𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖉𝖎𝖝

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Pacifica




Point de vue de Mabel


Son manoir a brûlé. Je sais que oncle Stan dit la vérité, mais il faut que j'aille voir. Pour me persuader que c'est la vérité. J'ai menti à Dipper. Non, je n'ai pas rendez-vous avec Candy et Grenda aujourd'hui. De toute façon, je pense qu'il s'en fichait un peu, de qui j'allais voir.

Il a Bill, maintenant.

Bill Cipher, le démon qui a causé le Weirdmageddon, et qui a possédé mon frère. Qui lui a causé des traumatismes et des cicatrices quand il a voulu découvrir la douleur physique. La source de tous nos ennuis de l'été de nos treize ans.

Le voir en forme humaine m'a causé un véritable choc. Quand Dipper m'a présenté Ethan, j'ai tout de suite senti qu'il y avait quelque chose qu'il me cachait, quelque chose qu'il ne voulait pas que je découvre. On n'est pas jumeaux pour rien, pas vrai ? Finalement, les rouages se sont imbriqués dans ma tête et j'ai deviné qu'il s'agissait en fait de face de Doritos. Cependant, il n'était plus le même qu'avant. Son exil dans cette statue lui a sûrement remis les idées en place.

Bill a changé. Il ne ressent pas d'émotions comme avant, mais désormais, quand il regard mon frère, ses yeux brillent. Il a toujours une petite attention pour lui, toujours un petit geste tendre. Il lui prend la main, sous la table, lui lance des regards tendres en coin, et fait l'effort de bien se faire voir par nos oncles, alors qu'il les déteste.

Ce n'est plus le même démon. Il est amoureux. Oui, c'est le mot. Quand nous l'avons affronté pour la première fois, j'ai bien vu qu'il était fortement intéressé par Dipper. Il est l'un des seuls à lui tenir tête, l'un des seuls qui n'a pas peur de lui. Et encore aujourd'hui, je pense que ce n'était pas que de la curiosité. Il y avait quelque chose de plus profond.

Une sorte d'attirance.

En y repensant, il y avait la même chose entre Pacifica et moi. Une relation partagée entre la haine et l'amour. Et maintenant... elle a disparu. Son manoir a brûlé, et personne ne sait exactement ce qui s'est passé.

D'un pas hésitant, je franchis le portail qui tombe en morceaux. Les jardins ne sont plus entretenus, les allées sont sales, et certains arbres sont même tombés. L'endroit est vide, abandonné. C'en est presque effrayant. Je remonte rapidement le chemin qui mène au château, et reste devant les grandes portes. L'une est brisée en deux, l'autre à sa moitié brûlée.

L'intérieur est complètement détruit. Les meubles ne sont plus que poussières, les tapis et les rideaux ont disparu, et il y a d'énormes tags sur les murs. Les seules choses encore récupérables ont été volées. J'avance d'un pas lent dans le hall, une boule dans la gorge. Je me rappelle encore de la fois où nous avons été invité au gala des Northwest. J'y suis allée avec Dipper, Grenda et Candy. Pendant cette soirée, je me suis énormément rapprochée de Pacifica, et je pense que c'est à partir de ce moment-là que nous avons arrêté de nous détester.

C'est également la première fois qu'elle m'a embrassé.

Je parcours les couloirs en frôlant les murs avec mes doigts. Les larmes me montent aux yeux et je me rends compte que mes mains tremblent. Wow, c'est étrange. Peut-être que j'aurais dû demander à mon frère de venir avec moi ? Bill est parti il y a quelques heures déjà.

J'arrive devant une porte rose. C'est sa chambre. J'ouvre la porte et grimace en entendant le son strident qui me vrille les oreilles. À l'intérieur, c'est dans le même état que le reste de la maison. La pièce est à moitié vide. Il ne reste plus que poussière.

Mon regard est attiré par un petit carnet rose, glissé entre deux lattes de parquet. Il est dissimulé aux yeux du monde mais moi, je l'ai vu. Doucement, je l'attrape entre mes doigts et l'ouvre. Le papier est jauni, et l'encre a un peu coulé avec le temps. Je survole rapidement les pages, me rendant compte qu'il s'agit du journal intime de la blonde, et m'arrête à la dernière page. Les mots semblent avoir été écrits à la va-vite, comme si elle avait été précipitée par quelqu'un. Ou par quelque chose.

Je suis en vie, Mabel.

Elle est en vie. En vie. Mais pourquoi avoir coupé les ponts avec nous ? Pourquoi ne pas nous avoir prévenu que son manoir avait brûlé ? Pourquoi avoir laissé son journal ici ? Elle était certaine que je viendrais ici, que je lirais cette foutue page. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Comment a-t-elle su que je viendrais ici après avoir découvert ce qu'elle me cachait ?

Ma tête bourdonne, et je dois m'asseoir pour ne pas tomber. J'ai toujours son carnet entre mes doigts. Une odeur de brûlé flotte toujours dans la pièce, et les vitres sont brisées. Pacifica... où es-tu ?

forgive me | billdipOù les histoires vivent. Découvrez maintenant