hurlement qui montait dans sa poitrine. La blonde sentit soudain une main se refermer sur son bras. Terrassée par la peur elle tira de toutes ses forces pour se dégager de la prise de l'intrus et se tourner face à lui. L'intrus détacha sa main et lâcha un long soupir. Elle se recula à bonne distance, et ils se dévisagèrent un instant en chien de faïence.
Ici, dans cette ruelle sombre, avec pour seule source de lumière le pâle rayon lunaire, elle paraissait en dehors de la réalité. Sa chevelure dorée prenait des teintes argentées. Il l'avait observé longtemps, mais jamais autrement qu'à travers l'écran d'un ordinateur. Elle lui avait paru plus grande. Moins humaine. Moins belle. Mais déjà très fascinante, ou en tout cas suffisamment pour qu'il en soit jaloux.
Ce jour-là, il avait eu un différend avec son père, un de plus. L'homme n'avait jamais pu voir son fils autrement que comme un nuisible. Adam savait que s'il était vivant c'était parce qu'il lui était utile. Ce jour-là, en marchant rageusement dans les corridors blancs interminables, il avait croisé ce couple. Ce couple qui s'embrassait amoureusement. La beauté dans cette cité était une chose rare. Il les avait enviés, jalousés. Il avait fait demi-tour pour les suivre, mais un lieutenant l'avait attrapé au vol « où vas-tu ? Il te cherche. » Adam avait commencé à débattre pour soustraire son épaule de la prise du soldat. Le soldat l'avait regardé se secouer comme s'il tenait une araignée entre le pouce et l'index. Il s'était ensuite dirigé vers une salle de surveillance vidéo sans lâcher le jeune homme. Son père l'attendait, seuls les bras croisés. Il s'était dégagé violemment « Quoi ! » avait-il crié. Son géniteur, du doux nom Euphraste, s'était contenté de rire. Un rire officiel qui secoue doucement les épaules. Ce rire qui faisait frissonner Adam de la tête au pied. « Je veux te montrer quelque chose ». L'homme appuya sur un interrupteur, un gros bouton rouge. Tous les écrans s'allumèrent. Adam regarda tourna sur lui-même. Les caméras montraient diverses zones, principalement autour du bâtiment dans lequel ils se trouvaient. Le père du jeune homme se pencha sur le clavier et appuya sur la touche cinq du clavier numérique. Les écrans changèrent aussitôt de point de vue. « J'ai des yeux partout ». Les écrans montraient un couple. Adam les reconnut aussitôt. C'était le couple d'amoureux. A l'insu de son père, il avait commencé à les espionner, et il avait ainsi découvert l'existence de la jeune fille, ce que, même son paranoïaque de père ignorait.
Le hoquet de surprise d'Hayden Coaqs le ramena à la réalité. Pourquoi diable aimait-il le reflet argenté que les pâles rayons lunaires donnaient à sa crinière ? Pourquoi aimait-il la douceur du regard bleu nuit dans lequel il pourrait bien se noyer le temps d'une petite éternité ?
Il se racla la gorge histoire de revenir à l'essentiel.
—Qu'est-ce que ... Commença-t-elle
—Tu es un peu en retard. Observa-t-il. Vient, nous devons partir d'ici. Suis-moi.
Elle le suivit en silence. Sa silhouette se découpait à peine de l'ombre planante de la nuit. Il se fondait parfaitement dans les rues sombres, se déplaçant tel un sceptre. Ils se dirigèrent dans la grande rue. Adam avait les mains qui tremblait, et pour garder de la contenance, il les fourra dans ses poches. Il la guida dans le centre ville. Curieusement, ils ne rencontrèrent aucune patrouille. Les deux jeunes gens s'arrêtèrent devant un grand bâtiment blanc et carré. Adam sortit de sa poche un jeu de clef, et déverrouilla les trois serrures. Il poussa ensuite la porte d'une blanche, et s'effaça pour laisser entrer Hayden. Il attrapa sa main et ferma la porte derrière-eux.
—Un concierge vit ici. expliqua-t-il.
Hayden accepta l'explication sans un mot, et dans le noir le plus complet, se laissa guider par la main moite d'Adam, qui semblait connaitre l'endroit comme sa poche. Sous ses pieds, elle reconnut le grincement typique du parquet. Le jeune homme s'arrêta brusquement, et Hayden percuta son dos. il sorti de nouveau ses clefs et, en entrant, alluma la lumière de la pièce : il s'agissait d'un laboratoire. Hayden le laissa prélever son sang et son ADN en silence. Elle remplissait sa part du marché, et ne manquerait pas lui rappeler de tenir sa part du marché.
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Les Braises de la Liberté
FantasyHayden Coaqs n'est jamais sortie de chez elle. Jusqu'au jour où ses parents disparaissent, emportés par les miliciens. En s'enfuyant, elle voit brûler la maison dans laquelle elle a grandit, et les secret qu'elle renfermait. Parviendra-t-elle à les...