Six

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Le week-end est passé plus vite que je l'aurais voulu. Vivre, même deux jours sans les coups de Cillian, c'était inespéré. Je ne voulais pas que ces deux jours se terminent. Et pourtant, quand nous avons pris l'autoroute, j'ai su que mon enfer allait revenir. Cillian s'est fait passer pour le père modèle devant un nombre incalculable de personnes, je pense qu'il doit avoir les nerfs en bloque. Je savais également qu'en revenant à New-York, j'allais devoir commencer à m'occuper de son trafic. Je ne savais pas à quoi m'attendre, je ne savais toujours pas pourquoi mon père m'a appris à tirer. Vais-je devoir me servir de l'arme pour pousser des personnes à acheter les médicaments ou pire, vais-je devoir tuer quelqu'un ? J'étais tellement effrayé. Même lorsqu'il me frappait, je n'avais pas aussi peur.

Lorsque nous sommes arrivés à destination, j'ai eu l'impression que le voyage du retour a été plus rapide qu'en y allant. Cillian m'a ordonné de monter les valises dans l'appartement pendant qu'il devait téléphoner à quelqu'un. Je me suis débrouillé tant bien que mal à monter les sacs jusqu'au troisième étage sans ascenseur.

J'étais en train de ranger mes affaires lorsqu'il est apparu dans ma chambre les bras croisés le regard sans émotions. Le retour à la réalité me frappa, ces deux jours étaient un miracle qui ne se reproduira plus jamais.

_ Demain, après l'école, tu commenceras le travail Magnus. Je te donnerais les instructions lorsque tu rentreras. Il fait demi-tour, mais s'arrête et se retourne une dernière fois. _ Tu n'as pas intérêt à me décevoir.

La tonalité de sa voix était menaçante. Il m'a mis en garde comme-ci je ne savais pas à quoi m'attendre. Depuis que j'ai l'âge de comprendre, je sais ce qui peut se passer lorsque je le déçois, même quand je ne fais rien également. Il me frappait quand il trouvait que ça faisait bien trop longtemps qu'il me laisse tranquille. Il avait quitté ma chambre en claquant la porte, j'ai sursauté suite au bruit qui avait résonnant dans le petit habitacle. Je finissais de ranger mes vêtements dans ma commode en bois lorsqu'un papier s'est échappé de l'un d'entre eux, je l'ai ramassé, j'ai toute suite compris que le papier était celui qui contenait le numéro de Veronica. À ce moment, j'ai eu l'impression que c'était un signe du ciel, me faisant comprendre qu'il est grand temps que j'accepte son aide avant que les choses dégénèrent. Je l'ai à nouveau caché sous mon oreiller en me promettant que je l'utiliserais, c'était une promesse et comme vous le savez, je tiens toujours mes promesses quelles qu'elle soit.

♧♧♧

Ce jour-là, j'étais d'excellente humeur lorsque je suis arrivée à l'école, j'envisageais d'appeler Veronica lorsque mon père serait occupé avec sa drogue. C'était la première fois que je dormais paisiblement, même quand Johanna était vivante, je ne dormais jamais correctement. J'ai croisé Margaux dans le couloir lorsqu'il était midi, depuis que je lui avais demandé d'arrêter notre amitié, elle m'a regardé deux secondes avant de détourner le regard faisant semblant qu'elle ne m'avait jamais regardé. Je l'ai toujours remarqué puisque je ne cessais de la regarder. Pas parce que j'étais amoureux d'elle tout simplement, car je m'en voulais atrocement de la peine que je lui ai faite, que je nous ai fait. D'excellentes humeurs, je me suis placé devant elle, un énorme sourire plaqué sur mon visage, elle m'a fixé avant de soupirer et me faire signe de la suivre. Pendant notre toute petite amitié, elle a vite compris que je ne supportais pas d'être touché, du moins, sans mon autorisation.

_ Que veux-tu ? M'a-t-elle demandé une fois à l'écart des autres. Malgré notre jeune âge, Margaux a toujours été plus mature.

_ J'aimerais m'excuser Margaux... Pour le mal que j'ai pu te faire... Mon père m'a... On m'a toujours dit que les amitiés étaient inutiles et j'y ai cru... Jusqu'à ce que je te rencontre. Je t'apprécie énormément Margaux et peut-être qu'un jour, lorsque nous serons plus grands, je t'expliquerai pourquoi je croyais cela et pourquoi je ne supporte pas le toucher...

BaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant