Bane

Twelve

À mon réveil le lendemain de son arrestation, une douce musique passait en dessous de ma porte de chambre. J'étais heureux. J'avais l'impression de renaître. Que ma vie prenait enfin un véritable sens. Je me suis dépêché de rejoindre Veronica qui, comme la dernière fois, elle préparait soigneusement le petit-déjeuner. Elle s'est retournée en m'entendant arriver, elle s'est approchée de moi et m'a donné une accolade. Elle s'apprêtait à s'éloigner de moi quelques secondes après, mais je l'ai retenu. Je devais faire un effort. Si elle allait devenir ma responsable légale, ma nouvelle mère, je devais faire des efforts dans les marques d'affection. Elle n'a pas bougé, elle était ravie de mon effort, pourtant, je n'ai pas réussi à durer aussi longtemps que je l'espérais. J'avais l'impression de trahir Johanna. La femme qui m'a mise au monde, celle qui a tenté de me protéger au détriment de sa propre vie. Elle m'a souri tendrement, ébouriffée mes cheveux et m'a invité à m'installer à table. À peine ma chaise remise correctement que Veronica m'a déposé une assiette remplie de crêpes au Nutella. Elle s'est positionnée face à moi, la main sous son menton et s'est contentée de me fixer jusqu'à ce que son téléphone la sort de sa contemplation qui commençait à me gêner atrocement. Veronica s'est relevé et a quitté la cuisine me laissant seul avec mes pensées. Puisque j'étais retourné chez Veronica, elle pourrait peut-être me remettre dans mon ancienne école, je pourrais revoir Margaux, lui donner une excuse crédible pour mon soudain changement d'établissement à plusieurs reprises et pourquoi, c'est Veronica qui a la garde.

L'arrivée de Veronica en compagnie de Nicolas m'a empêché de chercher quelle excuse serait la plus convenable pour mon amie. Nicolas m'a donné un baiser sur mon crâne avant de s'installer entre Veronica et moi.

_ Le lieutenant Blanc m'a téléphoné. Commence-t-il. _ Au vu de la gravité des choses, il a demandé à ses contacts d'accélérer la procédure. Il sera jugé la semaine prochaine. Et malgré le jeune âge de Magnus, il requiert absolument son témoignage à la barre.

_ Pas question ! S'est subitement énervée Veronica. _ Il n'a pas assez souffert comme ça ? Tu penses sincèrement qu'il sera capable d'expliquer son calvaire à des inconnus ?! C'est hors de question !

_ Je le ferais. Je n'ai jamais été aussi sûr de moi qu'en cet instant !

_ Je ne veux te forcer à revivre ces horreurs Magnus. Explique tristement Veronica.

_ Je vivrais avec mon calvaire jusqu'à la fin de mes jours. Avouais-je en hochant les épaules.

Elle m'a lancé un regard interrogateur avant de laisser tomber et reporter son attention sur son frère.

_ L'assistante sociale m'a téléphoné il y a une heure. Mon dossier va être consulté.

_ Tu penses réussir à garder Magnus auprès de toi ? Questionne-t-il inquiet.

_ Je ne sais pas. Je n'y connais rien ! Je dois juste prendre mon mal en patience et attendant, sur les papiers officiels, mon nom est en suspens.

Ils continuaient à discuter des papiers qui officialisent mon adoption, mais moi, je suis resté bloqué sur la future confrontation avec mon père et la menace qu'il avait prospérée à mon encontre. Et s'il réussit à convaincre le juge qu'il n'a rien fait de mal ? Qu'il retourne en liberté. Va-t-il me rechercher et tenter de mettre à exécution ses paroles qu'il m'avait dites autrefois. Une soudaine boule d'appréhension s'était matérialisé dans le creux de mon estomac. Je me suis levé et j'ai couru jusqu'aux toilettes, mais rien n'est sorti. Je peinais à respirer, j'avais l'impression d'avoir du barbelé dans la gorge tellement, je retenais mes larmes. Je me suis assis sur le carrelage froid de la pièce, j'ai passé mes mains autour de mes jambes et j'ai positionné ma tête contre mes genoux et je me balançais. Le grincement de porte qui s'est fait subitement entendre cela ne m'a pas changé de position. Le parfum de Veronica envahit mes narines, j'ai senti sa main hésitée avant qu'elle ne la pose sur l'une des miennes.