𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖘𝖊𝖕𝖙

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Les Pines



Point de vue de Dipper

Mabel est partie depuis plusieurs minutes, et nous nous sommes rallongés. Il est désormais dans les alentours de vingt heures et nous allons bientôt manger. La châtain nous a conseillé de nous habiller avant de descendre, avec un sourire en coin, et qu'elle mettrait une assiette en plus sur la table.

Bill s'est renfrogné lorsqu'elle a franchi la porte, et fixe désormais le vide, l'air gêné. Je pose ma main sur sa cuisse, ce qui attire son attention.

Qu'est-ce que tu as ? demandé-je avec douceur.

J'ai essayé de vous tuer, répond-il à voix basse. Si j'avais réussi... non, je n'ose même pas imaginer.

Il prend son visage entre ses mains, au bord des larmes. Être dans un corps humain lui fait comprendre beaucoup de choses. Il a été cruel et sans sentiments, mais pour sa défense c'était un démon. Le triangle qu'il était autrefois ne ressentait rien, et avait pour distraction de s'amuser avec la vie des gens et les différentes dimensions.

Mais désormais, tout est différent. Il a changé, c'était vrai. Il ne se serait jamais montré aussi vulnérable, avant.

— Tu n'as pas réussi, le rassuré-je, et tu es bien décidé à te faire pardonner. Ethan, rajouté-je avec un petit rire.

J'ai paniqué, d'accord ? ricane-t-il. Et puis, j'allais pas lui dévoiler ma véritable identité. Il faudra juste faire attention quand on sera devant eux, c'est tout.

— Tu comptes le leur dire, un jour ?

— J'en sais rien. Peut-être s'ils me considèrent comme un membre de leur famille, ou... pas du tout.

Il entrelace nos doigts ensemble, et je cache mon air gêné avec ma main, faisant mine de me gratter la joue. Mais il remarque vite mon manège, puisqu'il titille mon lobe d'oreille avec ses dents, joueur.


Nous descendons les escaliers en silence. Mabel semble nous attendre, un grand sourire sur le visage, alors que oncle Stan a croisé les bras sur son torse, les sourcils froncés. On aurait dit mon père quand il s'apprêtait à m'engueuler. Bill lui tend la main, pas gêné du tout, et ne s'offense pas lorsque le plus vieux ne la serre pas.

— Ethan, c'est ça ? grogne-t-il.

— C'est ça, répond le blond, enchanté monsieur Pines.

— Ouais ouais. Je te préviens, morveux, si tu fais du mal à Dipper, je te tue. C'est clair ?

— Limpide. Et puis, ne vous inquiétez pas, mon but n'est pas de lui faire du mal. Bien au contraire.

À la vue de son air pervers, je lui donne un coup dans les côtes. Stan est capable de le foutre dehors à coups de pied dans les fesses. Derrière lui, Mabel fait des signes avec ses doigts, un drôle de sourire sur le visage. Pas la peine de préciser lesquels...

C'est sa manière de me dire qu'elle est contente pour moi, et qu'elle me soutient. Pas de paroles explicites, on se comprend en quelques gestes, à force. Mais je sais qu'à un moment donné, elle viendra me demander les détails croustillants de notre mise en couple.

Sortions-nous ensemble ? On n'en n'avait même pas parlé.

Bill me lance un regard en biais, lisant dans mes pensées. Littéralement. Il fronce les sourcils, ne se préoccupe pas plus de la présence de mon oncle et de ma sœur, et attrape ma main, m'entraînant avec lui dans le salon.

— J'aurais dû de le demander, je suis désolé, dit-il à voix basse, l'air contrit.

Il passe une main sur sa joue et dépose un baiser sur son front.

— Tu veux sortir avec moi ?

Je rougis et hoche timidement la tête. Il embrasse chastement mes lèvres, sachant pertinemment que les deux autres nous regardent. J'entends le bruit d'une porte, et Stanford entre à son tour. Néanmoins, contrairement à son jumeau, il se fige à la vue de Bill.

— Stanford ! le salue Stanley. Dipper nous a ramené son copain, Ethan.

— Enchanté, monsieur Pines, répète le blond en s'approchant du nouveau venu.

Ils se serrent la main. Stanford m'adresse un regard, signe qu'on devrait parler de Bill plus tard. L'angoisse me prend par les entrailles, et nous allons nous asseoir à la table dans la cuisine. Comme d'habitude, pas de repas exceptionnel, juste des boîtes de conserve.

— Alors, Dipper, commence le scientifique, comment vous vous êtes rencontrés ?

Il n'est pas dupe, non. Il veut simplement voir quel alibi je peux inventer pour couvrir le démon. Ce dernier attrape ma main sous la table et la serre, pour me montrer qu'il est avec moi.

— Et bien, on s'est rencontrés sur internet, fais-je avec assurance. Il habite dans le coin, alors on a décidé de se rencontrer.

Quelle coïncidence, sourit Ford.

Mabel voit ma mine agacée, et lance un regard meurtrier à notre oncle. Stanley semble se ficher de ce qui se passe à table, et se contente de manger, le regard rivé sur le programme télé. Je suis certain que si je lui annonçais qu'Ethan était en réalité Bill Cipher, il s'en ficherait aussi. La seule chose qui le préoccupe, c'est qu'on soit heureux, ma sœur et moi. Le reste... ce n'est pas important.

La châtain se calme en fermant les yeux, attendant le poison de notre oncle. Ce dernier fixe notre ancien ennemi, plongé dans ses pensées.

— Tu ressembles beaucoup à quelqu'un que nous connaissons, tu sais, reprend-il, vicieusement. Et les tatouages que tu as sur les avant-bras me font penser à quelque chose, aussi.

 Quels tatouages ? demande Mabel en fronçant les sourcils. Oncle Ford, tu délires, Ethan n'a aucun tatouage !

Je ne suis même pas au courant que Bill porte des tatouages. Je l'ai vu presque nu, quand même ! Ce si gros détail n'a pas pu m'échapper ! Je comprends au regard du blond qu'il m'expliquera plus tard. Pour le moment, il remonte ses manches sur ses avant-bras, dévoilant sa peau bronzée et nue. Pas d'encre à l'horizon.

— Mh, j'ai dû mal voir, bougonne-t-il et il reporte son attention sur son assiette.

Mais Mabel n'est pas dupe non plus.

forgive me | billdipOù les histoires vivent. Découvrez maintenant