forgive me | billdip

𝖊́𝖕𝖎𝖑𝖔𝖌𝖚𝖊

Il y a deux silhouettes, au creux du lit. Les draps sont blancs, la pièce simple mais chaleureuse. La chambre donne vue sur une énorme falaise, avec un étrange trou en forme de vaisseau spatial en son centre. On peut accéder à un balcon par deux portes françaises, également ouvertes. Une légère brise fait voleter les rideaux.

Il n'y a pas de bruit, à part deux respirations lentes. Un jeune homme aux cheveux bruns et ébouriffés est niché contre le torse d'un blond. Même dans son sommeil, ce dernier ne se dépourvoie pas de son air agaçant mais adorable aux yeux de son compagnon. Ces deux-là ont bien grandi. Dipper a désormais vingt-cinq ans.

Beaucoup de choses ont changé, dans leur quotidien. D'abord, le départ de Mabel de Gravity Falls. La jeune femme a emménagé dans un petit appartement aux côtés de Pacifica. Leur relation reste floue, car la châtain a encore du mal à pardonner à leur amie d'être partie de cette façon. Ensuite, les jumeaux Stanford et Stanley ont appris pour la véritable identité de Bill. Stanley l'a su dès le premier regard, mais son frère a posé pas mal de problèmes dans leur couple.

Après plusieurs tentatives de meurtres, il s'est fait remonté les bretelles par son neveu, et s'est excusé. La situation reste tout de même froide entre le démon et le scientifique, mais le premier se montre gentil, même s'il a envie de lui rendre la monnaie de sa pièce, pour Dipper.

Dipper... il a énormément changé. Il a fait des études d'architecture, mais a abandonné en chemin car cela ne l'intéressait plus. À la place, il s'est trouvé une passion pour l'archéologie, et entraîne son petit-ami dans toutes ses folles aventures. La dernière remonte à un mois, en Égypte, lorsqu'il a réveillé par mégarde une momie cannibale et déterminée à conquérir le monde. En pouffant, le brun a confié à Bill qu'il avait un sentiment de déjà-vu.

Le terme petit-ami est obsolète. Après être revenus du pays des pyramides, le blond a demandé son compagnon en mariage. Ils se sont retrouvés sur l'oreiller.

Et ils sont actuellement dans leur appartement à Gravity Falls. Ils habitent toujours cette petite ville, dans l'Oregon : en vérité ils ne se voient pas quitter cet endroit rempli de souvenirs, mais ils ont acheté plusieurs propriétés dans le monde. Berlin, Reykjavik, Montréal, Séoul... Et Paris, comme ils en ont parlés des années en arrière.

Un grognement réveille le plus petit. Les yeux encore ensommeillés, il se redresse sur ses coudes, sur le ventre, et lance un regard d'incompréhension vers son fiancé. Ce dernier ouvre les yeux d'un coup et saute en-dehors du lit après avoir jeté un regard rapide à l'horloge murale.

— On est en retard ! hurle-t-il en se précipitant dans la salle de bain.

— Hein ? souffle Dipper en se rallongeant. En retard pour quoi ?

— Notre mariage, stupide humain !

Le jeune homme se redresse comme un diable sur le matelas et en voulant rejoindre la salle de bain à son tour, se prend les jambes dans les draps. Heureusement pour lui, Bill est là pour le rattraper. Son second sens et sa rapidité de démon ont encore une fois sauvé le brun d'une chute qui aurait pu lui faire très mal.

— Attend, c'est vraiment aujourd'hui ? bégaie-t-il.

— Oui, c'est vraiment aujourd'hui, Pinetree ! s'exclame le blond en le serrant comme une peluche dans ses bras. Dans quelques heures, tu t'appelleras Dipper Cipher !

— Et pourquoi pas Bill Pines ? le taquine Dipper.

Bill tire la langue, dégoûté, sous les rires de son futur mari. Il pose ses mains sur ses hanches, enfouissant son nez dans son cou. Au fil des années, le blond démontre beaucoup plus son affection envers son amant. S'il a été mal à l'aise au début, désormais il adore embêter son Pinetree lorsqu'il travaille.

Le démon dépose un baiser dans son cou et ferme les yeux. Il est presque prêt à se rendormir. Alors qu'il entraîne son fiancé vers le lit king size, la porte de l'appartement s'ouvre en grand, et une voix féminine hurle :

— La cérémonie est dans une heure ! Pourquoi vous n'êtes pas prêts ?!

Mabel se tient dans l'encadrement de la porte, habillée pour l'occasion. Pacifica se tient derrière elle, un peu en retrait. Elles sont toutes les deux habillées en costume cravate et portent des petits paniers avec des fleurs.

— Mabel, Pacifica ? Qu'est-ce que vous faîtes là ? crie le brun en attrapant le drap pour se couvrir.

Parce que, bien entendu, après avoir passé une nuit de folie dans les bras de celui qu'il aime, il a jugé inutile le fait de se rhabiller. Il a vu tellement d'étoiles qu'il en a oublié que le lendemain, il se mariait.

— Qu'est-ce que tu fais là, d'ailleurs, Bill ? fait la blonde en fronçant les sourcils.

— Il m'a rejoint pendant la nuit, explique Dipper en haussant les épaules avec nonchalance.

— Au diable les traditions, bougonne Bill.

Les deux hommes se rapprochent pour s'embrasser, quand Mabel les coupe tous les deux, leur ordonnant d'aller se doucher. Séparément, pour éviter les... dérapages.

C'est ainsi qu'une demi-heure plus tard, toujours guidés par la jumelle, ils arrivent tous les quatre devant la mairie. Il n'y a pas grand monde, seulement leurs proches, et cela leur suffit amplement. Stanford, Stanley, Wendy et Robbie, Moos, sa femme et leurs enfants, le groupe d'amis de Dipper, ses collègues, ainsi que ceux de Bill. Ce dernier a fini par exercer le même métier que son amant, pour qu'ils ne soient jamais séparés, et est devenu son binôme.

Bill et Dipper se tiennent devant le maire. Ils ont lié leurs mains et se regardent toujours comme au premier jour. Ils n'attendent pas le discours de l'homme pour s'échanger les alliances et pour s'embrasser avec passion, sous les applaudissements des personnes présentes.

— Bill... murmure le brun avec un étrange sourire.

— Moi aussi je t'aime Dipper, sourit le blond.

— Mais non c'est pas ça ! râle le jeune homme. Je pense que c'est le bon moment pour te dire qu'on part en Australie ?

— Pourquoi on partirait en Australie ?

— Stanford a détecté une présence démoniaque, et il aimerait bien qu'on aille y jeter un coup d'œil.

— Tu penses vraiment que c'est le bon moment pour me dire ça ? ironise Cipher en haussant les sourcils. En plus, tu m'as pas répondu quand je t'ai dis que je t'aimais, reprend-il en bougonnant comme un enfant.

Le plus petit pose sa main sur la joue de son mari et l'autre dans ses cheveux. Il rapproche ses lèvres et des siennes et l'embrasse avec tendresse, avant de venir frotter son nez au sien :

— Je t'aime plus que tout au monde, Bill Cipher.