Chapitre 4

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Hayden marchait dans son dos. Elle était si discrète, si furtive, qu'il devait tendre l'oreille. Et pendant qu'il guidait l'innocente criminelle chez lui, il se demandait quelle mouche l'avait piqué. Cela ne lui était jamais arrivé d'aider quelqu'un comme ça, sans rien attendre en retour. Il n'était pas méchant ou antipathique, c'est juste que Nevy Haps se fichait royalement de la vie d'autrui, tant qu'elle ne perturbait pas la sienne. La plupart du temps, il évitait les interactions sociales, ou tout ce qui était susceptible de créer ce genre de situation, sauf quand il était vraiment, vraiment obligé ( couteau à la gorge, fusil sur la tempe).

— Tu es blessé ? D'où cela vient-il ?

Elle détourna les yeux et serra les poings, son visage s'assombrit. Un souvenir douloureux. 

—Je me suis battue. 

Cela éveilla la curiosité de Nevy Haps. Elle savait donc se battre, intéressant. 

—Et, euh ... Qu'as tu fais pour être recherché ? 

Hayden, dans son dos haussa les épaules. 

—Je ne sais pas. 

Enfin, ce qu'elle ne savait pas, c'est si elle pouvait lui faire confiance. Et puis, concrètement elle n'en savait pas beaucoup plus. Bientôt, il se mit à pleuvoir. Cette fois, la jeune fille eut une bonne raison de remonter sa capuche. Cela ne les empêcha pas d'être détrempés lorsqu'il arrivèrent devant son immeuble. Un bâtiment haut, de brique rouge, abandonné depuis que l'escalier intérieur s'est effondré et que personne n'a jamais réparé.  Il a fallut un mort, un seul, pour que l'immeuble soit déserté.  C'était sans compter l'escalier de secours extérieur en ferraille. 

—Tu habite là ? Pour de vrais ? S'exclama la blonde détrempé après avoir détaillé l'immeuble rongé de l'intérieur. Il se contenta de hocher la tête et de commencer son ascension. Ils montèrent sans encombre jusqu'au premier palier. Elle s'arrêta une seconde, essoufflée, Nevy , impitoyable tira sa main pour la faire avancer.

— Bien-sûre, je pari que ton appartement se trouve au dernier étage ? souffla-t-elle. Il tourna la tête vers elle avec un sourire qu'elle prit pour un oui. Elle soupira un peu plus bruyamment. Après encore un palier il s'arrêta brusquement au milieu de la monté.

—Attention. Ne Regarde pas en bas. Saute ! 

—Hein? 

Comme lorsque l'on dit à un enfant de ne pas faire quelque chose et qu'il le fait quand même, elle regarda en bas. C'était haut, très haut même. Il n'y avait rien, pas de palier entre les dernières marches et la fenêtre. Et si elle ne sautait pas assez loin, alors elle se fracasserait six étages plus bas ! Hayden se sentit osciller. Elle s'accrocha au garde-corps en évitant de regarder le sol. Maintenant tout tournait autour d'elle.  Devant elle, Nevy Haps était mort de rire, accroché au garde-corps lui aussi, tendait une main dans le vide, si vacillante, que la jeune femme attendit un peu que son rire fut apaisé. Enfin elle prit son élan, sauta en fermant les yeux et priant un miracle. Heureusement, il rattrapa ses avant-bras et la tira en arrière. Il la lâcha lorsqu'ils furent arrivés au palier suivant. Lorsqu'ils furent arrivés en haut de l'escalier Nevy se tourna vers Hayden

—Bienvenue chez moi. 

Pas de serrure, pas de cadenas, mais normalement, personne ne viendrait la chercher là, et si jamais c'était le cas, elle l'entendrait venir. elle essuya ses chaussures sur le tapis dans l'entrée. Nevy Haps se tourna vers elle et la détailla d'un oeil critique. 

—Quoi ? aboya-t-elle 

—Ben... t'es un peu trempé. 

—et en même temps, toi aussi ! 

—Oui, mais contrairement à toi, je suis chez moi, donc je peux salir. 

Hayden leva les yeux au ciel. C'était quoi cette logique bancale ? 

—Et qu'est-ce que tu proposes ? ( regard lubrique de l'interlocuteur). Non, ne dit rien. Il n'en n'est pas question ( regard déçu de l'interlocuteur). Pousse-toi. 

Et elle le bouscula pour entrer. Elle ouvrit une à une les portes, pour trouver la salle de bain, fouilla quelques armoires, attrapa quelques vêtements propres et, dans la salle de bain, se changea. Hayden Coaqs évita habilement de se regarder dans le miroir, de peur de ce qu'elle y verrait. Elle passa tout de même de l'eau sur son visage pour effacer le sang qui le maculait. 

—Tu as l'air pitoyable. Déclara l'hôte lorsqu'elle reparu devant lui. Nevy fut absorbé un instant par les nuances ombrageuses que prenaient le bleu saphir, comme noyé. Il lui fut difficile de se détourner, mais lorsqu'il y parvint, il décida qu'à l'avenir, il éviterait de croiser son regard. Ce serait plus facile ainsi. Dans ses vêtements, elle paraissait plus frêle et plus petite que jamais. Il était assis dans un vieux canapé qui avait fait son temps, et tenait un tube de crème dans sa main. 

—Laisse-toi faire. 

En pinçant les lèvres, elle s'assit en tailleur en face de lui, et ferma les yeux. Après qu'il eut étalé la crème sur son visage et dans son dos, il fit un café à son invité et tira une cigarette : 

—Raconte-moi ton histoire. 

Hayden déballa son histoire. Ses parents, la Milice, sa fuite. Il ne la jugea pas. Mais une hypothèses commença à se former dans son esprit : ce n'était pas Cole et Sal les cibles, mais leur fille. 



Les Braises de la LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant