𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖙𝖗𝖔𝖎𝖘

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Bill



Point de vue de Dipper



Je ne sais pas ce qu'il m'est arrivé après. Ma vue s'est brouillée et je me suis sans doute évanoui. Bill ne peut pas être revenu, c'est impossible. Je dois être encore dans mon lit, dans notre chambre, à Mabel et moi.

Pourtant, la douleur que j'ai ressentie lorsqu'il a soigné mon dos paraît bien réelle. À moins qu'elle ne le soit vraiment ?

Bref, je flotte dans le noir complet. Je prie pour me réveiller et pour me retrouver à nouveau dans mes couvertures. Mais non, mon esprit divague encore entièrement, et mes membres semblent paralysés. Est-ce un sort de Bill ?

Non, il n'est pas revenu, c'est un rêve ! Mes cauchemars ne peuvent pas se réaliser !

Une main se pose avec délicatesse sur mon front brûlant, et je sens mon corps bouger, sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit. Puis, une voix me murmure à l'oreille :

— On se revoit bientôt, Pinetree...

Et plus rien.


Mes paupières s'ouvrent, et j'ai un soupir de soulagement quand j'aperçois le plafond du grenier. Le soleil a pointé le bout de son nez par la fenêtre, et la chambre s'en retrouve entièrement illuminée. Le lit de Mabel est vide, signe qu'elle s'est sans doute levée aux aurores pour aider nos oncles à préparer le déjeuner, ou pour aller voir ses amies d'enfance.

Quelle heure est-il ?

J'attrape mon téléphone sur ma table de chevet et l'allume. La lumière de l'écran me brûle les yeux, mais j'arrive tout de même à lire qu'il est dans les environs de midi. Midi ?!

Comme un diable, je saute de mon lit, me prends les pieds dans mon drap, et tombe violemment au sol. Mon menton tape contre le plancher, et ce même plancher m'érafle mes coudes. La porte s'ouvre à la volée, et Stanford entre dans la pièce, un pli soucieux entre les sourcils.

— Dipper ! s'exclame-t-il en me voyant allongé au sol.

Il s'empresse de me relever, et fait la moue en voyant mes blessures de guerre.

— Tu ne t'es pas trop fait mal ? demande mon oncle.

— Non, ça va, ne t'inquiète pas, souris-je.

— Je vais te laisser te préparer. Si jamais tu as faim, Mabel a fait des œufs et du bacon.

Je le remercie, et le vieil homme quitte la chambre, fermant la porte derrière lui. Avec un léger soupir, je fouille dans mon placard pour sortir des vêtements, et file à la douche. Inspirant grandement, je me plante devant le miroir et ôte mon t-shirt.

La vue de mon torse est insoutenable. Personne ne connaît l'existence des nombreuses cicatrices sur mes pectoraux et mes flans. Les bleus ont tous disparu, même s'il reste encore une légère trace jaune sur mon cou.

Les larmes me montent aux yeux, et je me sens pitoyable. Stupide. Dégoûtant. Je finis par éclater en sanglots, me recroquevillant sur le carrelage de la salle de bain.

J'ai soudainement l'impression d'une légère brûlure dans mon dos, et je me redresse pour regarder ce dernier dans le miroir, les joues inondées de larmes, que j'empresse d'essuyer. Alors que l'endroit me brûle avec plus d'intensité, je croise un regard dans le miroir, et je lâche un cri.

Bill.

Quoi ?

Alors ce n'était pas un rêve ?!

— Non, ce n'était pas un rêve, Pinetree, sourit fièrement le démon jaune en face de moi. Qui t'a fait ça ? rajoute-t-il avec sérieux.

Et presque avec... colère ?

— Personne, sifflé-je. Qu'est-ce que tu fais là ? Tu t'es décidé à me pourrir la vie, encore ?

Au contraire, rétorque-t-il.

Je fronce les sourcils, n'ayant pas vraiment compris ce qu'il a dit. Il passa sa main gantée sur ma joue, effaçant les derniers sillons de larmes, l'air contrit. Ses yeux font le tour de mon visage, s'arrêtant plus que nécessaire sur mes lèvres, avant qu'ils ne croisent les miens. Sa deuxième main, non gantée celle-ci, glisse le long de ma colonne vertébrale, et s'arrête au même endroit qui me brûlait quelques secondes avant.

Son doigt semble dessiner quelque chose sur ma peau, et je comprends plus tard que ce quelque chose n'est autre qu'un triangle.

— Qu'est-ce que tu m'as fait ? crié-je en le repoussant avec violence.

— Je t'ai marqué, répond-il comme si c'était une évidence.

— Pardon ? Tu as cru que j'étais ton animal de compagnie ?

— Pas mon animal de compagnie, non, souffle-t-il en levant les yeux au ciel. C'est pour savoir où tu es.

— Tu m'as posé un... traceur ? Enlève-le-moi, reprends-je, les poings serrés.

Les lèvres de Bill remontent dans un petit sourire narquois. Le démon s'appuie contre le mur, en face de moi, les bras croisés sur son torse. Une pensée soudaine traverse mon esprit, comme quoi il est beau ainsi, l'air taquin.

— Merci, fait-il en passant une main dans ses cheveux.

Mes joues prennent une teinte rosée, et mes narines se dilatent sous l'agacement. Comment peut-on être aussi beau mais aussi énervant ?

L'ancien triangle jaune ne répond pas à ma demande, et se contente de regarder les vêtements que j'ai posé sur le rebord de la baignoire, les tenant presque à bout de bras. L'air dédaigneux, il les lâche sans aucune délicatesse sur le sol et se tourne vers moi :

— Tu t'habilles comme un sac. Sans vouloir t'offenser, se reprend-il avec un petit sourire.

Je sais parfaitement que je m'habille comme un sac, mais j'ai pris l'habitude de mettre des habits longs et amples pour me cacher dedans. La faute à lui, sans doute.

Bill me regarde, l'air penseur, avant de poser ses mains sur mes épaules, déterminé.

Je vais t'apprendre à prendre soin de toi, déclare-t-il.

 C'est déplacé venant d'un type qui a essayé de me tuer trois ans plus tôt. Et qui a essayé de me torturer, aussi. Et qui a voulu détruire la Terre.

— J'ai compris. Mais j'ai changé ! se défend le démon.

 On ne change jamais, Bill, grogné-je avec froideur.

Je ne fais pas forcément écho à Bill Cipher, en disant ça. Et celui-ci l'a très bien compris, puisqu'il grogne à son tour, les yeux lançant des éclairs.

— Je comprends que tu ne veuilles pas me parler du type qui t'a infligé tout ça, commence-t-il en pointant mon torse nu de son doigt. Mais désormais, je te protège. Et si je tombe sur lui, crois-moi que je n'aurais aucun remord à la défigurer. Et même plus, si affinités.

Puis il disparaît dans un léger tourbillon de fumée jaune.

forgive me +billdipOù les histoires vivent. Découvrez maintenant