Timidement, Isabel frappa à la porte de la chambre de son père, qui est aussi techniquement la sienne d'ailleurs. Mais les règles sont les règles. Elle ne peut donc pas se soustraire de prévenir le maître des lieux de sa présence.
Au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient, la poussée de courage qui l'avait portée jusqu'ici, regain d'adrénaline parcourant ses veines comme seule force capable de guider ses pas jusqu'au devant de la fameuse porte, sembla se transformer en une boule d'angoisse grandissante qui serrait ses tripes et engourdissait petit à petit le moindre millimètre de son corps. Elle commençait à se demander si son envie de devenir soldat valait la peine d'affronter son père, une énième fois.« Entrez » Annonça le caporal dans un long soupir.
Il était trop tard pour reculer. Isabel prit son courage à deux mains, appuya sur la poignée et entra.
« Ah, c'est toi. » Conclut Livaï
Il semblait presque déçu. Isabel pensa que, malgré les années, jamais elle ne s'habituerait au fait de ne pas être aimée. Elle inspira profondément.
« Caporal-chef Livaï, je dois vous parler.
– Pas maintenant Ral. Tu vois bien que je suis occupé, rappliqua Livaï, l'air presque ennuyé, sans même lever les yeux de ses papiers.
– Caporal! »Isabel avait tapé du poing contre le bureau en bois sombre de son père, assez fort pour faire trembler le thé noir en train de refroidir dans sa tasse, mais surtout assez fort pour détourner l'attention du caporal de ses précieux rapports et la tourner vers elle.
La jeune fille continua, d'une voix déterminée qu'elle ne se reconnaissait presque pas:« Quand porterez-vous plus d'attention à votre fille qu'à vos soldats disparus? »
Livaï fronça les sourcils, hésitant entre féliciter l'enfant pour sa répartie et la punir pour oser lui tenir tête. Finalement, il posa sa plume, croisa les bras et dévisagea la jeune fille de son air imperturbable.
« Tu veux parler? Et bien je técoute. Parle. »
Isabel se raidit un instant devant la froideur habituelle de son interlocuteur. Puis, rassemblant tout son courage elle annonça:
« Je veux intégrer le bataillon dexploration »
La pièce tomba dans un silence de mort.
Les secondes semblaient sétirer en minutes sans un bruit, sans un mouvement.
Isabel devenait de plus en plus certaine que son père pouvait entendre son cœur qui manquait de percer sa poitrine à chaque battement, rythme semblable au glas sonnant la fin de son existence.
Puis, une réponse. Ou plutôt un semblant de murmure prenant la forme d'une réponse:« Tu quoi? »
Le caporal se leva lentement de son siège, les deux poings ancrés au bureau. Il releva son attention vers l'adolescente, et elle remarqua que son regard habituellement désintéressé avait revêtu des airs froids, presque intimidants, même pour elle qui pourtant partageait le même sang et n'avait donc normalement rien à craindre de lui.
Elle serra les poings et poursuivit:« Je ne veux plus être inutile au bataillon. Je veux me battre, et je vais me battre. »
Pour la première fois depuis de trop nombreuses années pour qu'elle puisse les compter, Isabel cru voir son père sourire. Mais pas un sourire heureux, fier, ou même un tantinet amusé.
Non. Les lèvres du caporal prirent simplement la forme d'un léger rictus. Comme lorsqu'il s'apprêtait à rappeler des soldats dissidents à l'ordre, ou à condamner de pauvres recrues à un ménage intégral du quartier général.« Tu veux te battre? Tu viens me déranger dans mon travail pour me demander de t'intégrer au bataillon? »
Alors qu'il reformulait ses paroles, le caporal avait entamé une lente marche depuis son siège, contournant son bureau par la gauche avant de s'arrêter devant elle. Une légère touche de fierté s'insinua dans ses yeux gris, peut être parce qu'Isabel était l'une des rares personnes que Livaï pouvait dépasser de quelques misérables centimètres. Cet évènement à marquer d'une pierre blanche dans la vie du caporal, ravivait évidement sa fierté, malgré son caractère futile pour n'importe qui d'autre.
Puis, après l'avoir jaugée du regard en silence, il ajouta:
VOUS LISEZ
Comme un soldat
Fanfiction"Tu peux me faire confiance. Quoi qu'il arrive, je la traiterai comme un soldat. Sans traitement de faveur. Sans plus de douceur ou de tolérance." Et si Livai et Petra avaient fait face à leurs sentiments mutuels. Et si de cet amour était né un enfa...