𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖖𝖚𝖆𝖙𝖗𝖊

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Marqué



Point de vue de Dipper



J'ai finalement pu apercevoir la marque dans mon dos, sur mon omoplate gauche. Un petit triangle noir, avec seulement les contours. Je dois avouer que c'était très classe et assez simpliste, connaissant la personnalité extravertie de Bill.

Après avoir pris ma douche, j'ai enfilé les vêtements que j'ai choisi, ceux-là même que le démon avait cru bon de caractériser de "sac". Tant pis. Après tout, il a disparu, et je ne vais pas participer à un concours de mode.

Mabel m'attend en bas, dans la cuisine. Attablée, elle mange avec avidité l'énorme assiette qu'elle s'est servie, sous les yeux accusateurs de Dandinou. En effet, la jeune femme ne lui a rien donné du tout, sous prétexte qu'il n'est pas cannibale.

— Salut, Dip', fait-elle, la bouche pleine. Bien dormi ?

— Comme un bébé, mens-je avec un sourire. Pas la peine de te le demander, je t'ai entendue ronfler.

 C'est pas vrai ! se défend-elle en se mordant la lèvre. Je ne ronfle pas !

Si, tu ronfles, la coupe Stanley en entrant à son tour dans la pièce.

Traînant ses pantoufles usées au sol, il se sert une assiette, soupirant en voyant qu'il y en aurait encore pour demain, et s'assoit à côté de ma sœur. Il me fait signe du menton de manger, après avoir entendu les gargouillis de mon ventre.

Je suis clairement affamé. Je pensais que les précédents événements m'auraient coupé l'appétit, mais c'est visiblement le contraire.

Je n'arrive pas à me situer sur le retour de Bill Cipher. C'est lui qui m'a infligé le plus gros de mes traumatismes lors de l'été de mes treize ans, mais pourtant, il semble différent. Ses trois ans enfermés dans la pierre l'ont-ils changé ? Avait-il toujours pour projet de détruire le monde, par ennui ?

Mais la chose la plus bizarre, est que je l'ai libéré en ayant touché la pierre. Je sais que les habitants ont longuement visité la statue et n'ont pas pu s'empêcher de toucher le démon froid, mais personne ne l'a libéré. Pourquoi moi ?

— Dip', ça va ?

La voix de ma jumelle me sort de mes pensées, et je serre les dents pour ne pas gratter le triangle qui me brûle la peau, sur mon omoplate. J'adresse un sourire à Mabel pour ne pas qu'elle s'inquiète, et fourre ma fourchette dans ma bouche.

— J'ai prévu de voir Candy et Grenda cet après-midi, fait la jeune fille. Tu veux venir avec moi ?

 Non, je... je vais aller sans doute me promener en ville, réponds-je. Tu as des nouvelles de Pacifica ?

— Aucunes, soupire Mabel. Je ne sais même pas si elle habite encore Gravity Falls...

Je garde le silence. Pacifica, même si elle s'est comportée comme une vraie garce au début, est rapidement devenue une bonne amie. On a gardé contact quand nous sommes repartis en Californie, mais il y a un an, elle a entièrement coupé les liens avec nous. Les raisons restent inconnues, elle ne nous a donné aucune explication.

Ma sœur a vécu ça comme une trahison, et elle a complètement tiré un trait sur son ancienne amie blonde. Cependant, une fois, je l'ai surprise à regarder avec mélancolie les photos qu'elles ont prises toutes les deux, après que nous ayons vaincu Bill.

Enfin, pas si vaincu que ça, finalement.

 Je pense que j'irais faire un tour chez elle, demain, rajouté-je.

— Pardon ? Après ce qu'elle nous a fait ?

Stanley, qui s'est muré dans le silence jusqu'ici, racle sa gorge et coupe nos débats :

— Le manoir des Northwest a brûlé il y a quelques mois. Personne ne s'est porté volontaire pour les aider à reconstruire leur vie, et il me semble qu'ils ont quitté Gravity Falls.

— Pourquoi elle ne nous l'aurait pas dit ? s'agace Mabel. Merde, on était amis !

— Mabel, grogne Stan en faisant les gros yeux.

— Quoi ? crie-t-elle en se levant. Tu vas me punir parce que je suis vulgaire ? Je ne suis plus une gamine !

— Mabel.

Cette fois, c'est moi qui l'interromps. Elle va trop loin. Devant mes yeux froncés, elle serre les mâchoires et se rassoit sur sa chaise, jouant avec ses œufs avec sa fourchette. Je sais qu'elle déteste qu'on la gronde ou qu'on la remette en place, mais il ne faut pas oublier que Stan est notre oncle et que, sans lui, on serait sûrement morts.

— Pardon, oncle Stan, maugrée-t-elle sans lever les yeux.

Notre oncle lâche un gloussement amusé avant de débarrasser son assiette, l'influence de Stanford, et quitte la cuisine en traînant les pieds. La brune croise mon regard, et se détend un peu.





Il était deux heures de l'après-midi. Mabel était déjà partie rejoindre ses deux amies d'enfance, et quant à moi je traînais dans les rues. Quelques gens qui me croisaient me saluaient parce qu'ils savaient qui j'étais et surtout, ce que j'avais fait. La majorité de la population avait oublié le Weirdmageddon, mais certains l'avaient toujours en mémoire.

La réapparition de Bill avait enlevé le sort lancé sur Gravity Falls, et de plus en plus de personnes se remémoraient ce triste épisode.

- Dipper ! cria une voix.

Je me tournais et découvris Wendy, main dans la main avec Robbie. Ils se plantèrent devant moi et me proposèrent de les accompagner au Greasy's Dinner. J'acceptais avec plaisir.

Wendy avait beaucoup changé. Elle avait coupé ses longs cheveux qui lui arrivaient à la taille, et ils étaient désormais au-dessus de ses épaules. Néanmoins, elle avait tout de même gardé sa fameuse toque sur son crâne. Robbie, lui, avait gardé ses vêtements entièrement noirs, et son visage était presque entièrement dénué d'acné.

Nous arrivâmes rapidement devant le restaurant, et nous entrâmes. Tout de suite, Suzan nous sauta dessus. Lorsqu'elle me vit, elle ne put s'empêcher de me prendre dans ses bras et me serrer contre elle.

- Dipper, tu nous as manqué ! s'exclama-t-elle avec un grand sourire. Tu vas bien ?

- Très, répondis-je avec un sourire plus petit.

- Une table pour trois, je suppose ? fit-elle.

Elle n'attendit pas notre réponse et nous guida jusqu'à une table vide. À cette heure-ci, il n'y avait pas grand monde, pour ne pas dire personne, en vérité.

Un mouvement derrière la vitre sale me fit tourner la tête, alors que nous nous installions.

Bill était là.

forgive me | billdipOù les histoires vivent. Découvrez maintenant