𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖉𝖔𝖚𝖟𝖊

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Retrouvailles


Point de vue de Dipper


Le bras de Bill m'empêche de m'écraser au sol. Mabel atterrit avec grâce, et le blond semble complètement dans son élément. Pris de nausées je rends mon déjeuner sur le sol, rapidement suivit par ma jumelle.

— Ça fait souvent ça la première fois, se moque le démon.

Il claque des doigts et la bouillie disparaît de l'herbe. Je sens un goût mentholé dans ma bouche, et remercie mon amant du regard. Déjà que j'ai régurgité devant lui, en plus si je sens de la bouche... ce n'est pas très romantique. Je le vois lever les yeux au ciel, blasé. Bon, apparemment, j'ai dis une connerie.

— Oui, une grosse même, confirme le blond. Tu es humain, c'est normal que tu ne supportes pas ce genre de chose. Et puis, je t'a-... enfin, je t'apprécie. Donc, je m'en fiche.

Ses joues ont pris une teinte rose, et je me mords la lèvre. Craquant. Adorable. Est-ce qu'un jour j'aurais cru pouvoir dire que Bill Cipher est adorable ? Il grogne comme simple réponse, et reprend sa cane en maugréant contre moi. Mais le compliment ne cesse de tourner dans mon crâne, et je savoure la couleur écarlate de sa peau.

Le plus grand replace correctement son chapeau sur son crâne, et c'est à cet instant que je me mets à inspecter les environs. On a atterri dans une petite ruelle sombre, et surtout, il fait jour, comme si nous étions dans un autre pays. Le ciel est encore clair, signe qu'il est tôt, et quelques nuages cachent la silhouette du soleil. Il fait frais, mais pas trop. C'est agréable.

— Où est-ce qu'on est ? demandé-je.

 À Paris, en France, répond Bill. La ville des amoureux.

Ses doigts se lient aux miens, et je détourne le regard, gêné. Cette fois-ci, c'est à mon tour d'être rouge. Le blond ricane, mais je sais qu'il est dans le même état que moi. Nous sortons de la ruelle, prenant attention à ne pas nous faire voir, et le démon nous guide à travers les quartiers. C'est énorme, tellement plus grand que Gravity Falls ! Les rues sont déjà pleines de monde.

— Pacifica est à Paris ? Comment elle a fait pour venir ici, seule ? murmure Mabel pour elle-même.

— De ce que j'ai vu dans son journal, commence Bill, elle a été adoptée par une de ses tantes qui vit ici. Cela fait quelques mois, et elle s'est déjà bien habituée à la vie parisienne. Et... tu lui manques beaucoup.

— Comment tu peux le savoir ? siffle ma jumelle. Si je lui manquais, elle aurait repris contact. Elle m'a déjà sûrement oubliée.

 J'ai sondé son esprit, grogne Bill.

Il nous entraîne dans une grande avenue, et je reste bouche bée. On est à deux pas de la Tour Eiffel. Alors elle habite vraiment ici ? C'est vraiment beau. Je comprends mieux pourquoi elle semble autant se plaire à Paris.

J'aimerais bien habiter ici aussi. Ou peut-être venir en vacances, dans un petit hôtel dans une avenue comme celle-ci, avec une belle vue. Et puis, on y passerait plusieurs semaines, avec Bill, histoire de se reposer un peu et de profiter de la vie. Enfin, je ne suis pas certain que ce soit les goûts de Bill, en fin de compte...

— Ça me plairait beaucoup, me chuchote-t-il à l'oreille. Mais tu as oublié de préciser qu'on profiterait de la nuit d'une autre manière. Plus... charnelle.

Il mordille mon oreille et se détache de moi. Complètement figé, et les yeux grands ouverts, je le regarde, alors qu'il fait mine de m'ignorer, amusé.

— Pacifica habite au dernier étage de cet immeuble, fait-il en pointant un bâtiment du doigt. Elle doit sûrement être levée, à cette heure. Allons-y.

D'un claquement de doigt, le blond ouvre les deux grandes portes. Nous entrons. Le hall est carrelé et plusieurs plantes égaient le couloir. Il y a également d'énormes fenêtres qui donnent une vue fantastique sur un petit patio fleuri. J'ai terriblement envie de venir m'installer ici.

— En résidence secondaire, ça serait parfait, acquiesce mon compagnon en serrant mes doigts.

Rapidement, on se retrouve devant une porte. Mabel reste figée devant, le point en l'air, se demander si elle doit frapper ou pas. Mais Bill la devance en frappant, certain qu'elle se dégonflerait. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvre sur une adolescente blonde. Ses yeux se remplissent de larmes quand ils rencontrent ceux de ma sœur.

— Mabel... souffle-t-elle.

 Pacifica, répond cette dernière sur un ton doux. Tu as beaucoup de choses à nous expliquer, je crois.

La Parisienne rougit, et nous laisse entrer. L'appartement est tout aussi grand, lumineux... un vrai coin de paradis. Nous nous installons sur l'un des canapés alors que notre hôte nous sert un thé glacé. Elle finit par s'asseoir en face de nous, tenant fermement un verre froid dans ses mains.

Vous devez savoir que... mon manoir a brûlé, dit-elle. Ma tante m'a adoptée quand mes parents sont morts. C'étaient des connards.

Bill me lance un regard en coin. Il a tenu exactement les mêmes propos une demi-heure avant. Et il en est fier, en plus !

— Je suis désolée de ne pas vous avoir prévenu, mais j'avais besoin d'un nouveau départ, continue-t-elle en baissant les yeux. Après tout ce qui s'est passé, j'avais besoin de m'éloigner de tout pour aller mieux. Je me suis recréé une vie ici, et je dois avouer qu'elle me plaît pas mal. Je vais mieux maintenant.

Avec le temps, la blonde a pris un accent français. Elle prononce mal certains mots et bute sur certains, mais garde son air déterminé.

 Je n'ai jamais voulu te faire de mal, Mabel, crois-moi. Il fallait que je me retrouve.

Ma sœur essuie une larme qui roule sur sa joue, et s'installe aux côtés de Pacifica. Et puis, tout simplement, elle la prend dans ses bras, sans un mot.

forgive me | billdipOù les histoires vivent. Découvrez maintenant