Prologue

284 19 38
                                    

Hormis le son de la pluie et le tonnerre qui rugissait à intervalle régulier, tout était absolument silencieux. C'était à peine si l'on entendait le bruit incessant de l'eau sur le sol, en contrebas. Dans une des pièces d'un appartement du dernier étage, deux jeunes hommes s'enlaçaient sur le canapé humide; ils tâchaient de rester discrets. Le plus petit d'entre eux était pelotonné contre l'autre, tout contre son large torse. Il sanglotait.

— Peu importe ce qu'il peut arriver, ça ira, répétait l'un, comme pour essayer de s'en convaincre.

Pourtant, au fond de lui-même, il pleurait.

— Me laisse pas, fit-il dans un soupir... Korn, reste avec moi...

Il murmurait cela, d'une petite voix, et ses deux bras agrippaient désespérément celui qu'il aimait.

Ils n'avaient pas le droit d'être là, ensemble. Leurs parents le leur avaient défendu. Ils s'étaient battus, débattus, mis en colère, ils avaient pleuré, avaient imploré; mais ils n'étaient parvenus qu'à précipiter leur chute, et voilà qu'ils avaient été séparés de force. Jusqu'à maintenant.

Korn frôla délicatement la joue égratignée qui s'offrait à lui. Il peinait à masquer sa douleur, la douleur de voir celui qu'il aimait, qui d'ordinaire était d'un tel entrain, montrait une telle joie de vivre ! ramassé ainsi sur lui-même après s'être disputé avec ses parents. Jusqu'à ce coup.

— Je suis terriblement désolé, In, souffla-t-il comme il lui embrassait les tempes pour apaiser ses tremblements. Je t'aime. Souviens-toi que je t'aime.

Alors, le garçon releva la tête. Sa figure était inondée de larmes.

— Ne dis pas ça s'il te plaît. Ne me laisse pas.

Et ses deux mains s'enfonçaient dans son haut, presque à s'en faire mal.

— Je veux être avec toi. Qu'on soit ensemble. Pour toujours.

Un éclair traversa la pièce. Aucun d'entre eux n'y porta d'attention. La tempête allait finir par se dissiper. Korn pressa ses lèvres contre celles d'In, rendues exsangues par le froid et la peur.

Soudain, la porte d'entrée s'ouvrit dans un fracas tonitruant. L'un des deux garçons laissa échapper un cri.

— Écarte-toi ! Oh putain, je savais que j'aurais pas dû laisser In te retrouver !

L'homme qui avait brutalement fait irruption s'adressait à Korn.

— In, viens ici. Tout de suite !

L'homme s'approcha des deux garçons qui tremblaient de peur. Il saisit le bras de son fils, mais celui-ci résista, bien décidé à ne pas lâcher celui qu'il aimait, effrayé à l'idée de le laisser.

— Papa, tu sais que j'aime Korn. S'il te plaît...

In avait du mal à parler tant il était pris par ses émotions.

— Parce que tu crois qu'il t'aime vraiment ? Qu'il t'aime plus que moi ?

Le père d'In était en proie à une grande fureur. Il tenta de porter un coup à son fils, mais le plus âgé des deux garçons s'interposa vivement.

— Ne le frappez pas. Il n'a rien fait de mal. Vraiment. C'est moi qui suis désolé.

In resserra ses bras autour de Korn et se blottit contre lui, comme pour se soustraire à la vue de son père. Maladroitement, Korn s'inclina un peu, la tête inclinée vers le sol et les yeux larmoyants. Il ne pouvait plus qu'implorer.

— Je l'aime. Je l'aime vraiment, je vous jure. Et il m'aime aussi !

— Comme si j'avais besoin de ces simagrées !

[Traduction] Until we meet againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant